Brésil et Indonésie : Vers des Réserves Stratégiques de Bitcoin

Et si les nations commençaient à stocker du Bitcoin comme elles accumulent de l’or ? Cette question, autrefois réservée aux cercles de passionnés de cryptomonnaies, résonne désormais dans les couloirs des gouvernements. Le Brésil et l’Indonésie, deux puissances économiques aux dynamiques distinctes, explorent activement l’idée de créer des réserves stratégiques de Bitcoin. Cette initiative pourrait redéfinir la gestion des actifs nationaux et marquer un tournant dans l’adoption mondiale des cryptomonnaies. Plongeons dans cette actualité brûlante qui mêle finance, technologie et géopolitique.

Une Nouvelle Ère pour les Réserves Nationales

Les réserves nationales, traditionnellement composées d’or, de devises étrangères comme le dollar ou de bons du Trésor, servent de rempart contre les incertitudes économiques. Mais face à l’inflation galopante, à la dévaluation des monnaies fiduciaires et aux tensions géopolitiques, certains pays repensent leurs stratégies. Le Bitcoin, avec sa nature décentralisée et son offre limitée, apparaît comme une alternative séduisante. Pourquoi ? Parce qu’il échappe au contrôle des banques centrales et offre une souveraineté financière potentielle. Le Brésil et l’Indonésie, chacun à leur manière, s’inscrivent dans cette mouvance mondiale.

Le Brésil : Un Pas Législatif Audacieux

Le Brésil, première économie d’Amérique latine, fait figure de pionnier dans cette course au Bitcoin. Une proposition de loi, portée par le député fédéral Eros Biondini, vise à intégrer le Bitcoin dans les réserves nationales à hauteur de 5 % des réserves internationales, soit environ 15 milliards de dollars. Ce projet, baptisé RESBit, a déjà franchi une première étape en obtenant l’approbation d’une commission parlementaire en juin 2025. Une audience publique est prévue pour le 20 août 2025, réunissant des acteurs clés comme la Banque centrale du Brésil et le ministère des Finances.

La création de RESBit est une mesure stratégique qui place le Brésil à l’avant-garde de l’économie numérique, réduisant les risques économiques tout en amplifiant les opportunités de développement.

Eros Biondini, député fédéral brésilien

Ce projet ne se limite pas à accumuler des Bitcoins. Il propose une approche structurée, avec des portefeuilles froids pour sécuriser les actifs et des audits biannuels pour garantir la transparence. En outre, il ambitionne de soutenir le Real Digital (Drex), la monnaie numérique de la Banque centrale, et de promouvoir la recherche en blockchain. Cependant, des voix s’élèvent, notamment celle du directeur de la politique monétaire de la Banque centrale, qui doute de la pertinence d’intégrer une cryptomonnaie volatile dans les réserves nationales.

L’Indonésie : Une Exploration Précoce

De l’autre côté du globe, l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde, s’intéresse également au Bitcoin comme actif de réserve. Le groupe Bitcoin Indonesia, la plus grande communauté crypto d’Asie, a rencontré le bureau du vice-président Gibran Rakabuming Raka pour discuter d’une stratégie nationale. L’idée ? Utiliser les ressources énergétiques renouvelables excédentaires pour alimenter des opérations de minage de Bitcoin, tout en accumulant des réserves pour renforcer la résilience économique.

Nous devons continuer à éduquer sur le Bitcoin pour l’avenir de l’Indonésie.

Représentant du bureau du vice-président indonésien

Contrairement au Brésil, l’Indonésie est encore au stade exploratoire. Aucun cadre légal n’a été défini, mais les discussions mettent en lumière l’intérêt croissant pour les cryptomonnaies. Le pays, qui interdit l’usage du Bitcoin comme moyen de paiement depuis 2017, pourrait assouplir sa position face à l’évolution des tendances mondiales. Avec des réserves de change s’élevant à 152,6 milliards de dollars en juin 2025, l’Indonésie voit dans le Bitcoin un moyen de diversifier ses actifs face à l’inflation et aux incertitudes financières mondiales.

Pourquoi le Bitcoin Attire les Nations

Le Bitcoin, souvent qualifié d’or numérique, offre plusieurs avantages qui séduisent les gouvernements. Premièrement, sa décentralisation le protège des manipulations monétaires des banques centrales. Deuxièmement, son offre limitée à 21 millions de pièces en fait un rempart contre l’inflation, contrairement aux monnaies fiduciaires. Enfin, il permet une souveraineté financière, essentielle pour les pays cherchant à réduire leur dépendance au dollar ou à d’autres devises étrangères.

Des pays comme le Salvador, qui a adopté le Bitcoin comme monnaie légale en 2021, ou le Bhoutan, avec ses 11 711 BTC valorisés à 1,3 milliard de dollars, montrent l’exemple. Les États-Unis, avec 198 109 BTC dans leurs réserves, renforcent cette tendance mondiale. Le président américain a même qualifié le Bitcoin de digital gold, soulignant son rôle stratégique.

Les Défis à Surmonter

Si l’idée d’une réserve stratégique de Bitcoin est séduisante, elle n’est pas sans risques. La volatilité du Bitcoin, bien que moindre qu’à ses débuts, reste un obstacle. Les critiques, comme le directeur de la politique monétaire brésilienne, soulignent que cette instabilité pourrait compromettre la stabilité des réserves nationales. De plus, des défis techniques, comme la sécurisation des actifs numériques, et réglementaires, comme l’élaboration de cadres légaux, doivent être relevés.

En Indonésie, l’augmentation récente des taxes sur les transactions crypto (0,21 % pour les échanges locaux, 1 % pour les étrangers) montre une volonté de réguler tout en explorant les opportunités. Ces mesures pourraient freiner l’adoption à court terme, mais elles témoignent d’une approche prudente face à un actif encore jeune.

Un Effet Domino Mondial ?

L’initiative des États-Unis a clairement inspiré d’autres nations. Le Brésil et l’Indonésie ne sont pas seuls : des pays comme le Pakistan, l’Ukraine ou la Suède observent ces développements avec intérêt. Si le Brésil adopte officiellement le Bitcoin comme réserve, il pourrait devenir le premier pays du G20 à le faire, incitant d’autres à suivre. L’Indonésie, avec sa population jeune et son dynamisme technologique, pourrait elle aussi jouer un rôle clé dans cette transition.

Le Bitcoin est comme un compte bancaire dans le cloud, totalement décentralisé : ni le gouvernement suisse, ni américain ne peut le contrôler.

John McAfee, entrepreneur controversé

Cet effet domino pourrait transformer la perception du Bitcoin, passant d’un actif spéculatif à une composante légitime des portefeuilles nationaux. Les implications vont au-delà de la finance : adoption de la blockchain, modernisation des infrastructures numériques et attraction d’investissements étrangers sont autant d’opportunités à saisir.

Quel Avenir pour le Bitcoin en tant que Réserve ?

Le chemin vers l’adoption du Bitcoin comme réserve stratégique est semé d’embûches, mais les signaux sont clairs : les nations cherchent à se positionner dans l’économie numérique. Le Brésil, avec son cadre législatif avancé, pourrait ouvrir la voie, tandis que l’Indonésie, encore en phase d’exploration, pourrait surprendre par son agilité. Une chose est sûre : la conversation autour du Bitcoin a dépassé les forums en ligne pour atteindre les plus hautes sphères des gouvernements.

Alors que le Bitcoin s’échangeait à 114 057 dollars début août 2025, son potentiel à long terme continue de captiver. Les prévisions, comme celle de Michael Saylor envisageant un Bitcoin à 17,6 millions de dollars d’ici 2045, alimentent l’enthousiasme. Mais au-delà des chiffres, c’est la transformation de la finance mondiale qui est en jeu. Le Brésil et l’Indonésie, chacun à leur rythme, pourraient bien écrire les prochaines pages de cette révolution.