Imaginez-vous investir des milliers de dollars dans un projet numérique promettant des vêtements virtuels exclusifs, des produits physiques et des événements VIP, pour vous retrouver avec des actifs dévalués à 97% et des promesses non tenues. C’est l’histoire tumultueuse des NFT DGFamily de Dolce & Gabbana, un scandale qui a secoué le monde du luxe et des cryptomonnaies. Récemment, un tribunal new-yorkais a rendu une décision inattendue, innocentant Dolce & Gabbana USA dans un procès de 25 millions de dollars. Mais que signifie cette victoire pour les investisseurs et l’avenir des NFT dans la mode ?
Un Procès qui Ébranle le Luxe et la Blockchain
Le projet DGFamily, lancé en 2022 par la maison de mode italienne Dolce & Gabbana en collaboration avec la plateforme NFT UNXD, promettait une révolution. Les acheteurs, attirés par la réputation de la marque, ont investi des sommes colossales, espérant des avantages exclusifs. Cependant, des retards de livraison, des promesses non tenues et une chute drastique de la valeur des NFT ont conduit à un procès retentissant. La décision récente du tribunal, qui exonère Dolce & Gabbana USA, marque un tournant, mais soulève aussi des questions sur la responsabilité des filiales dans l’industrie crypto.
Les Origines du Scandale DGFamily
En février 2022, Dolce & Gabbana annonçait avec éclat le lancement de DGFamily, une collection de NFT censée offrir une expérience unique mêlant mode physique et virtuelle. Les acheteurs devaient recevoir huit avantages sur deux ans, incluant des vêtements numériques pour le métavers, des articles de mode physiques et un accès exclusif à des événements. Le projet, construit sur la blockchain Ethereum, a généré 25 millions de dollars de ventes, attirant des investisseurs comme Luke Brown, qui a dépensé 6.000 dollars pour un NFT.
Les NFT DGFamily promettaient une fusion inédite entre la haute couture italienne et la technologie blockchain, mais les investisseurs n’ont reçu qu’une fraction de ce qui était annoncé.
Luke Brown, plaignant principal
Malheureusement, les choses ont vite dérapé. Les livraisons des NFT ont été retardées, certaines n’ont jamais été finalisées, et les vêtements numériques, destinés à être utilisés dans le métavers Decentraland, sont arrivés avec 20 jours de retard. Pire encore, ils n’étaient utilisables qu’après une attente supplémentaire de 11 jours, faute d’approbation préalable de la plateforme.
Les Accusations : Un “Rug Pull” Déguisé ?
Le procès, intenté en mai 2024 et amendé en septembre, accusait Dolce & Gabbana et ses partenaires, dont UNXD et Bluebear Italia SRL, d’avoir orchestré un rug pull, un terme crypto désignant une escroquerie où les développeurs abandonnent un projet après avoir collecté les fonds. Les plaignants affirmaient que les défendeurs avaient manipulé le marché des NFT DGFamily, notamment par des wash trades, une tactique visant à gonfler artificiellement la valeur des actifs.
Les principales accusations contre Dolce & Gabbana :
- Retards dans la livraison des NFT et des avantages promis.
- Manque de transparence sur les capacités techniques du projet.
- Manipulation du marché via des pratiques frauduleuses.
- Abandon du projet, laissant les investisseurs avec des pertes massives.
Le plaignant Luke Brown, qui a perdu 5.800 dollars sur son investissement initial, représentait une classe d’investisseurs frustrés. Il accusait Dolce & Gabbana USA et sa maison mère italienne d’opérer comme une seule entité, une allégation que le tribunal a finalement rejetée.
La Décision du Tribunal : Une Victoire Partielle
Le 11 juillet 2025, la juge Naomi Reice Buchwald a rendu une décision clé en faveur de Dolce & Gabbana USA. Selon elle, les plaignants n’ont pas fourni de preuves suffisantes pour démontrer que la filiale américaine était directement impliquée dans le projet DGFamily ou qu’elle était contrôlée par sa maison mère italienne au point de justifier une responsabilité conjointe.
Les chevauchements de personnel et de propriété ne suffisent pas à établir une relation d’alter ego.
Juge Naomi Reice Buchwald
La juge a souligné que les allégations de fraude ou de domination totale par la maison mère manquaient de faits concrets. Dolce & Gabbana USA a soutenu qu’elle n’avait formé aucun partenariat avec UNXD et n’avait joué aucun rôle dans la promotion ou la gestion des NFT. Cette distinction entre les entités américaine et italienne a été déterminante pour l’issue du procès.
Les Répercussions pour les Investisseurs
Avec l’exonération de Dolce & Gabbana USA, le procès perd de sa force, car la filiale était le seul défendeur basé aux États-Unis. Les autres parties, UNXD (basée à Dubaï) et Bluebear Italia SRL (basée en Italie), n’ont pas encore été officiellement notifiées, ce qui complique la poursuite de l’affaire. Pour les investisseurs comme Luke Brown, cette décision est un coup dur, laissant peu d’espoir de récupérer leurs pertes via ce litige.
Le marché des NFT, autrefois florissant, connaît une période difficile. En 2024, les volumes d’échange ont chuté de 97% par rapport à 2021, et 95% des projets NFT ont perdu toute leur valeur. Le cas DGFamily illustre les risques d’investir dans des actifs numériques soutenus par des marques de luxe, surtout lorsque les promesses ne sont pas tenues.
Le Luxe et les NFT : Une Relation Compliquée
Dolce & Gabbana n’est pas la première marque de luxe à se lancer dans les NFT. Gucci, Louis Vuitton et Burberry ont également exploré cet univers, avec des résultats mitigés. Cependant, le fiasco DGFamily met en lumière les défis uniques auxquels les marques de mode font face lorsqu’elles s’aventurent dans la blockchain. La promesse d’une fusion entre haute couture et technologie numérique est séduisante, mais les problèmes techniques et juridiques peuvent rapidement transformer l’enthousiasme en désillusion.
Pourquoi les projets NFT de luxe échouent souvent :
- Manque d’expertise technique : Les marques sous-estiment la complexité des intégrations blockchain.
- Promesses irréalistes : Les avantages annoncés dépassent souvent les capacités réelles.
- Volatilité du marché : La valeur des NFT fluctue énormément, exposant les investisseurs à des pertes.
- Problèmes juridiques : Le cadre réglementaire des NFT reste flou, augmentant les risques de litiges.
Le cas DGFamily montre également l’importance de la transparence. Les investisseurs ont été attirés par la réputation de Dolce & Gabbana, mais le manque de clarté sur les délais et les capacités techniques a alimenté leur mécontentement.
Que Réserve l’Avenir pour les NFT dans la Mode ?
La décision du tribunal pourrait avoir des implications plus larges pour l’industrie des NFT. D’un côté, elle renforce l’idée que les filiales locales ne peuvent pas être automatiquement tenues responsables des actions de leur maison mère. De l’autre, elle souligne le besoin urgent d’un cadre juridique clair pour les actifs numériques. Les marques de luxe devront redoubler de prudence pour éviter des scandales similaires à l’avenir.
Le marché des NFT doit évoluer pour regagner la confiance des investisseurs et des consommateurs.
Expert en blockchain, anonyme
Pour les investisseurs, l’histoire de DGFamily est un rappel brutal des risques inhérents aux NFT. Alors que certaines collections, comme celle des CryptoPunks, continuent de prospérer, d’autres s’effondrent sous le poids de promesses non tenues. Les marques devront investir dans des infrastructures techniques robustes et communiquer de manière transparente pour réussir dans cet espace.
Conclusion : Une Leçon pour l’Industrie
Le verdict en faveur de Dolce & Gabbana USA clôt un chapitre tumultueux, mais il ne met pas fin aux débats sur la viabilité des NFT dans le secteur du luxe. Les investisseurs lésés, comme Luke Brown, restent avec des pertes importantes et peu de recours. Ce cas met en lumière les défis d’intégrer la blockchain dans des industries traditionnelles comme la mode, où la réputation et la confiance sont essentielles.
À l’avenir, les marques devront tirer des leçons de cet échec. Une meilleure planification, des partenariats fiables et une communication transparente seront cruciaux pour éviter de nouveaux litiges. Pour les amateurs de cryptomonnaies et de mode, l’histoire de DGFamily reste un avertissement : dans le monde des NFT, même les noms les plus prestigieux ne garantissent pas le succès.
