C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de s’abattre sur l’écosystème crypto français. ByBit, l’un des exchanges les plus populaires, annonce son retrait du marché hexagonal. En cause : une pression réglementaire de plus en plus forte qui rend difficile l’exercice serein de son activité. Si cette décision sonne comme un aveu d’échec pour la plateforme, elle ouvre en revanche de belles perspectives à ses concurrents. Décryptage.
ByBit plie bagage : les raisons d’un départ précipité
Le couperet est tombé hier après-midi, par le biais d’une annonce publiée sur le blog de ByBit. L’exchange, qui pointait jusqu’ici parmi les acteurs majeurs du marché français, indique cesser ses activités dans l’Hexagone. Une décision motivée par les « récents développements réglementaires du régulateur français », que la plateforme juge trop contraignants pour continuer à opérer sereinement.
ByBit n’a en effet jamais fait mystère de sa volonté de se conformer aux règles en vigueur sur les territoires où elle est implantée. Mais visiblement, obtenir le précieux sésame du statut PSAN auprès de l’AMF s’avère plus compliqué que prévu. Plutôt que de s’engager dans un bras de fer perdu d’avance, la plateforme préfère donc plier bagage. Non sans une pointe d’amertume :
Concrètement, les utilisateurs français sont invités à clôturer leurs positions avant le 13 août prochain. Passé ce délai, celles encore ouvertes seront automatiquement liquidées. Un retrait en bonne et due forme donc, mais peut-être pas définitif. Car ByBit laisse entendre qu’un retour est envisageable, une fois les licences nécessaires obtenues.
BitMart sur le pont pour récupérer les traders français
Une aubaine dont compte bien profiter BitMart, concurrent direct de ByBit et acteur historique du marché français. Hasard du calendrier ou sens du timing, la plateforme vient en effet de lancer une vaste campagne promotionnelle à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. Baptisée « Épique Paris 2024 », celle-ci met en jeu pas moins de 50 000 USDT !
Concrètement, les utilisateurs pourront remporter des récompenses en réalisant diverses tâches sur la plateforme, comme du trading ou des interactions sur les réseaux sociaux. Une manière habile pour BitMart d’attirer de nouveaux clients, en surf sur la vague du départ de ByBit. Car les traders français orphelins de leur plateforme pourraient bien être tentés de migrer vers cette alternative, d’autant plus alléchante avec une telle campagne.
Vers un durcissement de la régulation française ?
Au-delà du duel ByBit / BitMart, cette affaire est symptomatique des difficultés rencontrées par les exchanges pour se conformer à la régulation française. Obtenir un enregistrement PSAN relève en effet du parcours du combattant, entre exigences accrues en matière de KYC et AML, et contrôles inopinés de l’AMF.
Un durcissement réglementaire qui s’inscrit dans une tendance de fond en Europe, comme l’illustre la récente adoption du MiCA. Mais qui pourrait aussi freiner le développement des cryptos dans l’Hexagone, en poussant les acteurs majeurs à aller voir ailleurs. Preuve en est avec le départ de ByBit, qui n’est sans doute pas le dernier exchange à jeter l’éponge.
Reste à savoir si cette pression réglementaire portera ses fruits en termes de protection des investisseurs et de lutte contre la criminalité financière. Ou si elle ne fera que vider un peu plus le marché crypto français de ses acteurs, au profit d’autres juridictions moins regardantes. L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la régulation des cryptos est plus que jamais un enjeu majeur, qui façonnera le visage de l’écosystème dans les années à venir.