Imaginez-vous au bord d’un précipice. Vous avez gravi la montagne à toute vitesse, le souffle court, les jambes en feu. Vous êtes enfin là, à quelques centimètres du sommet… et soudain, plus rien. Le vent vous repousse, vos mains glissent sur la roche. C’est exactement l’impression que donne Bitcoin en cette fin novembre 2025.
Autour des 86 000 dollars, la crypto-reine patine. Ni véritable correction, ni explosion haussière. Juste cette sensation étrange d’un marché qui retient son souffle. Alors, simple consolidation avant le grand saut ou premier signe d’épuisement ?
Pourquoi Bitcoin refuse-t-il de casser les 86 000 $ ?
Depuis plusieurs jours, Bitcoin oscille dans une zone étroite comprise entre 85 200 $ et 86 800 $. Les volumes diminuent doucement, les mèches hautes sont systématiquement vendues, et chaque tentative de breakout se solde par un retour à la case départ. Ce n’est pas une chute, c’est une fatigue.
Pourtant, les fondamentaux n’ont jamais été aussi solides : réserves de change qui intègrent du BTC, ETF qui continuent d’accumuler, discours pro-crypto de la nouvelle administration américaine… Alors pourquoi ce plafond de verre semble-t-il si épais ?
Les indicateurs techniques envoient des messages contradictoires
Sur le graphique 4 heures, le tableau est presque comique tant il est partagé.
Ce qui plaide pour une continuation haussière :
- Le RSI est ressorti de la zone de survente (il était tombé sous 30 la semaine dernière)
- Les histogrammes MACD se réduisent et les lignes se rapprochent dangereusement d’un croisement haussier
- Le prix tient parfaitement la moyenne mobile 50 périodes
- Les volumes spot restent stables (pas de panique vendeuse)
Ce qui fait douter :
- Rejet systématique sur la résistance horizontale des 86 800 $
- Plusieurs false breakouts ces dix derniers jours
- Diminution progressive du volume sur les poussées haussières
- Structure de lower highs sur le timeframe 1 heure
En clair : les acheteurs sont toujours là, mais ils n’ont plus la même conviction qu’en octobre-novembre quand Bitcoin a enchaîné les records.
Le rôle des institutionnels : plus discret mais toujours présent
Keith Grose, CEO de Coinbase UK, l’a rappelé cette semaine : les institutions européennes adoptent une approche « structurée et régulée ». Traduction : elles achètent, mais discrètement, en OTC, loin des carnets d’ordres publics qui font bouger les graphiques.
« Nous voyons des cadres plus clairs émerger, des infrastructures plus solides et même des banques centrales qui lancent des pilotes contrôlés – comme la Banque nationale tchèque qui teste un petit portefeuille d’actifs numériques. »
Keith Grose, CEO Coinbase UK
Cette accumulation silencieuse explique en partie pourquoi les volumes spot restent relativement faibles : les gros poissons ne passent plus par Binance ou Coinbase retail. Ils négocient de gré à gré, parfois même directement avec les mineurs.
Le facteur psychologique des 100 000 $
Tout le monde voit le chiffre rond. Tout le monde en parle. Et c’est précisément ce qui crée la paralysie.
Beaucoup d’investisseurs particuliers (et même quelques fonds) se disent : « Je vais attendre 100 000 $ pour prendre mes bénéfices » ou « Je vais attendre une correction pour me placer ». Résultat ? Personne ne veut être le premier à pousser vraiment fort au-dessus des 86-88k, de peur de se retrouver seul en haut si le marché décide finalement de souffler.
C’est le paradoxe classique des niveaux ronds : plus on s’en approche, plus ils deviennent magnétiques… et plus ils repoussent.
Et les altcoins dans tout ça ?
La domination Bitcoin oscille autour de 58-59 %. Ce n’est pas encore une altseason franche, mais certains signaux apparaissent :
- Ethereum tente de reprendre les 3 000 $ mais bute sur un mur de vendeurs
- Solana reste étonnamment résilient malgré la baisse de l’activité memecoin
- XRP montre des signes de vie après des mois de léthargie
- Les narratives « Real World Assets » et « DeFi 2.0 » reprennent doucement
Si Bitcoin continue de consolider longtemps, l’argent risque de migrer vers les altcoins à plus fort beta. C’est exactement ce qui s’est passé en mars-avril 2021 avant l’explosion finale.
Scénarios pour les prochaines semaines
Scénario 1 – La cassure haussière (probabilité 45 %)
- Dépassement franc des 88 000 $ avec volume croissant
- Target rapide : 92 000 $ puis 100 000 $ psychologique
- Déclencheur possible : annonce d’un gros achat souverain ou décision ETF
Scénario 2 – Consolidation prolongée (probabilité 40 %)
- Range 80k-88k pendant encore 2 à 4 semaines
- Rotation sectorielle vers les altcoins
- Accumulation discrète par les institutionnels
Scénario 3 – Correction intermédiaire (probabilité 15 %)
- Retour vers 78-80k pour recharger les batteries
- Nettoyage des positions sur marge trop levier
- Rebond plus fort ensuite (pattern classique post-ATH)
Ce que cela nous dit sur le cycle actuel
Ce moment de latence n’est pas anormal. Tous les grands cycles Bitcoin ont connu des phases de distribution après les premières poussées euphoriques. 2017, 2021… à chaque fois, on a vu ces zones de « qui va craquer le premier ? ».
La différence cette fois ? Les acteurs sont plus matures. Les mains faibles ont déjà été secouées en 2022-2023. Ceux qui restent ont vécu l’hiver, ils ne vendront pas facilement.
En résumé : oui, Bitcoin est fatigué après +120 % depuis les élections américaines. Oui, il a besoin de souffler. Mais non, cela ne ressemble en rien à un sommet de cycle. Plutôt à une pause stratégique avant la prochaine jambe haussière.
Les 100 000 $ viendront. La seule question est de savoir si ce sera avant ou après Noël. Et quelque part, c’est précisément cette incertitude qui rend le jeu si fascinant.
