Imaginez un instant : vous suivez le marché crypto depuis des mois, l’Ethereum semble prêt à exploser après le lancement des ETF spot, et soudain, les institutionnels commencent à retirer leurs billes. C’est exactement ce qui s’est passé le 12 décembre 2025. Les ETF Ethereum ont enregistré près de 20 millions de dollars de sorties nettes, pendant que le prix de l’ETH patine dangereusement autour des 3 000 dollars. Est-ce le signe d’un essoufflement ou simplement une pause avant un nouveau souffle ?
Les ETF Ethereum dans le rouge : ce qui s’est passé le 12 décembre
Le monde des cryptomonnaies ne connaît jamais de répit. Alors que Bitcoin flirte avec les 90 000 dollars, Ethereum, lui, semble marquer le pas. Les données publiées par SoSo Value révèlent que les ETF spot Ethereum ont subi des sorties nettes de 19,41 millions de dollars ce jour-là. Un chiffre qui peut paraître modeste face aux milliards en jeu, mais qui marque un renversement après plusieurs journées positives.
Cette faiblesse intervient dans un contexte où l’ETH a perdu plus de 5 % en 24 heures et près de 13 % sur les trente derniers jours. Le token oscillait entre 3 054 et 3 261 dollars, incapable de reprendre durablement la barre des 3 200 dollars.
Une activité contrastée entre les différents fonds
Tous les gestionnaires n’ont pas été logés à la même enseigne. BlackRock, leader incontesté du secteur, continue d’attirer les capitaux. Son ETF ETHA a enregistré des entrées de 23,25 millions de dollars, confirmant la confiance persistante des investisseurs dans le géant de la gestion d’actifs.
Mais ces entrées ont été largement compensées par les retraits chez Grayscale. Le fonds historique ETHE a vu partir 14,42 millions, tandis que le mini-trust ETH a subi 22,10 millions de sorties. Fidelity n’a pas été épargné non plus avec 6,14 millions de retraits sur son FETH.
Les autres acteurs comme Bitwise, VanEck, Franklin Templeton, 21Shares ou Invesco ont affiché une activité nulle. Un calme qui contraste avec la domination croissante de BlackRock.
Les chiffres clés des ETF Ethereum au 12 décembre 2025
- Sorties nettes totales : 19,41 millions de dollars
- Entrées BlackRock ETHA : +23,25 millions
- Sorties Grayscale ETHE + mini ETH : -36,52 millions
- Sorties Fidelity FETH : -6,14 millions
- Actifs sous gestion totaux : 19,42 milliards de dollars
- Entrées cumulées depuis lancement : 13,09 milliards
BlackRock domine, Grayscale continue de saigner
Depuis la conversion de son trust en ETF, Grayscale subit une hémorragie continue. Le fonds ETHE affiche désormais plus de 5 milliards de dollars de sorties nettes cumulées. Une situation liée en partie à des frais plus élevés et à une concurrence féroce.
À l’inverse, BlackRock a déjà accumulé 13,23 milliards d’entrées nettes sur son ETHA. Une performance impressionnante qui fait du produit le plus gros ETF Ethereum du marché. Fidelity complète le podium avec 2,66 milliards d’entrées cumulées.
Cette concentration des flux chez les grands noms traditionnels de la finance montre que les institutionnels privilégient la sécurité et la réputation plutôt que l’innovation pure.
Une semaine en dents de scie pour les flux
Le 12 décembre ne sort pas de nulle part. La semaine a été particulièrement volatile pour les ETF Ethereum. Après des entrées massives de 177,64 millions le 9 décembre et 57,58 millions le lendemain, le vent a tourné.
Le 11 décembre marquait déjà un premier recul avec 42,37 millions de sorties, avant les 19,41 millions du jour suivant. Cette alternance rapide entre entrées et sorties illustre parfaitement la nervosité actuelle des investisseurs institutionnels.
Les flux des ETF sont le reflet direct de la confiance institutionnelle. Quand ils se retirent, même modestement, cela pèse sur le sentiment de marché.
Pourquoi ces sorties maintenant ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce mouvement. D’abord, la rotation sectorielle observée sur les marchés traditionnels. Le Dow Jones atteint des records historiques tandis que la tech et les cryptos souffrent. Les investisseurs pourraient réallouer leurs capitaux vers des valeurs plus défensives.
Ensuite, l’approche de la fin d’année. Décembre est traditionnellement une période de prises de bénéfices et de rééquilibrage de portefeuilles. Les gestionnaires pourraient sécuriser leurs gains après la belle performance post-élection américaine.
Enfin, la stagnation technique de l’Ethereum. Incapable de franchir durablement les 3 300 dollars, l’ETH déçoit ceux qui attendaient une explosion immédiate après les ETF. Cette absence de momentum pousse certains à la prudence.
Les signaux techniques restent haussiers
Malgré cette faiblesse passagère, de nombreux analystes conservent une vision positive. Donald Dean a ainsi identifié une formation en inverse head and shoulders sur le graphique Ethereum, avec un objectif théorique à 4 955 dollars.
Cette figure technique classique de retournement haussier se forme lorsque le prix trace trois creux successifs, le central étant le plus bas. La sortie par le haut de la neckline validerait alors une forte impulsion haussière.
Le prix vient de décoller d’un niveau de volume important et se dirige vers la zone des 3 300 dollars, potentielle rampe de lancement.
Donald Dean, analyste
L’analyste souligne que l’ETH pourrait tester la zone des 3 300 dollars avant un nouveau mouvement significatif. Un objectif qui représenterait près de 60 % de hausse depuis les niveaux actuels.
Autre voix optimiste, Ted met en avant les clusters de liquidité. La zone des 3 000 dollars concentre de nombreux ordres stop, ce qui pourrait provoquer un sweep temporaire avant un rebond. Un scénario déjà observé sur Bitcoin récemment.
La zone des 3 000 dollars sous surveillance
Le niveau psychologique des 3 000 dollars agit actuellement comme un pivot crucial. Tant que ce support tient, le scénario haussier reste intact. Une cassure franche en clôture quotidienne pourrait au contraire ouvrir la porte à une correction plus profonde.
Les résistances immédiates se situent à 3 150 et 3 250 dollars, zones où s’accumulent les ordres de vente. Un franchissement convaincant de ces niveaux serait le premier signe d’une reprise de la tendance haussière.
Dans l’intervalle, la volatilité reste élevée. Les liquidations de positions longues augmentent à mesure que l’open interest grimpe, augmentant le risque d’un mouvement brusque dans les deux sens.
Que nous apprennent les ETF sur l’adoption institutionnelle ?
Les ETF spot constituent un indicateur précieux de l’appétit institutionnel pour Ethereum. Leur lancement a été salué comme une étape majeure vers l’adoption massive. Pourtant, les flux restent bien inférieurs à ceux observés sur les ETF Bitcoin.
Cette différence s’explique par plusieurs raisons. Bitcoin reste perçu comme une réserve de valeur pure, tandis qu’Ethereum porte le risque technologique lié à son écosystème complexe de smart contracts et de DeFi.
De plus, la concurrence entre blockchains alternatives (Solana, Base, etc.) fragmente l’intérêt pour l’écosystème Ethereum. Les institutionnels pourraient attendre des signes plus clairs de domination avant d’augmenter significativement leur exposition.
Perspectives pour 2026 : quels catalyseurs ?
Malgré les difficultés actuelles, plusieurs éléments pourraient soutenir Ethereum l’année prochaine. L’amélioration continue du réseau avec les mises à jour Dencun et suivantes réduit les frais et augmente la scalabilité.
Le développement du restaking et des solutions layer 2 continue d’attirer des capitaux. EigenLayer et les protocoles associés pourraient devenir des moteurs importants de valeur pour l’écosystème.
Enfin, l’évolution réglementaire aux États-Unis reste à surveiller. Une administration plus favorable aux cryptos pourrait accélérer l’arrivée de nouveaux produits et renforcer la confiance.
Les ETF Ethereum ont encore une longue route devant eux. Les sorties du 12 décembre ne sont qu’un épisode dans une histoire bien plus vaste. L’essentiel reste de savoir si les institutionnels voient toujours Ethereum comme le pilier incontournable de la finance décentralisée.
Pour l’instant, la prudence domine. Mais comme souvent dans les cryptomonnaies, les périodes de doute précèdent parfois les plus fortes impulsions. Reste à voir si les signaux techniques haussiers se concrétiseront dans les prochaines semaines.
