Imaginez un monde où les transactions blockchain sont non seulement sécurisées, mais aussi incroyablement rapides, tout en restant accessibles à tous. C’est précisément ce que Jordi Baylina, cofondateur de Polygon, ambitionne avec son nouveau projet, Zisk. Annoncé le 18 juin 2025, ce projet marque un tournant dans l’univers de la technologie zero-knowledge (zéro connaissance). Mais qu’est-ce qui pousse un pionnier du secteur à se lancer dans une telle aventure, et quelles implications cela pourrait-il avoir pour l’écosystème blockchain ?
Zisk : Une Nouvelle Ère pour la Technologie zkEVM
Le paysage des cryptomonnaies évolue à une vitesse fulgurante, et les solutions de scalabilité pour Ethereum, comme les layer-2, sont au cœur des discussions. Jordi Baylina, figure emblématique de Polygon, a décidé de prendre un chemin audacieux en lançant Zisk, un projet indépendant dédié à la technologie zkEVM (zero-knowledge Ethereum Virtual Machine). Cette initiative, qui a vu le jour après une incubation au sein de Polygon Labs depuis mai 2024, vise à repousser les limites de ce que les blockchains peuvent accomplir.
Pourquoi Zisk est un pari audacieux
- Indépendance totale : Zisk opère sous SilentSig Switzerland GmbH, une entité détenue à 100 % par Baylina.
- Code open-source : Le projet hérite de l’engagement de Polygon envers la transparence et l’accessibilité.
- Focus sur la performance : Zisk promet des preuves à faible latence, essentielles pour les applications comme les exchanges décentralisés.
Le Contexte : Pourquoi Quitter Polygon ?
La décision de Baylina de se séparer de Polygon intervient dans un contexte de bouleversements stratégiques au sein de la fondation. Récemment, Sandeep Nailwal, autre cofondateur de Polygon, a pris les rênes en tant que PDG, annonçant un recentrage sur Polygon PoS et le protocole AggLayer. Cette nouvelle orientation a marqué la fin progressive du projet zkEVM de Polygon, prévu pour être abandonné d’ici 2026 en raison de coûts opérationnels élevés, dépassant le million de dollars par an.
Polygon a investi énormément dans la recherche en zéro connaissance, mais il est temps de passer à une approche plus neutre et décentralisée.
Sandeep Nailwal, PDG de la Polygon Foundation
Face à cette réorientation, Baylina et son équipe de sept développeurs, décrits comme les “cerveaux” derrière le prover zkEVM de Polygon, ont choisi de poursuivre leur vision sous une nouvelle bannière. Cette transition n’est pas un abandon, mais une opportunité de se libérer des contraintes d’une architecture héritée pour créer une solution plus agile et adaptée aux besoins futurs.
Qu’est-ce que Zisk Apporte de Nouveau ?
Zisk se positionne comme une réponse aux limitations rencontrées par le projet zkEVM de Polygon. Contrairement à ce dernier, qui mettait l’accent sur la compatibilité avec l’EVM (Ethereum Virtual Machine), Zisk privilégie la performance et la flexibilité. Le projet promet des preuves à faible latence, un atout crucial pour des cas d’usage comme les DEX (échanges décentralisés) ou les jeux sur blockchain, où la vitesse est essentielle.
Les promesses de Zisk
- Latence réduite : Des benchmarks préliminaires indiquent une diminution de 40 à 60 % du temps de vérification par rapport aux solutions existantes.
- Support multi-langages : Zisk prend en charge des langages comme Rust, facilitant le développement pour les programmeurs.
- Modularité : Une architecture flexible pour s’adapter à divers cas d’usage.
En conservant un code entièrement open-source, Zisk s’inscrit dans une démarche communautaire, permettant aux développeurs du monde entier de contribuer et de bénéficier de ses avancées. Cette approche pourrait séduire une communauté croissante, lassée des solutions propriétaires ou restrictives.
Les Enjeux de la Technologie Zéro Connaissance
La technologie zéro connaissance est depuis longtemps considérée comme une révolution pour les blockchains. Elle permet de valider des transactions sans révéler les données sous-jacentes, offrant à la fois confidentialité et scalabilité. Dans le cas d’Ethereum, les solutions layer-2 comme les zkEVM sont essentielles pour surmonter les limitations de vitesse et de coûts des transactions.
Zisk n’est pas seulement une évolution technique, c’est une vision pour rendre la blockchain accessible et performante pour tous.
Jordi Baylina, Fondateur de Zisk
Cependant, les défis sont nombreux. Les solutions zkEVM, bien que prometteuses, ont souvent peiné à attirer les développeurs en raison de leur complexité. Polygon zkEVM, par exemple, n’a jamais atteint le niveau d’adoption espéré, se classant seulement 27e en termes de TVL (valeur totale verrouillée) parmi les layer-2, loin derrière des concurrents comme Optimism ou Arbitrum.
Un Pari Risqué, Mais Prometteur
Lancer un projet indépendant dans un secteur aussi compétitif que la blockchain est un pari audacieux. Avec des géants comme zkSync ou Starknet qui dominent le marché des rollups zéro connaissance, Zisk devra se démarquer par son innovation et sa capacité à attirer une communauté de développeurs. Les premiers retours sont encourageants, mais des audits indépendants seront nécessaires pour confirmer les performances annoncées.
Les défis à relever pour Zisk
- Concurrence féroce : Faire face à des acteurs établis comme zkSync et Starknet.
- Adoption des développeurs : Simplifier l’accès pour attirer une large communauté.
- Validation des performances : Prouver les gains de latence par des audits indépendants.
Baylina, en restant conseiller chez Polygon, maintient un lien avec son ancien projet tout en se concentrant sur Zisk. Cette double casquette pourrait lui permettre de tirer parti des ressources et du réseau de Polygon tout en explorant de nouvelles opportunités.
Quel Impact pour l’Écosystème Blockchain ?
Le lancement de Zisk pourrait avoir des répercussions significatives sur l’écosystème blockchain. En se concentrant sur des cas d’usage spécifiques comme les DEX ou les jeux, Zisk pourrait combler un vide laissé par des solutions plus généralistes. De plus, son engagement envers l’open-source pourrait encourager une adoption massive par les développeurs indépendants.
En parallèle, l’abandon de Polygon zkEVM soulève des questions sur l’avenir des layer-2. Alors que Polygon se recentre sur PoS et AggLayer, Zisk pourrait devenir le porte-étendard de la recherche en zéro connaissance, poursuivant le travail initié par Polygon.
Perspectives pour les Investisseurs et Développeurs
Pour les investisseurs, Zisk représente une opportunité intrigante, mais risquée. Le projet n’en est qu’à ses débuts, et son succès dépendra de sa capacité à livrer des résultats concrets. Pour les développeurs, en revanche, l’approche modulaire et multi-langages de Zisk pourrait simplifier la création d’applications décentralisées, ouvrant la voie à de nouvelles innovations.
Pourquoi suivre Zisk de près
- Potentiel disruptif : Une technologie performante pourrait redéfinir les standards des layer-2.
- Équipe expérimentée : Les développeurs de Zisk ont plus de trois ans d’expérience commune.
- Communauté ouverte : L’open-source favorise la collaboration et l’innovation.
En conclusion, Zisk incarne une nouvelle étape dans la quête de scalabilité et de performance pour les blockchains. Jordi Baylina, fort de son expérience chez Polygon, semble prêt à relever ce défi. Reste à voir si Zisk saura transformer ses promesses en réalité dans un secteur en constante évolution.