Alors que l’usage des espèces diminue en Europe, la Banque Centrale Européenne (BCE) envisage sérieusement l’introduction d’un euro numérique. C’est ce qu’a révélé Evelien Witlox, directrice de l’euro numérique à la BCE, lors de sa présentation à la conférence Money20/20 à Amsterdam.
Une forte probabilité mais pas une certitude
« Je pense qu’il y a une forte probabilité que nous investissions aussi dans l’euro numérique, mais ce n’est pas inévitable pour le moment », a déclaré Mme Witlox. La BCE entend néanmoins procéder avec prudence, malgré la pression liée au déclin de l’usage des espèces et à l’émergence de monnaies alternatives et de paiements numériques.
Mme Witlox a souligné qu’à Amsterdam, seulement une transaction sur cinq est effectuée en espèces, toutes les autres étant numériques. L’euro numérique, s’il est émis, fonctionnerait comme une version électronique des espèces physiques et deviendrait une monnaie légale. Le grand public pourrait ainsi utiliser de la monnaie de banque centrale pour les transactions quotidiennes.
Un avantage pour les citoyens
Ce serait un avantage potentiel pour les citoyens, car les commerçants proposant des modes de paiement numériques seraient tenus d’accepter l’euro numérique, a déclaré Mme Witlox. L’introduction d’un euro numérique est en partie motivée par la crainte que la dépendance de l’Europe à l’égard de services de paiement extérieurs à la région ne nuise à l’indépendance économique et à la sécurité des paiements, tant privés que publics.
Renforcer la souveraineté économique
Mme Witlox s’est inquiétée de la dépendance de l’Europe vis-à-vis des systèmes de paiement non européens et a suggéré qu’un euro numérique renforcerait la souveraineté économique et garantirait la sécurité des données.
Priorité à la confidentialité et à la sécurité
Mme Witlox a également déclaré que la BCE n’avait aucune intention de surveiller les transactions des utilisateurs et des clients, soulignant que la confidentialité et la sécurité étaient des priorités absolues. Ces préoccupations seraient traitées par des solutions techniques telles que la « privacy by design » et des euros numériques hors ligne. La BCE n’a pas l’intention de créer une monnaie programmable.
Les transactions passeront par le système de banque centrale de la BCE, a expliqué Mme Witlox, garantissant ainsi :
- La confidentialité des données utilisateurs
- La sécurité des paiements numériques
- L’inclusion de tous dans l’économie numérique
Si l’euro numérique voit effectivement le jour, il pourrait bien bouleverser le paysage des paiements en Europe. Reste à voir comment la BCE relèvera les défis techniques et réglementaires pour faire de ce projet une réalité, tout en préservant la confiance des citoyens.