Le feuilleton judiciaire autour de l’effondrement retentissant de l’écosystème Terra et de ses cryptomonnaies LUNA et UST en mai 2022 connaît un nouveau rebondissement. De nouvelles preuves présentées à la cour du district sud de Séoul viennent étayer les soupçons de tromperie qui pèsent sur Do Kwon, co-fondateur et figure centrale de Terraform Labs.
Une conversation compromettante
Selon un rapport de l’agence de presse Yonhap News, les procureurs ont mis la main sur une discussion datant de mai 2019 entre Do Kwon et Shin Hyun-Sung, ex-PDG de Chai Corporation. Dans cet échange, Kwon évoque la possibilité de “créer de fausses transactions qui ont l’air réelles” via l’application de paiement Chai, utilisée par Terraform pour traiter des millions de transactions pour les consommateurs coréens.
Kwon précise que l’application pourrait diluer le nombre de fausses transactions à mesure qu’elle se développe, les rendant “indiscernables”. Shin approuve ce stratagème, suggérant de “le tester à petite échelle et voir ce qui se passe”.
Une intention de manipuler dès le début ?
Pour les procureurs, cette conversation démontre que Kwon et Shin avaient l’intention de manipuler les opérations liées à Terra pour tromper les investisseurs dès la genèse du projet. Shin et ses co-accusés nient cependant toute intention frauduleuse devant le tribunal, attribuant l’effondrement de Terra et Luna à la mauvaise gestion de Kwon et à des attaques externes.
Rappel des faits :
- Mai 2022 : effondrement de l’écosystème Terra, engloutissant des milliards de dollars.
- Avril 2022 : Do Kwon fuit la Corée du Sud juste avant le crash.
- Mars 2023 : arrestation de Kwon au Monténégro pour fraude au passeport.
Une cascade de poursuites judiciaires
Suite au crash de Terra, la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine a engagé des poursuites, accusant Kwon et Terraform Labs d’avoir induit les investisseurs en erreur sur la stabilité de Terra. En avril dernier, un jury new-yorkais a reconnu Kwon coupable de fraude, débouchant sur un accord où Terraform Labs s’engage à payer 4,47 milliards de dollars de dédommagement et d’amendes.
Kwon, qui reste détenu au Monténégro, fait l’objet d’une demande d’extradition de la part des autorités sud-coréennes. Ses avocats ont fait appel de la décision d’extradition à plusieurs reprises.
L’avenir incertain de Terraform Labs
Face à l’ampleur du scandale et des poursuites judiciaires, l’avenir de Terraform Labs apparaît plus que compromis. La société a annoncé sa dissolution prochaine suite à l’accord trouvé avec la SEC, qui la contraint à payer des sommes faramineuses.
Cette affaire illustre une fois de plus les dérives qui peuvent gangrener l’univers des cryptomonnaies en l’absence d’un cadre réglementaire strict. Elle met également en lumière l’importance de la vigilance des investisseurs face aux promesses mirobolantes de certains acteurs peu scrupuleux.