Imaginez-vous à la retraite, tranquillement installé chez vous, et recevoir une invitation dans un groupe WhatsApp qui promet des gains exceptionnels grâce à des « block trades » réservés aux initiés. Ça a l’air trop beau pour être vrai ? C’est exactement ce qui est arrivé à un ingénieur indien de 65 ans… et il a perdu plus de 130 000 dollars en quelques semaines.
Cette histoire, rapportée le 8 décembre 2025 par la police de Cyberabad, met une nouvelle fois en lumière la sophistication effrayante des arnaques crypto qui sévissent sur WhatsApp et Telegram. Et le pire ? Ce n’est pas un cas isolé.
Le piège parfait tendu en quatre étapes
Tout a commencé le 4 novembre 2025. L’ingénieur retraité de Miyapur reçoit une invitation dans le groupe « 531 DBS Stock Profit Growth Wealth Group ». À la tête : un certain « Professeur Rajat Verma ». Une analyste, Meena Bhatt, distille conseils et captures d’écran alléchantes. Le décor est planté.
Les escrocs lui demandent d’installer une application mobile baptisée DBS, hébergée sur le domaine ggtkss.cc (déjà un énorme drapeau rouge). Ils promettent un accès exclusif à des IPO de qualité et à des opérations de rachat d’actions inaccessibles au commun des mortels.
Étape 1 – Le test de confiance
- Premier dépôt : 100 000 roupies (environ 1 200 $)
- Retrait autorisé de 5 000 roupies dans la foulée
- Le cerveau reptilien du retraité crie : « Ça marche vraiment ! »
Une fois la confiance établie, c’est l’escalade. Entre le 4 novembre et le 5 décembre, la victime verse plus de 1,28 crore de roupies, soit environ 130 000 dollars, via une multitude de comptes bancaires et de transactions UPI.
Le coup de grâce : les 20 % de « frais »
Lorsque l’ingénieur veut enfin retirer son « bénéfice » (affiché à plusieurs centaines de milliers de dollars dans l’application truquée), on lui annonce qu’il doit d’abord payer 20 % de frais pour débloquer les fonds. Classique.
Il paie. Puis plus rien. Compte bloqué, groupe WhatsApp supprimé, contacts disparus dans la nature. Game over.
« Les escrocs utilisent exactement le même scénario dans des centaines de groupes différents. Le retrait initial est la clé qui ouvre le portefeuille des victimes. »
Inspecteur de la Cybercrime Police de Cyberabad
Pourquoi cette arnaque marche à tous les coups ?
Parce qu’elle exploite trois faiblesses humaines universelles :
- La cupidité – des gains de 300, 500, parfois 1000 % en quelques jours
- Le sentiment d’exclusivité – « vous faites partie des rares élus »
- La preuve sociale – des dizaines de faux membres qui témoignent en direct dans le groupe
Ajoutez à cela une application qui ressemble à s’y méprendre à une vraie plateforme de trading (graphiques en temps réel, historique bidon, solde qui grimpe), et vous avez la recette d’un désastre financier.
Les drapeaux rouges que tout le monde ignore
Voici les signaux qui auraient dû alerter la victime dès le premier jour :
- Une application téléchargée hors Google Play ou App Store
- Un domaine en .cc (îles Cocos, repaire de sites frauduleux)
- Des promesses de gains garantis ou d’accès « VIP »
- Des administrateurs qui refusent les appels vocaux ou vidéo
- Des demandes de paiement vers des comptes personnels (jamais vers une société régulée)
- L’obligation de payer des « frais » pour retirer ses fonds
Si vous voyez ne serait-ce que deux de ces signaux, fuyez.
Comment les escrocs industrialisent l’arnaque
Ce n’est plus de l’artisanat. C’est une véritable industrie.
Des équipes entières en Asie du Sud-Est créent des centaines de faux groupes WhatsApp par jour. Ils achètent des bases de numéros de téléphone, utilisent des scripts automatisés pour ajouter les victimes, et emploient des « closer » dont le seul métier est de faire monter les dépôts.
Le retrait initial de quelques milliers de roupies ? C’est un investissement pour eux. Ils savent que 10 % des victimes tomberont dans le panneau et déposeront des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros.
Que faire si vous êtes déjà piégé ?
- Contactez immédiatement votre banque (certaines transactions UPI peuvent être bloquées dans les 72h)
- Déposez plainte auprès de la cyberpolice (en Inde : cybercrime.gov.in, en France : phare ou la plateforme dédiée)
- Signalez le numéro et le groupe à WhatsApp
- Ne payez jamais les prétendus « frais de récupération » proposés par de faux avocats ou sociétés de recouvrement
Oui, les chances de récupérer l’argent sont minces. Mais chaque plainte aide à faire fermer les comptes bancaires utilisés par les escrocs.
Comment se protéger concrètement en 2025
Voici les règles d’or que je répète à tous mes proches :
- Jamais d’application de trading hors stores officiels
- Jamais de paiement pour « débloquer » des fonds
- Jamais de confiance à un inconnu sur WhatsApp ou Telegram
- Vérifiez toujours l’URL officielle de la plateforme (ex : binance.com, jamais binance.vip ou autre)
- Activez l’authentification à deux facteurs partout
- Utilisez un portefeuille hardware pour vos cryptos importantes
« Le meilleur antivirus, c’est entre vos deux oreilles. »
Dicton populaire chez les vieux de la vieille crypto
Cette histoire est triste. Mais elle peut vous sauver, vous ou l’un de vos proches.
Partagez cet article autour de vous. Surtout à ceux qui découvrent les cryptomonnaies ou qui reçoivent des messages trop beaux pour être vrais. Un partage peut éviter la ruine d’une famille.
Restez prudents. Restez vivants.
