Imaginez un monde où votre stablecoin préféré ne sert plus seulement à trader ou à préserver votre capital, mais finance directement des projets qui changent la vie de millions de personnes. C’est exactement ce que vient d’annoncer Circle, l’émetteur du deuxième plus grand stablecoin au monde, l’USDC. Le 2 décembre 2025, la société a révélé la création de la Circle Foundation, une structure dédiée à l’inclusion financière mondiale. Et attention, ce n’est pas juste du greenwashing crypto : ils mettent vraiment la main à la poche.
Circle passe à l’action philanthropique : la fondation est officiellement née
Le message est tombé comme une évidence pour ceux qui suivent Jeremy Allaire depuis des années. Le cofondateur et PDG de Circle n’a jamais caché sa vision presque messianique des cryptomonnaies : des outils pour créer un système financier plus juste et accessible à tous. Avec la Circle Foundation, il passe de la parole aux actes.
Cette nouvelle entité indépendante aura pour mission de soutenir des projets concrets dans trois domaines précis. Et pas n’importe quels domaines : ceux où les besoins sont les plus criants et où la blockchain peut réellement faire la différence.
Les trois grands axes d’intervention de la Circle Foundation :
- Renforcer l’accès au financement pour les petites entreprises américaines
- Moderniser les infrastructures d’aide humanitaire à l’échelle mondiale
- Construire des systèmes économiques durables favorisant la participation de tous
Derrière ces mots se cache une réalité brutale : aux États-Unis, les petites entreprises représentent 44 % du PIB et emploient près de la moitié des travailleurs du secteur privé. Pourtant, elles restent les grandes oubliées du système bancaire traditionnel. C’est précisément là que Circle veut frapper fort.
Le programme Pledge 1% : comment Circle finance sa générosité
La question que tout le monde se pose : d’où vient l’argent ? La réponse est élégante et déjà éprouvée dans la Silicon Valley. Circle a rejoint le mouvement Pledge 1%, cette initiative lancée par des entrepreneurs comme Marc Benioff (Salesforce) qui invite les entreprises à donner 1 % de leurs capitaux propres, de leurs profits, de leurs produits ou du temps de leurs employés à des causes sociales.
Concrètement ? Circle va consacrer une partie de ses actions et de ses ressources à la fondation. Ce n’est pas une donation ponctuelle, mais un engagement structurel et pérenne. Un modèle qui a déjà fait ses preuves chez Atlassian, Twilio ou encore Yelp.
« Depuis la création de Circle en 2013, nous croyons que les actifs numériques et les stablecoins peuvent être un pont vers la prospérité pour tous, partout dans le monde. La Circle Foundation donne vie à cette conviction. »
Elisabeth Carpenter, présidente fondatrice de la Circle Foundation
Cette citation d’Elisabeth Carpenter, directrice de l’engagement stratégique chez Circle et présidente de la fondation, résume parfaitement l’état d’esprit. On n’est plus dans la simple communication corporate. On est dans la mise en œuvre d’une vision de long terme.
Pourquoi maintenant ? Le timing parfait de Circle
Le choix du mois de décembre 2025 n’est évidemment pas anodin. Circle sort d’une année exceptionnelle : l’USDC a dépassé les 50 milliards de dollars de capitalisation, la société a lancé sa propre blockchain Arc, et elle s’est imposée comme le stablecoin le plus réglementé et le plus transparent du marché.
Mais il y a plus profond. Dans un secteur crypto souvent accusé d’être déconnecté des réalités, Circle joue une carte maitresse : celle de la légitimité. Alors que les régulateurs du monde entier scrutent les stablecoins avec méfiance, que la BCE tire la sonnette d’alarme et que certains pays songent à les interdire, Circle prend tout le monde à contre-pied.
En créant cette fondation, l’entreprise ne fait pas seulement œuvre de philanthropie. Elle construit un récit. Celui d’une crypto utile, responsable, qui peut être un partenaire des États et des ONG plutôt qu’un ennemi public numéro un.
L’inclusion financière : le combat de toujours de Jeremy Allaire
Pour comprendre cette initiative, il faut remonter aux origines. Jeremy Allaire n’est pas un crypto-bro sorti de nulle part. Avant Circle, il a fondé Brightcove, une des premières plateformes vidéo en ligne. Il a vu naître internet et ses promesses démocratiques. Pour lui, la blockchain et les stablecoins sont la suite logique : un internet de la valeur, ouvert à tous.
Dès 2013, il répétait que l’USDC n’était pas juste un produit financier, mais un outil d’émancipation. Aujourd’hui, avec plus de 2 milliards de personnes non bancarisées dans le monde et des systèmes d’aide humanitaire souvent corrompus ou inefficaces, le constat reste le même : il y a urgence.
Quelques chiffres qui donnent le vertige :
- 1,4 milliard d’adultes dans le monde n’ont toujours pas de compte bancaire
- Les frais de transfert d’argent vers les pays en développement représentent 7 % en moyenne
- Les petites entreprises américaines se voient refuser 40 % de leurs demandes de crédit
- L’aide humanitaire perd jusqu’à 30 % de sa valeur dans les circuits traditionnels
Face à ces réalités, les stablecoins comme l’USDC offrent des solutions concrètes : transferts instantanés, frais quasi nuls, transparence totale grâce à la blockchain. La Circle Foundation va pouvoir mettre ces outils au service de causes précises.
Quels projets concrets va financer la fondation ?
Si les annonces restent encore générales, on peut déjà imaginer plusieurs types d’initiatives qui correspondent parfaitement à la philosophie Circle :
- Partenariats avec des plateformes de microfinance en Afrique ou en Asie du Sud-Est utilisant l’USDC
- Soutien à des ONG qui distribuent de l’aide en stablecoins dans les zones de crise (comme après les tremblements de terre ou les conflits)
- Programmes de formation à l’entrepreneuriat couplés avec des prêts en USDC pour les petites entreprises américaines
- Développement d’infrastructures blockchain open-source pour l’aide humanitaire
On pense notamment au travail déjà réalisé par des organisations comme GiveDirectly qui distribuent de l’argent directement aux plus pauvres via mobile money. Avec les stablecoins, ces initiatives pourraient passer à l’échelle supérieure : plus de rapidité, plus de transparence, moins de corruption.
La blockchain Arc : l’atout technologique de la fondation
Petit détail qui a son importance : Circle possède désormais sa propre blockchain, baptisée Arc. Lancée en 2025, cette layer 1 est spécialement conçue pour les institutions et les grandes entreprises. Mais elle pourrait aussi devenir un outil précieux pour la fondation.
Imaginez des programmes d’aide entièrement tracés sur blockchain, où chaque dollar donné est suivi de son émetteur jusqu’au bénéficiaire final. Où les organisations humanitaires peuvent prouver à 100 % que l’argent a bien été utilisé comme prévu. C’est exactement le type d’infrastructure que la Circle Foundation pourrait aider à développer.
Entre philanthropie et stratégie : la vérité derrière l’opération
Soyons honnêtes : cette fondation n’est pas purement désintéressée. Dans un secteur où l’image compte autant que la technologie, Circle marque des points décisifs.
À l’heure où :
- La Banque centrale européenne met en garde contre les stablecoins
- Des pays comme la Chine les interdisent purement et simplement
- Les régulateurs américains préparent le GENIUS Act
Circle se positionne comme le gentil de l’histoire. Le stablecoin responsable. Celui avec qui on peut discuter. Celui qui finance des bonnes causes plutôt que de spéculer dans l’ombre.
C’est du marketing brillant. Mais c’est aussi potentiellement sincère. Car si Jeremy Allaire passe autant de temps à témoigner devant le Congrès américain et à rencontrer des régulateurs, c’est précisément parce qu’il croit à cette vision d’une crypto intégrée au système plutôt que marginalisée.
La vraie question n’est pas de savoir si les cryptomonnaies vont changer le monde. C’est de savoir si elles vont le changer en mieux ou en pire.
La Circle Foundation pourrait bien être la réponse de Circle à cette question.
Et après ? Les prochaines étapes à surveiller
Pour l’instant, la fondation en est à ses débuts. Mais plusieurs annonces devraient suivre rapidement :
- Les premiers bénéficiaires des subventions (probablement début 2026)
- Des partenariats avec des ONG majeures
- L’intégration possible de dons en USDC directement sur la plateforme Circle
- Un rapport d’impact annuel avec métriques précises (combien de personnes aidées, combien d’entreprises financées, etc.)
Une chose est sûre : dans un écosystème crypto souvent critiqué pour son cynisme, la Circle Foundation marque un tournant. Elle prouve qu’on peut être à la fois une entreprise rentable, réglementée, et engagée socialement.
Et si c’était ça, finalement, la maturité du secteur ? Passer des promesses révolutionnaires aux actions concrètes. Des lambos et des moon aux ponts vers ceux qui n’ont jamais eu accès au système financier.
Avec cette fondation, Circle ne se contente plus de construire l’infrastructure financière du futur. L’entreprise commence à l’utiliser pour changer le présent. Et ça, c’est peut-être la nouvelle la plus importante de cette fin d’année 2025.
