Chute du Hashrate Bitcoin en Chine

Imaginez des centaines de milliers de machines bourdonnantes qui s’éteignent brutalement en plein désert. Le silence remplace le vacarme incessant des ventilateurs. C’est exactement ce qui se passe en ce moment dans la province du Xinjiang, en Chine, où une nouvelle vague de répression frappe les mineurs de Bitcoin de plein fouet.

Cette région, longtemps un paradis pour le mining grâce à son énergie bon marché, voit aujourd’hui ses installations fermées les unes après les autres. Les conséquences se font déjà sentir sur l’ensemble du réseau Bitcoin : une chute significative du hashrate et une pression vendeuse accrue sur le marché.

Mais qu’est-ce qui pousse Pékin à resserrer l’étau une nouvelle fois ? Et surtout, quelles répercussions cela aura-t-il sur le prix du Bitcoin et sur l’industrie du mining mondial ? Plongeons ensemble dans cette actualité brûlante qui secoue la cryptosphère en cette fin d’année 2025.

Une répression renouvelée qui frappe fort au Xinjiang

Le Xinjiang a longtemps représenté une part importante de la puissance de calcul mondiale dédiée au Bitcoin. Malgré les interdictions nationales de 2021, de nombreuses opérations y avaient repris discrètement, profitant de l’électricité issue du charbon abondant et peu coûteuse.

Cette fois, les autorités locales appliquent avec rigueur de nouvelles directives venues de Pékin. Selon plusieurs sources du secteur, environ 400 000 machines de mining de type ASIC ont été mises hors service en quelques jours seulement.

Cette brusque coupure représente une perte estimée entre 8 et 10 % du hashrate global du réseau Bitcoin. Un chiffre considérable quand on sait que la Chine, même après les précédentes répressions, conservait encore environ 14 % de la puissance totale mondiale.

Le hashrate a chuté d’environ 8 %, un mouvement significatif compte tenu du fait que la Chine contrôle encore près de 14 % de la puissance mondiale.

Bull Theory, analyste crypto

Ces fermetures forcées ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans une politique plus large de contrôle de la consommation énergétique et de limitation des activités spéculatives liées aux cryptomonnaies.

Pourquoi maintenant ? Les raisons derrière cette nouvelle vague

Plusieurs facteurs expliquent ce timing. D’abord, l’hiver approche dans l’hémisphère nord et la demande en électricité explose pour le chauffage. Les autorités chinoises privilégient systématiquement l’approvisionnement des ménages et des industries stratégiques.

Ensuite, malgré les discours officiels, le mining n’avait jamais complètement disparu en Chine. Des opérations clandestines ou semi-légales continuaient, souvent avec la complicité de responsables locaux. La vigilance accrue ces derniers mois a permis de les identifier plus facilement.

Enfin, le contexte macroéconomique joue un rôle. Avec un Bitcoin qui peine à retrouver ses sommets récents, les autorités profitent peut-être d’une période de relative faiblesse du marché pour frapper sans provoquer de remous trop importants sur les marchés financiers traditionnels.

L’impact immédiat sur le réseau Bitcoin

Le hashrate, cette mesure de la puissance de calcul totale dédiée à la sécurisation du réseau, a connu une baisse brutale. Les données montrent un recul d’environ 10 % depuis les pics d’octobre, passant de 1 160 exahashes par seconde à environ 1 045 EH/s.

Cette chute se traduit concrètement par trois ajustements consécutifs négatifs de la difficulté de mining. Un événement rare qui allège temporairement la charge pour les mineurs restants, mais qui reflète surtout une perte significative de capacité.

Le hashprice, indicateur clé de la rentabilité du mining, a quant à lui atteint des niveaux historiquement bas. Cet indice mesure les revenus attendus par unité de hashrate et intègre à la fois le prix du Bitcoin et la difficulté du réseau.

Le hashprice a atteint un plus bas historique, reflétant la combinaison mortelle d’un prix stagnant et d’une difficulté encore élevée.

Luxor Mining

Pour les mineurs encore en activité, cette situation devient critique. Beaucoup exploitent du matériel ancien qui tombe désormais dans le rouge en termes de rentabilité. La tentation est grande de capituler et d’éteindre les machines.

Les mineurs forcés de liquider leurs réserves

Les fermetures au Xinjiang ne se contentent pas de réduire le hashrate. Elles obligent les opérateurs touchés à vendre massivement pour couvrir leurs pertes. Réserves de Bitcoin accumulées, matériel d’occasion : tout passe sur le marché.

Les plateformes asiatiques comme Binance, Bybit ou OKX enregistrent depuis plusieurs semaines des sorties nettes importantes en spot. À l’inverse, les exchanges américains, notamment Coinbase, continuent d’accumuler.

Cette divergence géographique n’est pas nouvelle. Elle reflète des dynamiques différentes : les mineurs et holders asiatiques anticipent les risques réglementaires et vendent préventivement, tandis que les institutionnels occidentaux profitent des prix bas pour accumuler.

Comment le marché réagit à cette pression

Le prix du Bitcoin évolue actuellement dans la partie basse de son canal de consolidation initié fin novembre. Incapable de reconquérir ses récents sommets, il subit la double peine : vente forcée des mineurs et absence de catalyseur haussier majeur.

Pourtant, certains analystes y voient une opportunité. Historiquement, les capitulations de mineurs ont souvent marqué des points bas locaux. Une fois la poussière retombée, les mineurs restants profitent d’une difficulté moindre et d’un hashprice qui remonte.

Le réseau Bitcoin dispose également de mécanismes d’autorégulation. Les ajustements de difficulté permettent de maintenir un rythme de bloc constant malgré les variations de hashrate. À court terme, le mining devient plus accessible pour ceux qui restent en lice.

Les autres facteurs qui pèsent sur la rentabilité du mining

La situation chinoise n’explique pas tout. Luxor identifie trois grandes pressions concurrentes sur la rentabilité mondiale du mining en cette fin 2025.

D’abord, le prix du Bitcoin qui stagne autour des 87 000 dollars, loin des sommets de l’année. Ensuite, l’augmentation saisonnière des coûts énergétiques dans l’hémisphère nord, particulièrement en Amérique du Nord où beaucoup de mineurs curtailent volontairement leur activité.

Enfin, l’âge du matériel. Une part importante du parc mondial utilise encore des machines de générations précédentes qui deviennent déficitaires dès que le hashprice descend sous certains seuils.

• Prix BTC stagnant : Réduit les revenus en dollars par TH/s
• Coûts énergétiques hivernaux : Forcent des curtailments volontaires en Amérique du Nord
• Matériel obsolète : Tombe en marge négative et accélère les capitulations
• Répressions régionales : Suppriment brutalement de grandes capacités comme au Xinjiang

Vers une redistribution géographique du hashrate ?

À plus long terme, cette nouvelle secousse pourrait accélérer la décentralisation géographique du mining Bitcoin. Les États-Unis, le Kazakhstan, la Russie et certains pays d’Amérique latine ont déjà capté une grande partie du hashrate migré après 2021.

Les mineurs chinois survivants chercheront probablement à relocaliser leur matériel là où l’environnement réglementaire est plus stable et l’énergie abordable. Le Texas, avec ses incitations renouvelables, ou le Canada restent des destinations privilégiées.

Cette migration n’est pas sans coût. Transport, installation, nouveaux contrats énergétiques : tout cela prend du temps et de l’argent. Beaucoup de petits opérateurs pourraient tout simplement jeter l’éponge.

Ce que cela signifie pour les investisseurs Bitcoin

À court terme, la pression vendeuse additionnelle des mineurs chinois pèse sur le prix. Mais les investisseurs institutionnels semblent voir plus loin. Les ETF Bitcoin continuent d’enregistrer des entrées nettes, particulièrement aux États-Unis.

Les capitulations de mineurs ont souvent coïncidé avec des points bas de marché. Une fois l’offre excédentaire absorbée, le prix peut rebondir avec d’autant plus de force que la difficulté aura été réinitialisée à la baisse.

Pour les holders long terme, cette période rappelle que Bitcoin reste un actif volatile, influencé par des facteurs aussi bien techniques que géopolitiques. La résilience du réseau face à ces chocs répétés reste cependant impressionnante.

Chaque grande capitulation de mineurs dans l’histoire de Bitcoin a été suivie d’une phase d’accumulation puis d’un nouveau cycle haussier.

Observation historique du marché

Conclusion : un moment charnière pour le mining Bitcoin

La répression au Xinjiang marque un nouveau chapitre dans la saga du mining chinois. Si elle provoque des turbulences immédiates, elle pourrait aussi renforcer la décentralisation et la résilience globale du réseau Bitcoin.

Les prochains ajustements de difficulté et l’évolution du hashprice nous diront si nous assistons à la fin d’une capitulation ou si d’autres régions pourraient être touchées. Une chose est sûre : le monde du mining crypto reste aussi imprévisible que fascinant.

En attendant, les yeux sont rivés sur le prix du Bitcoin. Parviendra-t-il à tenir son support clé autour des 85 000 dollars ? Ou cette pression vendeuse supplémentaire ouvrira-t-elle la voie à une correction plus profonde ? L’histoire nous a appris à ne jamais sous-estimer la capacité de rebond de ce marché.