Imaginez un pays où plus d’un tiers des adultes tradent des cryptomonnaies presque tous les jours. Un pays où le prix du Bitcoin peut être 20 % plus cher qu’ailleurs simplement parce que les habitants achètent frénétiquement. Ce pays existe : c’est la Corée du Sud. Et aujourd’hui, ce même pays est en train de passer de la frénésie spéculative à la construction du prochain grand chapitre de la finance décentralisée.
La Corée du Sud n’est plus seulement un marché : elle devient un laboratoire mondial de la DeFi
Pendant des années, le monde a regardé la Corée avec un mélange d’amusement et d’inquiétude. Le fameux Kimchi Premium, ces écarts de prix délirants, était le symptôme d’un marché bouillant, presque incontrôlable. Mais derrière cette apparente folie se cache une réalité bien plus puissante : une population jeune, ultra-connectée et prête à prendre des risques que peu d’autres nations acceptent.
Aujourd’hui, ce même appétit se canalise. Et le catalyseur s’appelle la Digital Asset Basic Act (DABA), la loi la plus ambitieuse jamais adoptée en Asie sur les actifs numériques.
Le retail coréen : une force que personne n’a su copier
En Corée du Sud, le trading de cryptomonnaies n’est pas un hobby de geeks : c’est une activité sociale, presque culturelle. Plus de 15 millions de comptes crypto sont ouverts dans un pays de 51 millions d’habitants. Sur les plateformes locales comme Upbit ou Bithumb, les altcoins représentent souvent plus de 80 % du volume quotidien.
Cette intensité a un effet direct sur la DeFi : elle crée une liquidité organique que les protocoles occidentaux peinent à obtenir sans incitations artificielles massives. Quand un nouveau token de yield farming apparaît, des centaines de milliers de Coréens peuvent le tester en quelques heures. Le feedback est immédiat, brutal, et incroyablement utile pour les builders.
« La Corée est le seul pays où un protocole DeFi peut atteindre 100 millions de TVL en moins de 48 heures sans une seule campagne d’incentive payée. C’est organique. »
Un fondateur de DEX ayant lancé en Asie
La DABA : quand la régulation devient un super-pouvoir
Adoptée en 2025, la Digital Asset Basic Act ne se contente pas de « réguler » : elle légitime. Pour la première fois, la DeFi n’est plus considérée comme une zone grise mais comme une composante à part entière du système financier coréen.
Ce que change concrètement la DABA :
- Licences claires pour les plateformes DeFi opérant en Corée
- Reconnaissance légale des smart contracts comme contrats exécutoires
- Possibilité pour les banques de lancer des stablecoins adossés au won
- Réouverture des programmes de certification venture pour les startups crypto
- Standards de transparence et de gestion des risques harmonisés
Résultat ? Huit des plus grandes banques coréennes travaillent actuellement sur des stablecoins KRW. K Bank, KakaoBank, Shinhan… tous veulent leur part du gâteau. Quand ces stablecoins arriveront sur les DEX, la liquidité en won va exploser. Et avec elle, toute une nouvelle génération de produits DeFi adaptés au marché local.
Des stablecoins en won : la killer-app que personne n’avait vu venir
Le stablecoin en dollar domine depuis trop longtemps. Mais en Corée, le won représente déjà plus de 10 % du volume mondial de trading crypto. Imaginez l’impact quand ce volume pourra circuler librement entre exchanges centralisés et DEX, 24 h/24, sans frais de change exorbitants.
Les cas d’usage deviennent évidents :
- Yield farming en KRW avec des rendements réels (pas en token de gouvernance)
- Prêts flash intra-coréens à coût quasi nul
- Produits structurés combinant finance traditionnelle et DeFi
- Settlements instantanés pour les entreprises exportatrices coréennes
Le stablecoin KRW pourrait devenir ce que le USDT a été en 2019, mais en mieux régulé et avec un backing bancaire réel.
Les institutions coréennes passent à l’attaque
Autre signal fort : la levée de l’interdiction de sept ans qui empêchait les entreprises crypto d’obtenir le statut « venture ». Désormais, une startup DeFi peut lever des fonds institutionnels coréens, bénéficier d’exonérations fiscales et même être cotée sur le KOSDAQ sous certaines conditions.
Conséquence directe : les fonds de pension, les chaebols et les family offices regardent enfin la DeFi avec sérieux. Ce n’est plus une histoire de retail. C’est une histoire d’allocation d’actifs à plusieurs milliards de dollars.
Pourquoi la Corée va devancer Singapour et Dubaï
Singapour a la régulation, Dubaï a le marketing, mais la Corée a trois choses qu’aucun autre pays ne possède en même temps :
- Une base d’utilisateurs retail massive et ultra-active
- Une infrastructure bancaire parmi les plus avancées au monde
- Une culture du risque qui accepte l’échec rapide et l’itération
Quand vous combinez ces trois ingrédients avec une loi claire, vous obtenez le cocktail parfait pour l’innovation DeFi à grande échelle.
« La prochaine grande vague de DeFi ne viendra pas de la Silicon Valley. Elle viendra d’un pays où les gens tradent plus intensément que n’importe où ailleurs et où les banques comprennent enfin l’intérêt de la blockchain. »
Et les risques dans tout ça ?
Évidemment, tout n’est pas rose. La Corée a connu son lot de scandales (Terra/Luna reste dans toutes les mémoires). La nouvelle régulation est stricte, et certains craignent qu’elle n’étouffe l’innovation. Mais l’histoire montre que les meilleurs builders prospèrent justement quand les règles sont claires.
La DABA ne tue pas l’expérimentation : elle tue les arnaques. Et c’est exactement ce dont la DeFi a besoin pour passer à l’âge adulte.
Ce que ça signifie pour vous, investisseur ou builder
Si vous cherchez où sera la prochaine opportunité à 100x en DeFi, regardez vers l’est. Très attentivement.
Actions concrètes à envisager dès maintenant :
- Surveiller les annonces de stablecoins KRW (KakaoBank et Shinhan en tête de liste)
- Étudier les protocoles qui se positionnent dès aujourd’hui sur le marché coréen
- Anticiper l’arrivée massive de liquidité institutionnelle en 2026
- Comprendre que le prochain « summer DeFi » pourrait bien être un « winter coréen »
La Corée du Sud ne demande plus la permission. Elle construit. Et cette fois, le monde entier va suivre.
Le Kimchi Premium d’hier deviendra peut-être le DeFi Premium de demain.
