Imaginez la scène il y a seulement cinq ans : vous entrez dans une agence Bank of America, vous parlez Bitcoin à votre conseiller, et il vous regarde comme si vous veniez de lui proposer d’investir dans des tulipes hollandaises du XVIIe siècle. Ce temps-là est révolu. Le 2 décembre 2025, la deuxième banque américaine a franchi le Rubicon.
Bank of America valide officiellement les cryptomonnaies
Dans un document interne qui a fuité hier, puis confirmé officiellement, Bank of America Private Bank et Merrill Lynch autorisent dorénavant une allocation de 1 à 4 % en actifs numériques pour les portefeuilles de leurs clients. Et pas n’importe comment : exclusivement via quatre ETF Bitcoin spot parmi les plus solides du marché.
C’est un séisme. L’établissement qui gérait encore en 2021 le discours « Bitcoin est une menace pour le système financier » vient de faire volte-face à 180 degrés.
« Pour les investisseurs ayant un fort intérêt pour la thématique de l’innovation, et qui sont à l’aise avec une volatilité élevée, une allocation modeste de 1 % à 4 % en actifs numériques pourrait être appropriée. »
Chris Hyzy, Chief Investment Officer – Bank of America Private Bank
Les quatre ETF Bitcoin désormais accessibles chez BoA
À partir du 5 janvier 2026, les plus de 15 000 conseillers Merrill et Bank of America Private Bank pourront proposer sans restriction :
- iShares Bitcoin Trust (IBIT) – BlackRock : déjà plus de 50 milliards de dollars sous gestion
- Fidelity Wise Origin Bitcoin Fund (FBTC) – Fidelity : le plus gros flux net depuis le lancement
- Bitwise Bitcoin ETF (BITB) – Bitwise : frais parmi les plus bas du marché
- Grayscale Bitcoin Mini Trust (BTC) – Grayscale : la version allégée et moins chère du mythique GBTC
Fini le parcours du combattant. Jusqu’à présent, il fallait une autorisation spéciale, un formulaire de décharge de responsabilité de dix pages et parfois un rendez-vous avec le comité de risque. Désormais, c’est aussi simple qu’acheter un ETF S&P 500.
Pourquoi maintenant ? Les trois raisons qui ont fait plier la banque
Première raison : la pression des clients. Les family offices et les clients ultra high net worth (plus de 10 millions de dollars) demandaient depuis des mois un accès simplifié. Beaucoup menaçaient de transférer leurs avoirs chez Morgan Stanley ou UBS, déjà plus avancés sur le sujet.
Deuxième raison : les flux records dans les ETF Bitcoin. Depuis janvier 2024, plus de 100 milliards de dollars sont entrés dans ces produits aux États-Unis. Même les conseillers les plus sceptiques ont vu leurs clients gagner 120 % en deux ans en moyenne sur ces positions.
Troisième raison : la clarification réglementaire. Avec l’arrivée de Donald Trump et la nomination de Paul Atkins (pro-crypto) à la tête de la SEC, le risque juridique s’est brutalement effondré. Bank of America n’avait plus d’excuse valable.
Ce que cela change concrètement pour le marché Bitcoin :
- Des centaines de milliards de dollars de liquidités dormantes chez BoA deviennent éligibles
- Les 15 000 conseillers deviennent de fait des ambassadeurs Bitcoin
- Effet boule de neige attendu chez Wells Fargo et Citigroup dans les 6 mois
- Légitimation définitive auprès des 50-70 ans fortunés, dernière tranche encore majoritairement absente
1 à 4 % : une allocation qui semble modeste… mais qui ne l’est pas
Quatre pour cent, cela paraît peu. Pourtant, appliqué aux 3 200 milliards de dollars gérés par Bank of America Private Bank et Merrill, cela représente potentiellement 128 milliards de dollars qui pourraient entrer sur Bitcoin à moyen terme.
Pour mettre en perspective : l’ensemble des ETF Bitcoin spot n’ont « que » 130 milliards sous gestion aujourd’hui. Bank of America, à elle seule, pourrait donc doubler la taille du marché institutionnel réglementé.
Et ce n’est que le début. Quand on sait que les conseillers ont tendance à être prudents dans leurs recommandations officielles mais beaucoup plus audacieux quand les clients insistent… la réalité sera probablement plus proche des 6-8 % dans certains portefeuilles agressifs.
Le précédent Morgan Stanley et la course entre grandes banques
Bank of America n’est pas la première. Morgan Stanley a ouvert la voie dès mars 2025, suivi par Wells Fargo en septembre. Mais BoA possède une force de frappe commerciale bien supérieure grâce à son réseau Merrill Lynch, numéro un mondial du courtage pour particuliers fortunés.
La compétition fait rage. Chaque banque veut éviter le sort de Goldman Sachs, qui a trop tardé en 2021 et perdu des parts de marché irrécupérables sur la gestion crypto. Personne ne veut être le « Kodak du Bitcoin ».
Et après ? Vers les ETF Ethereum, Solana… et le stablecoin BoA
Des sources internes indiquent que l’autorisation des ETF Ethereum spot est déjà à l’étude pour mi-2026. Solana et XRP pourraient suivre en 2027 si la réglementation continue de s’assouplir.
Surtout, Bank of America n’a jamais caché son projet de lancer son propre stablecoin, annoncé dès février 2025. L’ouverture aux ETF Bitcoin n’est qu’une étape intermédiaire avant de proposer une solution complète « on-chain » made in BoA.
Ce que cela signifie pour l’investisseur particulier
Vous n’avez pas 3 millions de dollars chez Merrill ? L’impact est tout aussi important.
Quand une banque systémique comme BoA valide Bitcoin, c’est le signal le plus puissant possible envoyé aux conseillers du monde entier. Votre banquier de quartier, qui vous regardait de travers quand vous parliez crypto, va progressivement changer de discours.
Et surtout : les flux institutionnels massifs qui arrivent vont créer un plancher de prix de plus en plus solide. Les corrections de 30-40 % deviendront plus rares. Bitcoin entre dans une nouvelle phase : celle de l’actif financier mature.
« Cette mise à jour reflète la demande croissante des clients pour l’accès aux actifs numériques. »
Nancy Fahmy, responsable des solutions d’investissement – Bank of America
Le 5 janvier 2026 ne sera pas seulement la date d’ouverture de quatre ETF chez Bank of America. Ce sera le jour où la finance traditionnelle aura officiellement capitulé face à la révolution Bitcoin.
Et quelque part, Satoshi sourit.
