Imaginez payer un fournisseur à Singapour depuis Genève en moins de quatre secondes, avec des frais inférieurs à un centime, et sans passer par SWIFT ni par une ribambelle de banques intermédiaires. Ce qui ressemblait il y a encore deux ans à de la science-fiction vient de franchir une étape décisive : une vraie banque suisse, régulée et sérieuse, dit oui à Ripple et à son stablecoin RLUSD.
Quand la Suisse ouvre grand la porte aux stablecoins institutionnels
Le 12 décembre 2025, Ripple a officiellement annoncé un partenariat stratégique avec AMINA Bank AG, établissement zurichois spécialisé dans les actifs numériques. L’information n’est pas passée inaperçue : AMINA devient la première banque européenne à intégrer la solution Ripple Payments en production, permettant à ses clients d’utiliser directement le stablecoin RLUSD et d’autres devises numériques pour des paiements transfrontaliers quasi instantanés.
Ce n’est pas un simple test. C’est du concret, du live, du règlementé à 100 %.
« Ce partenariat avec AMINA Bank leur permet de servir de passerelle entre les innovateurs du Web3 et l’infrastructure financière traditionnelle. Grâce à notre technologie agréée, nous offrons une connexion fluide entre monnaies fiat et blockchains. »
Cassie Craddock, directrice générale Europe de Ripple
AMINA Bank : la banque qui n’a pas peur des cryptos
AMINA Bank n’est pas une néo-banque sortie de nulle part. C’est une institution régulée par la FINMA depuis 2019, qui a obtenu l’une des toutes premières licences MiCA en Autriche en 2025, et qui gère déjà plusieurs milliards en actifs numériques pour des clients institutionnels et privés fortunés.
Quand Myles Harrison, directeur produit d’AMINA, explique que « les entreprises Web3 « rencontrent trop souvent des frictions avec les systèmes bancaires traditionnels », il ne fait pas que répéter le discours marketing habituel. Il parle d’expérience : clôtures de comptes brutales, délais de règlement de plusieurs jours, frais exorbitants… Tout ce que les stablecoins promettent de résoudre.
Ce qu’AMINA Bank propose désormais à ses clients grâce à Ripple :
- Règlement en RLUSD (stablecoin adossé dollar 1:1, audité mensuellement)
- Paiements sortants et entrants 24/7/365 vers plus de 70 pays
- Conversion fiat → crypto → fiat en quelques clics
- Frais fixes ultra-bas (souvent < 0,01 %)
- Traçabilité complète pour la conformité KYC/AML
RLUSD : le stablecoin qui veut ringardiser USDT et USDC
Lancé il y a tout juste un an (décembre 2024), le Ripple USD (RLUSD) a déjà atteint plus de 2,8 milliards de dollars de capitalisation en novembre 2025. Ce n’est pas un hasard : il tourne à la fois sur l’XRP Ledger et sur Ethereum, bénéficie de la liquidité profonde de Ripple, et surtout, il est émis par une entité régulée aux États-Unis avec réserves en cash et bons du Trésor.
Le vrai avantage compétitif ? L’intégration native avec Ripple Payments, l’ex-RippleNet modernisé qui compte déjà plus de 1 000 institutions financières dans le monde. Là où Circle (USDC) et Tether (USDT) doivent négocier partenariat par partenariat, Ripple arrive avec une solution clé en main : « Branchez-vous, et ça marche. »
Résultat ? Le volume quotidien de RLUSD a dépassé les 800 millions de dollars dès le troisième trimestre 2025, selon les données on-chain.
Pourquoi la Suisse, et pourquoi maintenant ?
La Suisse a toujours été un laboratoire grandeur nature pour la finance blockchain. Entre la Crypto Valley de Zoug, la licence FINMA pionnière de SEBA (devenue AMINA) en 2019, et maintenant la conformité MiCA, le pays offre un cadre réglementaire clair et attractif.
Mais il y a plus profond. Les entreprises suisses, notamment dans le négoce de matières premières (Glencore, Trafigura, Mercuria…), transfèrent des dizaines de milliards chaque jour. Un délai de deux jours pour un paiement vers Dubaï ou Singapour, c’est deux jours d’intérêts perdus, de risque de change, de paperasse.
Avec Ripple + AMINA, ces mêmes paiements passent en 3,5 secondes. L’économie réalisée est colossale.
« Les stablecoins ne sont plus une mode. Ils deviennent l’infrastructure de base des paiements du XXIe siècle. »
Banque des Règlements Internationaux, rapport 2025
MiCA change la donne pour Ripple en Europe
Depuis l’entrée en vigueur complète du règlement MiCA en janvier 2025, les émetteurs de stablecoins doivent obtenir une licence unique valable dans les 30 pays de l’Espace économique européen. Ripple a déposé sa demande via sa filiale luxembourgeoise Ripple Payments Europe dès juillet 2025.
En attendant la validation finale (prévue premier trimestre 2026), le partenariat avec AMINA offre une solution immédiate : la banque suisse agit comme « on-ramp » réglementé pour toute l’Europe. Un coup de maître stratégique.
D’ailleurs, plusieurs sources internes laissent entendre que d’autres grandes banques privées suisses (Julius Bär et Pictet en tête) suivent le dossier de très près. On pourrait voir une vague d’annonces similaires dès 2026.
L’impact sur le cours du XRP : ce que disent les chiffres
À l’annonce du partenariat, le XRP a bondi de +9,4 % en moins de deux heures, passant temporairement au-dessus des 2,40 $. Ce n’est pas surprenant : chaque nouvelle institution qui active Ripple Payments augmente mécaniquement la demande de XRP pour la liquidité on-demand (ODL).
Depuis le règlement définitif du procès SEC en mars 2025, Ripple a retrouvé une dynamique impressionnante : plus de 400 partenariats bancaires annoncés, volume ODL multiplié par 7, et une capitalisation revenue dans le top 5.
Évolution du prix du XRP après les grandes annonces institutionnelles (2023-2025) :
- Juillet 2023 – Victoire partielle contre SEC → +80 % en 24 h
- Mars 2025 – Fin définitive du procès → +120 % en une semaine
- Juillet 2025 – Demande licence MiCA → +42 %
- Décembre 2025 – Partenariat AMINA Bank → +9,4 % instantané
Et les concurrents dans tout ça ?
Circle (USDC) a bien obtenu sa licence MiCA française en juin 2025, mais reste essentiellement concentré sur les États-Unis et l’Asie. Tether, malgré sa domination écrasante, traîne toujours son manque de transparence.
Stellar (XLM), l’éternel « petit frère » de Ripple, n’a toujours pas réussi à attirer les grandes banques. Quant à SWIFT et son GPI, ils améliorent les délais… mais restent 100 fois plus chers et 1 000 fois plus lents que la blockchain.
Le terrain est donc dégagé pour Ripple, surtout en Europe où la conformité réglementaire est reine.
Ce que ça change pour vous, investisseur ou entrepreneur
Si vous êtes une entreprise européenne qui exporte ou importe, attendez-vous à ce que votre banque vous propose bientôt des paiements en stablecoins. Les premières offres grand public pourraient arriver dès mi-2026.
Si vous êtes investisseur, ce partenariat valide une nouvelle fois la thèse d’adoption institutionnelle du XRP et de l’XRP Ledger. Les analystes de Standard Chartered tablaient déjà sur un XRP à 5 $ fin 2026 ; ce genre de nouvelles rapproche l’objectif.
Et si vous êtes simplement curieux, retenez une chose : la révolution des paiements blockchain ne se passe plus dans des Discord obscurs. Elle se passe désormais dans les conseils d’administration des banques suisses.
Le futur arrive. Et il parle suisse-allemand avec un léger accent californien.
