La blockchain continue de s’immiscer dans les couloirs feutrés des banques. Dernière institution financière en date à franchir le pas : Arab Bank Switzerland. Cet établissement réputé vient en effet de rejoindre le réseau de Wecan Group ainsi que la Blockchain Association for Finance (BAF). Une alliance stratégique qui vise à optimiser ses processus de conformité et d’échange de données via la technologie des registres distribués.
Cette intégration permettra concrètement à Arab Bank Switzerland d’utiliser la plateforme Wecan Comply développée par Wecan Group. Cet outil basé sur la blockchain facilite la sécurisation, la collecte et le partage des données de conformité des gérants de fortune indépendants clients de la banque. De quoi fluidifier les processus d’onboarding et de suivi des contreparties dans l’écosystème des cryptoactifs.
Wecan Group, un protocole au service de la compliance
Fondée en 2015, la fintech suisse Wecan Group s’est spécialisée dans les solutions blockchain pour le secteur financier. Son protocole de tokenisation des données, standardisé et sécurisé, équipe déjà plus d’une centaine d’institutions gérant plus de 1000 milliards de dollars d’actifs.
Au cœur de son offre : Wecan Comply. Cette plateforme agit comme un coffre-fort numérique permettant aux membres du réseau d’échanger de manière sûre et auditée les données KYC (Know Your Customer) et KYB (Know Your Business). La technologie blockchain, couplée à l’intelligence artificielle, au stockage distribué et au chiffrement de bout en bout, apporte un haut niveau de traçabilité et de sécurité.
Blockchain, un moyen pas une fin
Pour Philippe Reynier, CEO de Wecan Group, la blockchain doit cependant rester un outil au service d’un usage :
Avec Wecan Comply, la tokenisation des données de conformité apporte un changement de paradigme. Les mises à jour sont partagées en temps réel entre les membres, les audits peuvent être menés de façon systématique et a priori. De quoi générer des gains d’efficacité opérationnelle significatifs pour un processus coûteux et chronophage.
De nouveaux cas d’usage prometteurs
Après s’être concentrée sur l’échange de données KYB entre banques et gérants externes, Wecan Group planche désormais sur le volet KYC, visant cette fois les données des clients finaux. Un projet prometteur au vu des volumes concernés et des économies potentielles pour les établissements financiers, de l’ordre de plusieurs millions de francs suisses. Le déploiement est prévu pour la rentrée.
En parallèle, la fintech multiplie les partenariats dans l’écosystème blockchain : acteurs de la gestion du cycle de vie client, fournisseurs de signature électronique, agrégateurs de données… L’objectif est de bâtir une place de marché des données de conformité autour de Wecan Comply. Une stratégie d’open innovation qui dépasse les frontières helvétiques, avec des collaborations à l’étude en France notamment.
Arab Bank Switzerland rejoint la BAF
En intégrant le réseau Wecan Group, Arab Bank Switzerland devient également membre de la Blockchain Association for Finance (BAF). Ce groupement réunit une douzaine de banques privées suisses de renom comme Pictet, Julius Baer ou Lombard Odier. Sa mission : établir des standards pour faciliter les transferts de données sécurisés entre institutions via une infrastructure blockchain.
Pour Rani Jabban, Managing Director d’Arab Bank Switzerland, ce double engagement témoigne de l’importance stratégique de la blockchain :
Cette alliance confirme la percée de la blockchain dans la finance traditionnelle. Portée par des acteurs comme Wecan Group, cette technologie apporte des réponses concrètes à des enjeux business cruciaux, au premier rang desquels la conformité réglementaire. Avec à la clé des gains d’efficacité significatifs et de nouveaux modèles de partage de la donnée.
La tokenisation des processus de compliance ne fait sans doute que commencer. Mais elle illustre le potentiel disruptif des registres distribués appliqués au monde de la finance. Comme le souligne Philippe Reynier, “la tokenisation de la donnée sera l’un des plus forts trends des prochaines années”. Aux banques désormais de prendre le virage, à l’image d’un pionnier comme Arab Bank Switzerland.