Et si l’Éthiopie devenait le prochain eldorado pour les mineurs de Bitcoin en Afrique ? Avec son énergie hydroélectrique abondante et bon marché, le deuxième pays le plus peuplé du continent attire de plus en plus d’investisseurs étrangers dans l’industrie du minage de cryptomonnaies.
Une énergie verte et peu coûteuse, l’atout maître de l’Éthiopie
L’Éthiopie dispose en effet d’un potentiel hydroélectrique considérable grâce à ses nombreux fleuves comme le Nil Bleu et à son relief montagneux. Le pays a massivement investi ces dernières années dans la construction de barrages, dont le pharaonique projet de barrage de la Renaissance (GERD) qui devrait produire plus de 5000 MW une fois achevé.
Cette électricité est non seulement renouvelable mais aussi très compétitive, avec des tarifs inférieurs à 0,04$/kWh pour les mineurs de Bitcoin selon les accords conclus. À titre de comparaison, le tarif moyen aux États-Unis est d’environ 0,12$/kWh. L’Éthiopie offre donc des coûts d’exploitation parmi les plus bas au monde pour le minage.
Un climat favorable au refroidissement des machines
En plus de cette énergie peu chère, l’Éthiopie bénéficie de conditions climatiques idéales pour les fermes de minage. Située en altitude entre 2000 et 3000 mètres, une grande partie du pays jouit d’un climat frais permettant un refroidissement naturel des équipements, limitant les coûts liés à la climatisation.
Une main d’œuvre jeune et qualifiée
L’Éthiopie peut également compter sur une population jeune et éduquée pour faire tourner l’industrie du minage. Avec 75% de ses 120 millions d’habitants âgés de moins de 27 ans, le pays regorge de techniciens et d’ingénieurs qui constituent une main d’œuvre qualifiée et bon marché pour exploiter et entretenir les fermes.
D’importants investissements étrangers, notamment chinois
Cet environnement favorable a attiré l’attention d’investisseurs internationaux, au premier rang desquels les entreprises chinoises. Ces dernières ont notamment contribué au financement du barrage de la Renaissance à hauteur de 4,8 millions de dollars.
Le gouvernement éthiopien a également signé en début d’année un contrat de 250 millions de dollars avec son fonds souverain Ethiopian Investment Holdings (EIH) pour développer des infrastructures de minage. Une manne financière bienvenue pour l’État qui pourra vendre ses surplus d’électricité.
Potentiels revenus pour l’Éthiopie liés au minage de Bitcoin :
- 1,8 milliard de dollars si 2 GW de la production du GERD sont dédiés aux mineurs
- 10 à 20 % des recettes de l’électricité pourraient financer le service public
- Recettes supérieures à celles générées par l’industrie du café
Défis et opportunités pour la population éthiopienne
Si l’essor du minage constitue une opportunité économique indéniable pour l’Éthiopie, certains s’inquiètent d’un accaparement par les investisseurs étrangers au détriment des entrepreneurs locaux. Faciliter l’accès des Éthiopiens à cette industrie permettrait de démocratiser les cryptomonnaies dans le pays où elles restent encore marginales.
Les autorités devront aussi veiller à ce que les revenus générés bénéficient réellement à la population, notamment en améliorant l’accès à l’électricité. Seuls 50% des Éthiopiens sont aujourd’hui raccordés au réseau. Vendre l’énergie excédentaire aux mineurs ne doit pas se faire au détriment de cet enjeu crucial de développement.
Malgré ces défis, l’Éthiopie semble déterminée à devenir un acteur majeur du minage de Bitcoin en Afrique et dans le monde. Avec ses atouts énergétiques, climatiques et démographiques, le pays a tout pour réussir sa révolution crypto. Reste à s’assurer que cette manne profite au plus grand nombre et s’inscrive dans une stratégie durable et inclusive. Le pari est lancé.