Et si la Suisse, terre de neutralité et de rigueur financière, tournait le dos à l’une des révolutions monétaires les plus discutées de notre époque ? Le 24 mars 2025, la Banque nationale suisse (BNS) a tranché : pas de Bitcoin dans ses coffres. Alors que le Salvador l’érige en monnaie officielle et que les États-Unis flirtent avec l’idée d’une réserve stratégique, ce refus interpelle. Pourquoi un pays aussi stable refuse-t-il de céder à la fièvre crypto ? Plongeons dans cette décision qui secoue le monde des cryptomonnaies.
La Position Ferme de la Banque Nationale Suisse
La BNS n’a pas mâché ses mots. Lors d’une conférence de presse récente, son président, Thomas Jordan, a planté le décor : Bitcoin et ses pairs ne trouveront pas leur place parmi les réserves helvétiques. Cette annonce n’est pas une surprise pour les observateurs du secteur, mais elle contraste avec l’élan mondial. Alors, qu’est-ce qui motive cette prudence suisse ?
Une Vision Traditionnelle de la Monnaie
Pour la BNS, Bitcoin n’est pas une monnaie, point final. Thomas Jordan l’a résumé ainsi : il s’agit d’un instrument financier spéculatif, loin des standards d’une devise classique. Une monnaie doit remplir trois rôles : être une unité de compte, un moyen d’échange et une réserve de valeur. Or, selon la banque, Bitcoin échoue, notamment sur ce dernier point, en raison de ses fluctuations brutales.
« Les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies au sens où nous l’entendons. Ce sont des actifs risqués, pas des piliers de stabilité. »
Thomas Jordan, président de la BNS
Cette vision s’ancre dans une mission claire : préserver la stabilité du franc suisse, un symbole de fiabilité mondiale. La BNS ne veut pas jouer avec le feu d’un actif aussi imprévisible.
La Volatilité, Ennemi Numéro Un
Imaginez un coffre-fort rempli d’or un jour, et de plumes le lendemain. C’est ainsi que la BNS perçoit Bitcoin. Sa volatilité légendaire – capable de grimper de 20 % en une semaine puis de s’effondrer – effraie une institution qui mise sur la prévisibilité. En 2024, par exemple, le BTC a oscillé entre 50 000 et 90 000 dollars, un rollercoaster peu compatible avec la gestion des réserves nationales.
Quelques chiffres pour comprendre :
- Janvier 2024 : Bitcoin à 55 000 $.
- Mars 2024 : Pic à 87 000 $.
- Octobre 2024 : Chute à 62 000 $.
Pour une banque centrale, ces écarts sont un cauchemar. La BNS préfère l’or ou les devises étrangères, des actifs qu’elle maîtrise depuis des décennies.
Sécurité et Régulation : Des Questions Sans Réponses
Autre frein majeur : la sécurité. Les piratages de plateformes crypto font régulièrement les gros titres, et la BNS n’a aucune envie de voir ses réserves s’évaporer dans un scandale numérique. À cela s’ajoute un cadre réglementaire flou. Si les États-Unis avancent avec des ETF Bitcoin, l’Europe, et la Suisse en particulier, reste en retrait, attendant des règles claires.
Ce conservatisme n’est pas nouveau. La Suisse a bâti sa réputation sur une gestion prudente, et Bitcoin, avec son aura de Far West financier, ne cadre pas avec cette philosophie.
Un Contexte Mondial Contrasté
Pendant que la Suisse ferme la porte, d’autres l’ouvrent grand. Le Salvador a adopté Bitcoin comme monnaie légale en 2021, une expérience audacieuse mais controversée. Aux États-Unis, l’idée d’une réserve stratégique en BTC gagne du terrain sous l’impulsion de figures comme Donald Trump. Même les géants de la finance, comme BlackRock, parient sur la crypto avec des produits d’investissement.
Cette divergence intrigue. Pourquoi la Suisse, souvent pionnière en matière de finance, reste-t-elle à la traîne ? La réponse réside peut-être dans son ADN : privilégier la sécurité à l’innovation risquée.
Les Arguments Pour Bitcoin : Ignorés par la BNS ?
Pourtant, les défenseurs de Bitcoin ne manquent pas d’arguments. Ils voient en lui une protection contre l’inflation, un rempart face à la dévaluation des monnaies fiat. Avec un plafond fixé à 21 millions de BTC, il offre une rareté que l’or lui-même peine à égaler. De plus, son adoption par des institutions majeures renforce sa légitimité.
« Bitcoin est une assurance contre un système financier en crise. La Suisse rate une opportunité historique. »
Un investisseur anonyme
Mais ces arguments glissent sur la BNS comme l’eau sur les plumes d’un canard. La banque reste focalisée sur sa mission première, laissant les spéculateurs rêver seuls.
Et Si la Suisse Changeait d’Avis ?
Imaginons un instant que la BNS cède. Que se passerait-il ? Une réserve en Bitcoin pourrait doper la crédibilité de la crypto, attirant d’autres banques centrales. Mais elle exposerait aussi la Suisse à des risques inédits. Un krach du BTC pourrait ébranler la confiance dans le franc suisse, un scénario catastrophe pour un pays qui mise tout sur sa stabilité.
Pour l’heure, ce n’est qu’une hypothèse. La BNS campe sur ses positions, et rien n’indique un revirement imminent.
Un Avenir Incertain pour Bitcoin
Le refus suisse ne signe pas l’arrêt de mort de Bitcoin. Au contraire, la crypto continue son ascension, portée par des ETF, des investisseurs institutionnels et une adoption croissante. Mais il souligne une fracture : d’un côté, les pionniers prêts à prendre des risques ; de l’autre, les gardiens de la tradition.
La question reste ouverte : la prudence suisse est-elle une sagesse intemporelle ou un retard face à une révolution inéluctable ? L’histoire nous le dira.
En résumé, les raisons du refus suisse :
- Volatilité excessive de Bitcoin.
- Vision conservatrice de la monnaie.
- Inquiétudes sur la sécurité et la régulation.
Quoi qu’il en soit, cette décision alimente le débat. Bitcoin divise, fascine, et défie les conventions. La Suisse, elle, observe de loin, fidèle à son rôle de gardienne de la stabilité.