Et si une croisade réglementaire avait englouti des millions de dollars publics sans que personne ne s’en rende compte ? Depuis des années, le secteur des cryptomonnaies aux États-Unis vit sous la menace d’une régulation féroce, orchestrée notamment par Gary Gensler, ancien président de la SEC. Aujourd’hui, Coinbase, géant des exchanges crypto, veut lever le voile sur ce gâchis monumental en posant une question simple mais explosive : combien cette guerre a-t-elle coûté aux contribuables américains ?
Une Demande FOIA pour Faire Toute la Lumière
Le 3 mars 2025, Paul Grewal, directeur juridique de Coinbase, a secoué le monde crypto avec une annonce retentissante sur X. L’entreprise a déposé une demande en vertu de la loi sur la liberté d’information (FOIA) auprès de la Securities and Exchange Commission. Objectif ? Obtenir des chiffres précis sur les dépenses engagées par la SEC dans ses multiples enquêtes et poursuites contre les acteurs du secteur des cryptomonnaies entre avril 2021 et janvier 2025, période correspondant au règne de Gary Gensler à la tête de l’agence.
Cette initiative ne sort pas de nulle part. Après des années de batailles juridiques, dont une attaque directe de la SEC contre Coinbase en 2023, l’exchange veut des réponses. La nouvelle administration pro-crypto, qui a pris les rênes de la SEC après le départ de Gensler le 20 janvier 2025, a certes abandonné certaines poursuites. Mais le mal est fait, et Coinbase entend bien chiffrer l’ampleur des dégâts.
Un Contexte de Régulation Hostile
Pendant près de quatre ans, Gary Gensler a incarné une politique de régulation par la coercition, souvent qualifiée de « guerre anti-crypto » par les observateurs. À la tête de la SEC, il a multiplié les enquêtes, les amendes et les procès contre des entreprises du secteur, de Ripple à Kraken, en passant par Coinbase elle-même. Son mantra ? Protéger les investisseurs. Mais pour beaucoup, cette approche a surtout freiné l’innovation et coûté aux États-Unis leur leadership mondial dans l’univers blockchain.
« Cette régulation par la force a privé les Américains d’innovation, d’emplois et d’une position dominante dans les cryptos. Mais à quel prix pour les contribuables ? »
Paul Grewal, directeur juridique de Coinbase
Avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence et d’une administration plus favorable aux cryptomonnaies, le vent a tourné. Pourtant, les stigmates de cette période restent bien présents, et Coinbase ne compte pas laisser ces questions sans réponse.
Zoom sur la Crypto Assets and Cyber Unit
Au cœur des investigations de Coinbase se trouve une unité bien particulière de la SEC : la *Crypto Assets and Cyber Unit* (CACU). Créée sous l’ère Gensler, cette division avait pour mission de traquer les infractions liées aux cryptomonnaies et à la cybersécurité. Mais pour les critiques, elle est devenue le bras armé d’une politique répressive, gaspillant des ressources publiques dans des enquêtes souvent jugées inutiles ou disproportionnées.
Ce que Coinbase veut savoir sur la CACU :
- Combien d’agents fédéraux étaient affectés à cette unité ?
- Quel était le nombre de sous-traitants mobilisés ?
- Quel budget total a été englouti dans ces opérations ?
Cette unité, aujourd’hui dissoute sous la nouvelle direction de la SEC, est dans le viseur de Coinbase pour une raison simple : ses actions ont souvent été perçues comme un acharnement coûteux, sans résultats tangibles pour la protection des investisseurs. Les réponses à ces questions pourraient révéler un scandale financier d’ampleur.
Un Soutien de Poids : le DOGE d’Elon Musk
Coinbase ne mène pas ce combat seule. Dans sa demande FOIA, l’entreprise a mis en copie le tout nouveau *Department of Government Efficiency* (DOGE), dirigé par nul autre qu’Elon Musk. Créé sous l’administration Trump, ce département a pour mission de traquer les gaspillages dans les dépenses publiques. Une alliance inattendue qui pourrait donner un poids considérable à cette quête de transparence.
Elon Musk, connu pour son soutien aux cryptomonnaies comme le Bitcoin et le Dogecoin, pourrait voir dans cette affaire une opportunité de dénoncer les dérives bureaucratiques. Si le DOGE s’empare du dossier, les révélations promises par Coinbase pourraient bien faire trembler Washington.
Une Bataille Personnelle pour Coinbase
Pour Coinbase, cette demande FOIA n’est pas qu’une question de principe : c’est aussi une affaire personnelle. En 2023, la SEC avait lancé une offensive judiciaire contre l’exchange, l’accusant de violations des lois sur les valeurs mobilières. Cette poursuite, abandonnée le 27 février 2025 par la nouvelle direction de l’agence, a laissé des traces. Paul Grewal l’a d’ailleurs souligné avec détermination : « Nous ferons tout ce qu’il faudra, aussi longtemps qu’il le faudra, pour obtenir la vérité. »
Cette bataille juridique n’était qu’un épisode parmi tant d’autres dans un climat d’hostilité généralisée. Aujourd’hui, Coinbase veut non seulement rétablir son honneur, mais aussi exposer les coûts exorbitants de cette politique pour les contribuables américains.
Les Enjeux d’une Transparence Retrouvée
Si Coinbase obtient gain de cause, les chiffres dévoilés pourraient avoir des répercussions majeures. D’abord, ils mettraient en lumière l’ampleur des ressources mobilisées pour une guerre que beaucoup jugent stérile. Ensuite, ils pourraient alimenter un débat plus large sur la nécessité d’une régulation équilibrée, qui protège sans étouffer l’innovation.
« Les États-Unis ont perdu des années d’avance dans la course aux cryptos à cause de cette politique. »
Un analyste anonyme du secteur
Enfin, ces révélations pourraient renforcer la position des acteurs pro-crypto dans le paysage politique américain. Avec une administration Trump favorable au secteur et des figures comme Elon Musk en soutien, le moment semble idéal pour tourner la page de l’ère Gensler.
Un Tournant pour l’Industrie Crypto
L’initiative de Coinbase s’inscrit dans un contexte plus large de renouveau pour les cryptomonnaies aux États-Unis. Depuis l’investiture de Donald Trump, des annonces comme la création d’une réserve stratégique en Bitcoin ou l’abandon de poursuites contre des géants comme Uniswap et Kraken témoignent d’un changement d’approche. Mais pour que ce renouveau soit complet, il faut d’abord comprendre ce que l’ancienne politique a coûté – en dollars, mais aussi en opportunités manquées.
Les possibles retombées de cette affaire :
- Une remise en question des priorités budgétaires de la SEC.
- Un coup de boost pour les entreprises crypto aux USA.
- Une pression accrue pour une régulation plus juste.
En attendant les réponses de la SEC – et peut-être du DOGE –, une chose est sûre : Coinbase ne lâchera pas l’affaire. Et si les chiffres promis sont aussi astronomiques qu’on le murmure, ils pourraient bien marquer un tournant décisif pour l’industrie.
Et Si Tout Cela N’Était Que le Début ?
Imaginons un instant que la demande FOIA de Coinbase révèle des dizaines, voire des centaines de millions de dollars dilapidés. Que se passerait-il ensuite ? Les contribuables américains, déjà sensibles aux questions de gestion des fonds publics, pourraient exiger des comptes. Les entreprises crypto, elles, pourraient s’appuyer sur ces données pour réclamer des réformes profondes dans la manière dont les régulateurs abordent leur secteur.
Paul Grewal et son équipe semblent prêts à aller jusqu’au bout. Leur détermination, couplée à l’appui potentiel d’Elon Musk et du DOGE, pourrait transformer cette simple demande d’information en une véritable révolution pour le monde des cryptomonnaies. Reste à savoir si la SEC jouera le jeu de la transparence – ou si elle tentera, une dernière fois, de garder ses secrets bien enfouis.