Imaginez un instant que votre banque en ligne dépende d’un intermédiaire tiers pour valider chaque transaction. Un jour, cet intermédiaire disparaît ou décide de bloquer certaines opérations. Panique à bord. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui sur Ethereum avec la construction des blocs. Mais ça, c’était avant Glamsterdam.
Cette mise à jour, attendue pour début 2026 après le succès de Fusaka, porte le nom charmant de Glamsterdam et s’appuie sur l’EIP-7732. Elle promet de transformer profondément la façon dont les blocs sont construits sur le réseau. Plus de béquilles externes, plus de risques centralisés. Ethereum entre dans l’âge adulte.
Si vous suivez l’actualité crypto, vous avez sans doute entendu parler de cette évolution. Mais entre les termes techniques et les implications réelles, il y a souvent un fossé. Pas de souci : on va décortiquer tout ça ensemble, de manière claire et progressive.
Glamsterdam : La Prochaine Étape Majeure d’Ethereum
Depuis The Merge en 2022, Ethereum a connu plusieurs upgrades majeures : Shapella pour débloquer le staking, Dencun pour réduire les frais via les blobs. Fusaka, déployée fin 2025, a poursuivi cette route. Glamsterdam arrive maintenant pour régler un problème persistant : la dépendance à des outils externes comme MEV-Boost.
Cette dépendance crée des points de vulnérabilité. Glamsterdam, via l’EIP-7732, intègre nativement la séparation entre proposeurs et constructeurs de blocs. On parle d’Enshrined Proposer-Builder Separation ou ePBS. Fini les relais centralisés qui font office d’arbitres.
Pourquoi c’est important ? Parce que cela renforce la résilience du réseau, élimine les risques de censure et prépare Ethereum à une scalabilité encore plus grande. Allons plus loin avec les points clés.
1. L’ePBS : Une Séparation des Pouvoirs Intégrée au Protocole
Aujourd’hui, la création d’un bloc sur Ethereum repose sur un duo improbable : le validateur (proposeur) et le builder. Le builder assemble les transactions pour maximiser le MEV – cette valeur extractible par les mineurs, ou plutôt par les constructeurs depuis la Proof of Stake.
Le problème ? Ces deux acteurs ne se font pas directement confiance. Ils passent par un relais, souvent géré par quelques entités centrales. Si ce relais censure des transactions ou tombe en panne, tout le réseau en souffre. C’est une centralisation déguisée au cœur d’un système censé être décentralisé.
Avec l’ePBS, Ethereum intègre enfin cette séparation directement dans son code source. Plus besoin de béquilles externes.
Glamsterdam change la donne. Le protocole gère lui-même les enchères et les échanges entre builders et proposeurs. Les relais comme MEV-Boost deviennent obsolètes. Le réseau gagne en souveraineté : aucun intermédiaire ne peut plus censurer ou perturber la construction des blocs.
Cette évolution n’est pas anodine. Elle répond à une critique récurrente contre Ethereum : sa dépendance à des infrastructures externes pour une fonction critique. En enchrassant l’ePBS, le réseau passe d’une confiance minimisée à une confiance purement mathématique.
Les avantages concrets de l’ePBS :
- Réduction drastique des risques de censure par des tiers.
- Élimination des points de défaillance uniques.
- Meilleure résistance aux attaques ciblant les relais.
- Préparation pour des mécanismes plus avancés de scalabilité.
En résumé, l’ePBS marque le passage à une maturité technique. Ethereum ne bricole plus : il construit solidement.
2. Les Staked Builders : Une Responsabilité Financière Partagée
Un des déséquilibres actuels est criant. Le validateur stake 32 ETH et risque d’être pénalisé s’il rate un bloc. Le builder, lui, peut proposer un bloc alléchant, puis disparaître sans conséquence. Résultat : asymétrie totale du risque.
Avec Glamsterdam, les builders doivent eux aussi staker des ETH sur la Beacon Chain. Ils signent une engagement cryptographique. S’ils ne livrent pas le bloc promis ou s’ils trichent, une partie de leur stake est slashée.
Le validateur est ainsi protégé : même en cas de défaillance du builder, il reçoit une compensation prélevée sur le stake de ce dernier. C’est une économie de la garantie qui remplace l’économie de la promesse verbale.
Désormais, celui qui construit paie s’il casse. Une justice économique enfin équilibrée.
Cette mesure dissuade les acteurs malveillants. Elle professionnalise le marché des builders et assure que chaque slot de bloc est optimisé avec sérieux. Plus de ghosting impuni, plus de promesses en l’air.
À long terme, cela pourrait attirer des builders plus institutionnels, prêts à engager du capital important pour participer. Le marché du MEV devient plus mature et plus compétitif.
- Avant : Risque supporté uniquement par le validateur.
- Après : Risque partagé, avec slashing pour les builders défaillants.
- Résultat : Un réseau plus fiable et plus juste.
Cette évolution renforce la confiance globale dans le mécanisme de consensus.
3. Le PTC : Un Comité pour une Finalité Plus Rapide
Le Pre-Commitment Timer (PTC) est peut-être l’innovation la plus technique de Glamsterdam. Aujourd’hui, les validateurs doivent vérifier l’intégralité d’un bloc en très peu de temps – souvent moins de 4 secondes.
Avec les blobs et les blocs plus complexes, cette vérification peut prendre plus longtemps. Résultat : risques de retards, de rejets injustifiés et surtout de réorganisations de chaîne (reorgs).
Le PTC change cela. Un comité de 512 validateurs, tiré au sort, se charge uniquement de vérifier la disponibilité et la ponctualité du bloc proposé. La vérification lourde du contenu est repoussée à plus tard.
Conséquence immédiate : le consensus sur quel bloc est canonique devient quasi instantané. Le réseau “scelle” le choix beaucoup plus vite, rendant les reorgs extrêmement difficiles.
Pourquoi les reorgs sont un problème majeur :
- Incitation possible à des attaques de timing.
- Incertitude pour les applications DeFi en temps réel.
- Perte de confiance pour les utilisateurs finaux.
- Risque d’annulation de transactions déjà confirmées.
Avec le PTC, Ethereum offre une finalité économique beaucoup plus rapide. Vous payez un café en ETH ? Vous savez presque immédiatement que la transaction ne sera plus renversée.
C’est un argument de poids pour les institutions. Les banques traditionnelles détestent l’incertitude des reorgs. Glamsterdam rend Ethereum plus prévisible, plus robuste.
4. Les Implications Globales pour l’Écosystème Ethereum
Glamsterdam n’est pas une mise à jour isolée. Elle s’inscrit dans une roadmap ambitieuse : après Fusaka en 2025, Glamsterdam début 2026, puis Hegota ensuite.
En combinant ePBS, staked builders et PTC, Ethereum élimine ses dernières dépendances centralisées. Le réseau devient plus résilient face aux attaques, plus attractif pour les gros acteurs, et plus fluide pour les utilisateurs.
Pour les stakers, c’est une bonne nouvelle : moins de risques liés aux builders défaillants. Pour les développeurs DeFi, c’est une stabilité accrue. Pour les utilisateurs, des frais stables et une expérience plus fiable.
Ethereum passe d’une blockchain artisanale à une infrastructure industrielle prête pour l’adoption massive.
Vitalik Buterin et les core devs voient en Glamsterdam une étape vers une décentralisation absolue. Plus de compromis sur les principes fondateurs.
Et après ? Hegota promet d’aller encore plus loin, peut-être sur le single slot finality ou d’autres optimisations. Mais chaque chose en son temps.
En conclusion, Glamsterdam et l’EIP-7732 marquent un tournant. Ethereum se débarrasse de ses dernières chaînes pour voler de ses propres ailes. Plus décentralisé, plus sécurisé, plus mature. Une mise à jour à suivre de très près en 2026.
Le monde crypto évolue vite. Cette upgrade pourrait bien être celle qui propulse Ethereum vers de nouveaux sommets, tant techniques qu’économiques. Restez connectés.
