Imaginez un géant qui vacille. Ethereum, deuxième cryptomonnaie mondiale, semblait destiné à exploser vers de nouveaux sommets en cette fin 2025. Pourtant, à quelques jours de la nouvelle année, son prix reste coincé sous la barre symbolique des 3000 dollars. Pire : plusieurs signaux alarmants s’accumulent, des frais réseau en chute libre aux sorties massives des ETF. Est-ce le début d’une correction plus profonde ?
Pourquoi Ethereum traverse une zone de turbulences
Le marché des cryptomonnaies n’est jamais de tout repos. Mais pour Ethereum, la situation actuelle mérite une attention particulière. Le cours oscille autour des 2940 dollars, en baisse de plus de 40 % par rapport à son plus haut de l’année. Plusieurs facteurs convergent pour expliquer cette faiblesse persistante.
Les frais réseau en chute libre : un indicateur inquiétant
L’un des signes les plus préoccupants concerne l’activité même du réseau Ethereum. Selon les données récentes, les frais générés par la blockchain ont plongé de 57 % sur les trente derniers jours. Ce n’est pas anodin. Les frais reflètent directement l’utilisation de la réseau : transactions, DeFi, NFT, applications décentralisées.
Quand les frais diminuent aussi brutalement, cela signifie souvent une baisse de la demande. Les utilisateurs privilégient peut-être d’autres blockchains plus rapides ou moins coûteuses. Même si l’upgrade Fusaka était censé améliorer les choses, l’effet semble s’estomper rapidement.
Les chiffres clés de la baisse d’activité sur Ethereum :
- Frais réseau mensuels : environ 11,1 millions de dollars
- Baisse : -57 % en 30 jours
- Volume DEX en décembre : 44 milliards de dollars
- Plus bas niveau depuis octobre de l’année précédente
- Pic historique en août : plus de 126 milliards de dollars
Cette tendance à la baisse dure depuis quatre mois consécutifs. Elle révèle un désintérêt relatif des utilisateurs pour l’écosystème Ethereum au profit de concurrents comme Solana ou les layer 2 qui cannibalisent une partie du trafic.
Les ETF Ethereum déçoivent les investisseurs
Autre pilier qui vacille : les fonds négociés en bourse (ETF) spot sur Ethereum. Après un lancement prometteur, les flux entrants se sont transformés en sorties massives. Les données montrent des retraits importants ces dernières semaines.
Le phénomène s’est accentué en décembre avec deux mois consécutifs de sorties nettes. Cela contraste fortement avec l’enthousiasme initial qui avait suivi l’approbation de ces produits financiers par les régulateurs américains.
Les investisseurs institutionnels semblent perdre confiance dans Ethereum à court terme, préférant peut-être attendre un meilleur point d’entrée.
Ces sorties traduisent une prudence accrue. Dans un contexte de fin d’année, beaucoup préfèrent sécuriser leurs gains plutôt que de maintenir des positions risquées. Le contraste avec Bitcoin, qui continue d’attirer des flux positifs, est frappant.
L’analyse technique révèle des patterns baissiers alarmants
Du point de vue technique, la situation n’est guère plus réjouissante. Sur le graphique journalier, Ethereum a formé plusieurs configurations classiques de retournement baissier. Les traders expérimentés reconnaîtront immédiatement les signaux.
Tout d’abord, un death cross s’est produit il y a quelques mois : la moyenne mobile 50 jours a croisé à la baisse la moyenne mobile 200 jours. Ce signal est souvent considéré comme le début d’une tendance baissière prolongée.
Mais ce n’est pas tout. Le prix semble actuellement former un pattern head and shoulders (tête et épaules), l’un des plus fiables indicateurs de retournement. La ligne de cou se situe autour des 2800-2900 dollars. Une cassure confirmerait un objectif théorique vers 2200-2500 dollars.
En parallèle, un bearish pennant (fanion baissier) est visible. Cette figure de continuation baissière suggère que la pression vendeuse reste dominante après la forte chute depuis l’été.
L’indicateur Supertrend est également passé en mode baissier, renforçant l’idée que la tendance de fond reste négative tant que le prix n’a pas reconquis les 3500 dollars au minimum.
Des éléments positifs existent malgré tout
Il serait injuste de ne voir que le côté sombre. Certains développements récents apportent une lueur d’espoir. Par exemple, la société BitMine a commencé à staker massivement ses réserves d’Ethereum, injectant près de 219 millions de dollars dans le mécanisme de preuve d’enjeu.
Cette opération pourrait générer des millions de dollars de rendement annuel. Elle contribue aussi à réduire la pression vendeuse en retirant des ETH de la circulation. Les sorties de staking ont été importantes ces derniers temps, mais ces nouveaux dépôts pourraient compenser partiellement.
- Staking : mécanisme qui sécurise le réseau et récompense les validateurs
- Avantage : réduit l’offre circulante
- Inconvénient : les retraits massifs augmentent la liquidité disponible à la vente
De plus, les layer 2 continuent de se développer, promettant des transactions plus rapides et moins chères. À long terme, ces solutions pourraient relancer l’adoption et faire revenir les utilisateurs sur l’écosystème Ethereum.
Quel scénario pour les prochaines semaines ?
À court terme, le scénario le plus probable reste baissier. Le premier support majeur se situe autour de 2615 dollars, le plus bas de novembre. Une cassure de ce niveau ouvrirait la voie vers la zone psychologique des 2500 dollars.
Pour envisager un retournement haussier durable, il faudrait d’abord une reconquête des 3000 dollars avec volume, puis un test réussi des 3500 dollars. Tant que ces niveaux restent résistance, la prudence reste de mise.
Niveaux techniques à surveiller absolument :
- Résistance immédiate : 3000 dollars (niveau psychologique)
- Résistance suivante : 3200-3500 dollars (anciens supports)
- Support clé : 2615 dollars (plus bas novembre)
- Objectif baissier : 2500 dollars puis 2200 dollars en extension
Le contexte macroéconomique jouera aussi un rôle déterminant. Si les marchés actions corrigent en début 2026, les cryptomonnaies pourraient suivre le mouvement. Inversement, un rebond du risque pourrait profiter à Ethereum.
Pourquoi cette situation n’est pas définitive
Ethereum a déjà traversé des périodes difficiles par le passé. Souvenez-vous de l’hiver crypto 2018-2019 ou du crash de 2022. À chaque fois, l’écosystème en est ressorti plus fort grâce aux améliorations techniques continues.
La transition vers la preuve d’enjeu, les rollups, les danksharding à venir : tous ces éléments fondamentaux restent intacts. La baisse actuelle pourrait simplement être une phase d’accumulation avant le prochain cycle haussier.
Les cycles baissiers sont souvent les moments où les vrais projets se distinguent des spéculations passagères.
Les investisseurs patients pourraient voir dans cette correction une opportunité d’entrée à des niveaux attractifs. Mais cela nécessite de la conviction dans les fondamentaux à long terme d’Ethereum.
Conclusion : prudence mais pas panique
En résumé, Ethereum traverse actuellement une zone de turbulences sérieuses. La conjonction d’une activité réseau en berne, de sorties d’ETF et de signaux techniques baissiers crée un environnement risqué à court terme.
Cela ne signifie pas pour autant la fin du projet Ethereum. Les fondamentaux restent solides et des catalyseurs positifs existent. Mais les prochains semaines seront décisives pour déterminer si cette correction se transforme en bear market prolongé ou reste une simple consolidation.
Comme toujours dans les cryptomonnaies, la gestion du risque reste primordiale. Diversifiez, ne misez pas tout sur un seul actif, et gardez une partie de liquidités pour profiter des opportunités quand elles se présentent.
Le marché nous réserve souvent des surprises. Ethereum saura-t-il rebondir une fois de plus ? L’histoire nous a appris à ne jamais sous-estimer sa résilience.
