Imaginez un instant : une cryptomonnaie surgit de nulle part, portée par l’approbation d’un président en exercice, atteint des sommets vertigineux en quelques heures, puis s’effondre, emportant avec elle les espoirs et les économies de milliers d’investisseurs. C’est exactement ce qui s’est produit avec LIBRA sur la blockchain Solana en février 2025. Ce scandale, qui évoque les heures sombres de l’affaire FTX, a mis en lumière des failles profondes dans l’écosystème crypto, impliquant des acteurs majeurs comme Jupiter et Meteora. Alors, que s’est-il passé ? Plongeons dans cette histoire captivante où politique, finance et technologie se mêlent dans un cocktail explosif.
Un Scandale qui Ébranle Solana
Le 14 février 2025, alors que le monde célèbre la Saint-Valentin, Solana devient le théâtre d’un drame financier inattendu. LIBRA, une nouvelle meme coin, fait son apparition sur la blockchain, et tout bascule en un clin d’œil. Ce token, sorti de l’ombre, attire rapidement l’attention grâce à une intervention aussi surprenante que controversée : l’aval public de Javier Milei, président de l’Argentine. Mais derrière cette montée fulgurante se cache une mécanique bien huilée, orchestrée par des initiés, laissant les petits porteurs sur le carreau.
Les Origines Mystérieuses de LIBRA
D’où vient LIBRA ? Contrairement aux meme coins habituels, propulsés par une vague d’enthousiasme communautaire, ce token semble avoir été conçu dans l’ombre. Le 14 février à 21h38 UTC, il est créé sur Solana. Moins d’une demi-heure plus tard, Milei publie un message sur les réseaux sociaux, vantant ce projet et renvoyant vers un site au nom évocateur : vivalalibertadproject.com. Une coïncidence troublante avec son slogan politique.
La réaction est immédiate : les traders, flairant l’opportunité, affluent en masse. En une heure, le prix de LIBRA grimpe à 4,55 $, propulsant sa capitalisation à plus de 4 milliards de dollars. Mais cette ascension n’a rien d’organique. Les données blockchain révèlent que des portefeuilles bien placés avaient accumulé des quantités massives de tokens avant même l’annonce officielle.
Les chiffres clés de l’ascension éclair de LIBRA :
- Heure de création : 21h38 UTC, 14 février 2025.
- Prix maximal : 4,55 $ en moins d’une heure.
- Capitalisation peak : 4 milliards de dollars.
Puis, aussi vite qu’elle est montée, LIBRA s’effondre. Une chute de 95 % en quelques heures laisse les investisseurs novices avec des tokens sans valeur, tandis que les insiders empochent plus de 251 millions de dollars. Moins de 14 % des traders réalisent un profit, un portefeuille repartant même avec 6,5 millions de dollars.
Kelsier Ventures : Le Marionnettiste de l’Ombre
Dans ce chaos, un nom revient avec insistance : Hayden Davis, à la tête de Kelsier Ventures. Peu connu du grand public, Davis s’était pourtant taillé une réputation douteuse dans l’univers des meme coins sur Solana. Accusé d’avoir manipulé des lancements comme MELANIA ou M3M3, il semble avoir perfectionné son art avec LIBRA.
Les analyses blockchain sont accablantes : des portefeuilles liés à Kelsier ont acquis des volumes colossaux de LIBRA avant l’annonce de Milei, pour les revendre au sommet. Davis admet contrôler plus de 100 millions de dollars liés au projet, mais se défend en affirmant que cet argent appartient à “l’Argentine”. Une excuse qui peine à convaincre.
Ce n’est pas à moi, c’est à l’Argentine.
Hayden Davis, CEO de Kelsier Ventures
Mais Kelsier n’a pas agi seul. Ses liens avec Meteora, un acteur clé de la DeFi sur Solana, soulèvent des questions brûlantes. Était-ce une collaboration ou une simple coïncidence ?
Meteora : Complice ou Simple Facilitateur ?
Meteora, reconnu pour ses solutions de liquidité sur Solana, se retrouve au centre de la tourmente. Contrairement à la norme où les créateurs de tokens fournissent eux-mêmes la liquidité, Meteora a pris en charge les pools de LIBRA, contrôlant ainsi une partie cruciale de son comportement sur le marché.
Le 17 février, des accusations fusent. Moty Povolotsky, fondateur de DefiTuna, pointe du doigt Ben Chow, co-fondateur de Meteora, l’accusant d’avoir favorisé les insiders au détriment des petits investisseurs. Des discussions présumées montrent des similitudes troublantes avec MELANIA, où Meteora aurait prélevé 1 % d’un pool de 100 millions de dollars.
Chow nie toute malversation, affirmant n’avoir jamais profité de transactions cachées. Pourtant, il reconnaît avoir mis Kelsier en relation avec d’autres projets, dont LIBRA. Face à la pression, il annonce sa démission le 18 février, un geste qui ne calme pas les critiques.
Rôles présumés de Meteora dans le scandale :
- Gestion des pools de liquidité de LIBRA.
- Lien direct avec Kelsier Ventures.
- Similitudes avec des projets antérieurs comme MELANIA.
Jupiter : Une Ombre Planante
Jupiter, le principal exchange décentralisé de Solana, n’a pas géré les pools de LIBRA, mais a servi de plateforme clé pour les échanges. Avec Meow, co-fondateur de Jupiter et Meteora, les soupçons s’intensifient. Les deux entités étaient-elles plus liées qu’annoncé ?
Le 17 février, un portefeuille associé à un employé de Jupiter est repéré pour des transactions suspectes sur LIBRA avant l’effondrement. Bien que mineures (entre 10 et 250 $), elles suggèrent une possible connaissance préalable des manipulations. Meow défend ses équipes, assurant qu’aucun délit d’initié n’a eu lieu, mais la confiance est ébranlée.
Jupiter annonce alors une enquête indépendante, confiée à Fenwick & West. Problème : ce cabinet est associé à l’affaire FTX, ce qui ravive les doutes sur la sincérité de l’initiative. Face aux critiques, Meow promet de revoir ce choix, mais le mal est fait.
Le Silence Assourdissant de Solana
L’effondrement de LIBRA a des répercussions immédiates : le cours de SOL chute de 205 $ à 161 $ en quatre jours, soit une perte de 21 %. Aujourd’hui stabilisé autour de 172 $, il reflète l’inquiétude grandissante dans l’écosystème. Mais où sont les leaders de Solana dans cette crise ?
Aucun communiqué officiel n’émane de la direction, laissant la communauté dans le flou. Sur les réseaux, les frustrations explosent : “Un silence radio alors que la communauté se fait arnaquer quotidiennement”, déplore un utilisateur. Le scandale met en lumière des failles systémiques dans la gestion des lancements de tokens sur Solana.
Des scams à neuf chiffres avec des chefs d’État comme appâts, ça ne peut pas rester impuni.
Un observateur anonyme
Pourtant, les questions juridiques restent en suspens. Avec des figures publiques impliquées et des pertes colossales, des poursuites pourraient-elles émerger ? Pour l’instant, le silence domine, mais la pression monte.
Que Retenir de Cette Débâcle ?
L’affaire LIBRA n’est pas qu’un simple accident de parcours. Elle révèle les dérives d’un écosystème où la spéculation prime souvent sur la transparence. Jupiter et Meteora, piliers de Solana, se retrouvent dans une position délicate, accusés d’avoir fermé les yeux, voire facilité des pratiques douteuses.
Pour les investisseurs, c’est un rappel brutal : derrière les promesses de gains rapides se cachent parfois des pièges savamment orchestrés. Alors que Solana tente de se relever, une question demeure : ce scandale marquera-t-il un tournant ou juste un énième soubresaut dans la folle histoire des cryptomonnaies ?