ETF Dogecoin : Lancement Historique ou Flop ?

Imaginez la scène : un chien Shiba Inu en costume trois pièces qui monte pour la première fois les marches du New York Stock Exchange, sous les flashs des photographes. Douze ans après sa création comme une blague potache, Dogecoin vient officiellement de poser une patte à Wall Street. Lundi 24 novembre 2025, l’ETF GDOG de Grayscale a commencé à coter. Un événement historique… qui s’est soldé par un gigantesque « meh » du marché.

1,4 million de dollars de volume le premier jour. À peine de quoi payer le café de quelques baleines. Pendant ce temps, les ETF XRP et Solana frôlent les 60 millions chacun dès leur lancement. La question brûle toutes les lèvres dans la crypto-sphère : le roi des memecoins vient-il de se prendre le plus beau vent de l’histoire des ETF ?

Un lancement qui fait pschitt : les chiffres qui font mal

Lundi matin, tout le monde avait les yeux rivés sur le ticker GDOG. Eric Balchunas, l’analyste ETF star de Bloomberg, pariait sur 12 millions de volume jour 1. La réalité ? À peine 11 % de sa prédiction. C’est comme organiser une méga-soirée et voir arriver seulement les livreurs Uber Eats.

Oui, vous avez bien lu. Dogecoin, dixième crypto mondiale par capitalisation, avec la communauté la plus bruyante de la planète, fait dix fois moins bien que Solana et quarante fois moins bien que XRP. Le choc est violent.

Pourquoi une telle douche froide ?

Plusieurs explications se bousculent.

D’abord, le timing. Dogecoin sort d’un mois de novembre catastrophique : –24 % en trente jours, –57 % depuis le pic post-élection américaine. Les institutionnels n’ont pas envie d’acheter un actif qui saigne encore.

Ensuite, la concurrence est féroce. Les gestionnaires d’actifs se battent actuellement sur XRP (plusieurs ETF déjà lancés), Solana (staking intégré, narratif ultra-fort), Litecoin et même Hedera. Dans ce contexte, Dogecoin apparaît comme le « vieux meme » face aux jeunes loups sérieux.

« Dogecoin reste un actif de détail pur. Les institutionnels le regardent encore comme une blague qui a trop duré. »

Un gérant de fonds new-yorkais, sous couvert d’anonymat

GDOG vs DOJE : enfin du vrai spot… mais est-ce que ça change quelque chose ?

Attention, petite précision technique qui a son importance. Il existait déjà un produit coté Dogecoin aux États-Unis : le DOJE. Mais ce dernier était basé sur un ETF européen et des contrats futures. Un montage compliqué, peu liquide, et surtout pas du spot pur.

GDOG change la donne : il détient réellement des DOGE, conservés chez Coinbase Custody, dans un véhicule régulé 1933 Act. C’est exactement la même structure que les ETF Bitcoin et Ethereum qui ont connu un succès fou. Sur le papier, tout était réuni pour un carton.

Mais dans les faits ? Les grands wirehouses (Morgan Stanley, Wells Fargo, UBS…) n’ont pas encore activé GDOG sur leurs plateformes. Résultat : les conseillers financiers ne peuvent pas encore le proposer à leurs clients. Et sans eux, pas de gros volumes.

Bitwise arrive en renfort avec BWOW : la guerre des ETF Dogecoin est lancée

Grayscale ne sera pas seul longtemps. Bitwise a reçu le feu vert du NYSE Arca pour son propre ETF spot Dogecoin, ticker BWOW. Le lancement est attendu dans les tous prochains jours, peut-être même cette semaine.

Les frais ? Bitwise a l’habitude d’être agressif. On parle de 0,20 % contre 0,35 % pour GDOG (avec waiver à 0 % les premiers mois pour les deux). La bataille de la liquidité et des frais va faire rage.

Petit avantage Bitwise : ils ont déjà prouvé leur savoir-faire avec BSOL (Solana) qui cartonne. Leur marketing est plus punchy, leur communauté plus jeune. Ça pourrait faire très mal à Grayscale.

Et les produits à effet de levier dans tout ça ?

Pendant que les ETF spot peinent, les produits à levier, eux, rencontrent un succès fou. 21Shares a lancé la semaine dernière TXXD, un ETF 2x long Dogecoin. Objectif : doubler la performance quotidienne du DOGE.

Résultat ? Des volumes décents et une communauté de traders qui s’éclate. Preuve que l’intérêt spéculatif reste intact, même si les institutionnels boudent le spot classique.

Ce que ça dit du marché crypto en 2025

Ce lancement raté de GDOG est révélateur d’une tendance lourde : les institutionnels ne misent plus sur le narratif « meme ». Ils veulent du sérieux : staking (Solana), utilité bancaire (XRP), vitesse (Litecoin), ou gouvernance d’entreprise (Hedera).

Dogecoin, malgré l’amour inconditionnel d’Elon Musk et de sa communauté, reste perçu comme l’ado attardé de la classe crypto. Sympathique, mais pas crédible pour gérer des milliards.

Et maintenant ? Trois scénarios possibles

Scénario 1 – Le lent réveil (le plus probable)
Les wirehouses finissent par activer GDOG et BWOW d’ici fin décembre. Les volumes grimpent doucement. DOGE reste un actif de niche institutionnelle mais gagne en légitimité. Objectif prix réaliste : retour vers 0,30-0,40 $ en 2026.

Scénario 2 – Le tweet d’Elon qui change tout
Un seul tweet du patron de Tesla (« Dogecoin is money » ou l’annonce d’un paiement Tesla en DOGE) et c’est l’explosion. Les institutionnels suivent le mouvement de panique. Retour possible vers le ATH de 0,73 $ en quelques semaines.

Scénario 3 – Le lent oubli
Les volumes restent anémiques. Les nouveaux ETF altcoins (Cardano ? Avalanche ?) cannibalisent l’attention. Dogecoin redevient un pur actif de détail, condamné à végéter sous 0,20 $ jusqu’au prochain cycle.

Conclusion : un rêve à moitié réalisé

Oui, Dogecoin a désormais son ETF spot aux États-Unis. Oui, c’est une victoire symbolique immense pour un projet né d’un mème Reddit en 2013.

Mais non, ça ne suffit pas à transformer le chien Shiba en loup de Wall Street. Le marché institutionnel reste impitoyable : il récompense l’utilité, la technologie, le narratif sérieux. Pas seulement la hype et les blagues.

Pour l’instant, le rêve des HODLers a pris une douche froide. Reste à savoir si Dogecoin saura se réchauffer… ou s’il va attraper la crève définitive.

À suivre de très près dans les prochaines semaines. Car avec deux ETF spot qui arrivent presque en même temps et un Elon Musk toujours imprévisible, tout peut encore basculer. Très vite.