Imaginez toucher des intérêts sur vos ethers sans jamais toucher à un wallet privé, sans phrase de récupération, sans risque de slashing ou de hack. Juste en achetant une action en bourse comme vous achetez Apple ou Tesla. Ce rêve un peu fou pour beaucoup de hodleurs est en train de devenir réalité… et c’est BlackRock qui appuie sur le bouton.
BlackRock dépose officiellement son ETF Ethereum avec staking intégré
Le 5 décembre 2025, le géant de la gestion d’actifs a franchi le pas décisif. Après une demande préliminaire le 19 novembre, c’est désormais une déclaration d’enregistrement Form S-1 complète qui a été soumise à la Securities and Exchange Commission (SEC) pour lancer l’iShares Staked Ethereum Trust ETF.
Objectif affiché : offrir aux investisseurs institutionnels (et bientôt au grand public via leurs courtiers) une exposition à Ethereum augmentée des récompenses de staking, estimées entre 3 et 5 % par an selon les périodes.
« Le staking n’est plus une option technique réservée aux geeks. C’est devenu un rendement attendu par les grands portefeuilles. »
Un gérant de fonds new-yorkais, sous couvert d’anonymat
Pourquoi 2025 et pas 2024 ? L’héritage Gary Gensler
Rappelez-vous l’été 2024. Les premiers ETF Ethereum spot (dont l’ETHA de BlackRock) sont enfin approuvés après des mois de bataille. Tout le monde attendait le staking intégré… et rien. La raison ? Gary Gensler, alors président de la SEC, considérait le staking comme une possible security et refusait catégoriquement son inclusion.
Résultat : les ETF ETH américains lançaient sans rendement passif, pendant que leurs cousins canadiens ou européens proposaient déjà jusqu’à 4-5 % supplémentaires. Un handicap compétitif énorme.
2025, nouveau président à la SEC, nouvelle musique. Le régulateur semble enfin prêt à accepter que le staking fasse partie du jeu, à condition que ce soit réalisé par des entités régulées et avec des garde-fous clairs.
Que contient exactement le dossier S-1 de BlackRock ?
Le document fait plus de 200 pages, mais voici les points les plus brûlants :
- Le fonds détiendra des ETH physiques (custody chez Coinbase Custody pour l’instant)
- Une partie ou la totalité des ethers sera stakée via des validateurs professionnels sélectionnés
- Les récompenses de staking seront réinvesties ou distribuées (à définir)
- Frais de gestion annoncés à 0,25 % la première année, puis probablement autour de 0,60-0,80 %
- Possibilité de prêts d’ETH (securities lending) pour booster encore le rendement
Petit détail qui a son importance : BlackRock mentionne explicitement qu’il pourrait utiliser plusieurs protocoles de staking (Lido, Rocket Pool, ou validateurs solo) pour diversifier les risques.
Grayscale avait ouvert la voie, BlackRock va tout écraser
Début octobre 2025, Grayscale obtenait l’autorisation d’ajouter le staking à ses fonds ETHE et ETH. Résultat immédiat : plus de 1,16 million d’ETH mis en staking en quelques semaines, soit environ 3,6 milliards de dollars.
Mais quand BlackRock entre sur un marché, c’est rarement pour faire de la figuration. Avec ses ETF Bitcoin IBIT (déjà plus de 780 000 BTC en gestion), le géant a prouvé qu’il savait attirer des capitaux comme personne.
Comparaison rapide des principaux ETF ETH avec staking (décembre 2025)
| Fonds | Actifs sous gestion | Staking intégré | Rendement estimé |
| Grayscale ETHE | ~12 Md$ | Oui (depuis oct.) | ~3,8 % |
| 21Shares Europe | ~2,1 Md$ | Oui | ~4,2 % |
| BlackRock iShares Staked (prochain) | À venir | Oui | 3,5 – 5 % + lending ? |
Pourquoi le staking change tout pour Ethereum
Depuis le passage à la Preuve d’Enjeu avec The Merge en septembre 2022, puis l’activation des retraits avec Shanghai en avril 2023, le staking est devenu le moteur économique d’Ethereum.
Aujourd’hui, plus de 35 millions d’ETH sont stakés (près de 30 % de l’offre totale). Chaque année, cela représente des milliards de dollars de récompenses distribuées.
Mais jusqu’à présent, ces rendements étaient réservés :
- Aux particuliers prêts à gérer un nœud ou à passer par Lido/Rocket Pool
- Aux institutionnels offshore ou via des produits privés
- Aux fonds européens ou canadiens
L’arrivée d’un ETF staking made in USA change la donne. C’est l’équivalent pour Ethereum de ce qu’a été l’ETF Bitcoin en 2024 : une porte d’entrée massive pour les capitaux traditionnels.
Les risques que BlackRock devra gérer
Tout n’est pas rose. Le staking comporte des risques spécifiques que la SEC va scruter à la loupe :
- Slashing : pénalités en cas de mauvais comportement du validateur
- Liquidité : les ETH stakés ne sont pas immédiatement retirables
- Contrepartie : qui gère réellement les clés ?
- Centralisation : si tout le monde passe par les mêmes quelques validateurs
BlackRock semble anticiper en indiquant vouloir diversifier les opérateurs de staking et probablement souscrire des assurances contre le slashing.
Impact attendu sur le prix de l’ETH
À court terme, l’annonce a déjà fait grimper l’ether de près de 6 % en 48 heures. Mais l’effet le plus fort viendra à l’approbation et au lancement réel.
Pourquoi ? Parce que des milliards de dollars institutionnels attendent en cash sur les comptes de gestion de fortune, prêts à être déployés dès qu’un produit régulé et simple existe.
Certaines estimations parlent de 10 à 30 milliards de dollars d’entrées nettes sur les 12 premiers mois. Un chiffre qui ferait passer les ETF Bitcoin de 2024 pour une répétition générale.
Et les autres blockchains dans tout ça ?
Le succès des ETF Solana avec staking (lancés dès mi-2025 malgré un marché baissier) a montré la voie. Solana a vu ses ETF attirer des flux même quand le prix chutait de 60 %.
Preuve que quand les institutionnels goûtent aux rendements passifs on-chain, ils en redemandent.
On peut s’attendre à ce que Cardano, Polkadot ou Avalanche déposent bientôt leurs propres demandes d’ETF avec staking. La course est lancée.
Conclusion : le staking entre dans la cour des grands
Avec ce dépôt, BlackRock ne fait pas que lancer un produit. Il légitime définitivement le staking comme une classe d’actif à part entière dans la finance traditionnelle.
Dans quelques mois, quand mamie achètera son ETF retraite chez Vanguard ou Fidelity, elle touchera peut-être sans le savoir des récompenses de validateur Ethereum. Drôle d’époque.
Une chose est sûre : 2026 risque d’être l’année où le staking passera de pratique crypto-native à rendement standard pour des trillions de dollars d’actifs. Et tout aura commencé avec ce simple formulaire S-1 déposé un mardi de décembre 2025.
L’avenir de la finance décentralisée se décide parfois dans des bureaux feutrés de Wall Street. Mais cette fois, la révolution est bel et bien en marche.
