Le tant attendu airdrop du protocole LayerZero, permettant le transfert de données et de jetons entre plus de 70 blockchains, a finalement eu lieu ce jeudi 20 juin. Mais si la possibilité de réclamer le jeton ZRO sur de multiples chaînes a été saluée, c’est surtout le mécanisme innovant de “Proof of Donation” qui a fait couler beaucoup d’encre, suscitant autant d’enthousiasme que de critiques au sein de la communauté.
18,5 millions de dollars récoltés pour Protocol Guild
Le concept est simple : pour pouvoir récupérer leurs précieux ZRO, les utilisateurs doivent effectuer une donation proportionnelle à la taille de leur allocation, à hauteur d’environ 0,10$ par jeton. L’objectif annoncé est de lever pas moins de 18,5 millions de dollars qui seront reversés à Protocol Guild, une organisation dédiée au financement de la recherche et développement sur Ethereum. La Fondation LayerZero a d’ailleurs promis d’abonder à hauteur de 10 millions supplémentaires.
Comme l’explique l’équipe de LayerZero :
Un choix qui interroge
Mais rapidement, des voix se sont élevées pour questionner la pertinence de financer uniquement le développement d’Ethereum pour un protocole se voulant omnichain et opérant sur des dizaines d’autres blockchains. D’autres, comme le développeur Lefteris Karapetsas, ont carrément assimilé cette “donation” à une taxe déguisée :
De son côté, le jeton ZRO a connu un démarrage en dents de scie sur les marchés. Introduit autour de 4$, le cours est brièvement monté à près de 5$ avant de chuter violemment et de se stabiliser sous la barre des 3$. Faut-il y voir un désaveu des investisseurs face à ce mécanisme controversé de Proof of Donation ? Ou une correction naturelle après un début d’euphorie ?
Comparaison avec l’airdrop d’EigenLayer
En parallèle, un autre protocole prometteur, EigenLayer, lançait lui aussi ce jeudi la deuxième phase de son propre airdrop, destinée à récompenser les utilisateurs de DeFi complexes. Mais contrairement à LayerZero et son système payant, EigenLayer a opté pour une distribution entièrement gratuite, sans doute pour ne pas reproduire la polémique ayant entaché son airdrop initial.
Un modèle économique à prouver
Au-delà de la question éthique d’une “donation” qui n’en serait pas vraiment une, c’est bien la viabilité à long terme d’un tel modèle économique qui interroge. Si le fait de mettre à contribution les utilisateurs pour financer le développement de l’écosystème peut paraître astucieux dans l’immédiat, ne risque-t-il pas de générer de la défiance et de détourner une partie des investisseurs potentiels ?
LayerZero réussira-t-il son pari d’un protocole interopérable massivement adopté grâce à ce levier financier inédit ? Ou payera-t-il au contraire le prix d’une stratégie perçue comme trop agressive et dirigiste ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : dans le monde impitoyable des cryptos, la route vers le succès est souvent pavée de controverses.