En l’espace d’une décennie, l’empire numérique ambitieux incarné par le Web3 s’est concrétisé. Pourtant, malgré ses innovations éblouissantes, cet écosystème peine encore à séduire massivement les utilisateurs grand public. La raison ? Une prolifération effrénée des blockchains qui fragmente l’expérience et complexifie la navigation.
Un foisonnement créatif qui dessert l’adoption
En théorie, l’explosion des innovations dans le Web3 devrait accélérer son adoption par les utilisateurs. Plus l’offre se multiplie et se diversifie, plus elle gagne en attractivité. Pourtant, si la croissance du nombre d’utilisateurs ces dernières années est honorable, elle reste sans commune mesure avec la proposition de valeur du Web3.
Selon un rapport de CoinPaper, plus de 1000 blockchains distinctes étaient opérationnelles en janvier 2024. L’écosystème Ethereum compte à lui seul plus de 50 solutions de Layer 2, et 50 autres devraient bientôt voir le jour. Toutes se disputent les faveurs des utilisateurs et la liquidité.
Une fragmentation qui dégrade l’expérience utilisateur
Cette fragmentation a un impact majeur sur l’expérience. Les utilisateurs doivent souvent basculer manuellement entre les réseaux au sein de leurs portefeuilles ou interfaces, au risque de commettre des erreurs frustrantes, voire coûteuses. La prolifération des Layer 2 et Layer 3 les oblige à jongler entre de multiples tokens et frais de gas. Chaque blockchain a ses propres règles, tarifs et fonctionnalités à assimiler.
Face à ces obstacles, il n’est guère étonnant que les utilisateurs grand public hésitent encore à se lancer. Pour libérer une adoption massive, il est impératif de leur offrir une expérience plus fluide et intuitive.
Des développeurs Web3 bridés par le morcellement
Contrairement au Web2 où les innovations sont accessibles au plus grand nombre sans barrières, les développeurs Web3 doivent décliner leurs dApps sur de multiples blockchains pour capter utilisateurs et liquidités. Ils s’épuisent à bâtir des solutions de messagerie inter-chaînes bancales et inélégantes, au détriment de leur proposition de valeur fondamentale.
Pour revenir à notre métaphore impériale, plutôt que d’étendre la portée du Web3, les architectes et bâtisseurs se retrouvent à colmater les fissures entre des quartiers morcelés, dans un labeur ingrat que la plupart des citoyens ne verront ni n’apprécieront jamais.
L’abstraction des chaînes, une nécessité absolue
La solution ? Rendre transparente la fragmentation des blockchains. Imaginons un monde où les développeurs pourraient déployer leur dApp sur la chaîne de leur choix et attirer des utilisateurs issus de n’importe quelle autre chaîne, sans friction. Les utilisateurs n’auraient plus à se soucier de la compatibilité de leurs actifs ou frais de gas.
Pour y parvenir, il faudrait unifier et agréger les soldes des utilisateurs sur l’ensemble des blockchains, tout en évitant les double dépenses. Les développeurs ne devraient plus avoir à intégrer des couches complexes d’interopérabilité.
Un empire Web3 interopérable ne se bâtira pas en un jour. Mais il est vital d’œuvrer dès maintenant à l’abstraction des chaînes sous peine de compromettre l’adoption grand public. Nous le devons aux visionnaires et innovateurs qui font du Web3 un écosystème bouillonnant. Leurs créations méritent de rayonner pleinement au-delà du microcosme crypto.