Et si un État américain décidait de stocker une partie de ses richesses dans une monnaie qui n’existe que sur Internet ? L’idée peut sembler folle, futuriste, voire risquée, mais elle a bel et bien traversé l’esprit des législateurs du Montana en ce début d’année 2025. Portée par une vague d’enthousiasme autour du Bitcoin, amplifiée par les promesses électorales de Donald Trump, cette proposition a pourtant fini par s’écraser contre un mur de scepticisme. Aujourd’hui, alors que le monde des cryptomonnaies bouillonne d’initiatives et de débats, le refus du Montana de créer une réserve stratégique en BTC soulève une question essentielle : le Bitcoin est-il prêt à devenir un pilier financier pour les institutions publiques ?
Le Montana et le Bitcoin : Une Occasion Manquée ?
Fin 2024, le Bitcoin a pris une place inattendue dans le paysage politique américain. L’élection de Donald Trump, qui avait fait de l’adoption des cryptomonnaies un argument de campagne, a donné un souffle nouveau à cette tendance. De nombreux États ont alors commencé à explorer l’idée d’intégrer le BTC dans leurs réserves financières, voyant là une opportunité de diversifier leurs actifs et de surfer sur la vague de la décentralisation. Le Montana, connu pour son esprit indépendant et ses vastes étendues sauvages, semblait être un candidat naturel pour rejoindre ce mouvement. Mais la réalité législative en a décidé autrement.
Un projet de loi ambitieux stoppé net
Le 22 février 2025, un projet de loi audacieux, baptisé HB 429, a été déposé à la Chambre des représentants du Montana. Son objectif ? Autoriser le conseil d’investissement de l’État à placer une partie des fonds publics dans des actifs comme le Bitcoin ou encore les métaux précieux. L’idée était séduisante : maximiser les rendements pour les contribuables tout en s’inscrivant dans une vision moderne de la finance. Pourtant, ce texte n’a pas survécu à sa deuxième lecture, rejeté par 59 voix contre 41.
Ce qu’il faut retenir du vote :
- 41 voix pour, 59 contre lors de la deuxième lecture.
- Une motion d’amendement également rejetée (46 contre 54).
- Principale critique : la volatilité jugée trop risquée pour les fonds publics.
Les opposants au projet n’ont pas mâché leurs mots. Pour eux, investir l’argent des contribuables dans une cryptomonnaie aussi volatile que le Bitcoin relevait plus du pari que de la stratégie financière raisonnée. Cette méfiance, bien ancrée dans une partie de la classe politique locale, a eu raison des ambitions des défenseurs du BTC.
Pourquoi le Montana a-t-il reculé ?
Le rejet du projet HB 429 ne s’explique pas par un simple rejet du Bitcoin en tant que concept. Il reflète plutôt une prudence face à l’incertitude qui entoure encore les cryptomonnaies. Le Montana, comme beaucoup d’autres régions, doit jongler avec des responsabilités budgétaires strictes. L’idée de placer des fonds publics dans un actif capable de gagner ou de perdre 20 % de sa valeur en une seule journée a de quoi faire frémir les plus conservateurs.
Le Bitcoin, c’est comme un coffre-fort numérique : séduisant, mais sans garantie qu’il ne s’effondre pas du jour au lendemain.
Un élu anonyme du Montana
Cette volatilité, souvent perçue comme une force par les adeptes du BTC qui y voient un potentiel de croissance, devient un défaut rédhibitoire dès qu’il s’agit de finances publiques. Ajoutez à cela un manque de consensus parmi les législateurs, et vous obtenez une recette parfaite pour un échec législatif.
Un contraste avec d’autres États américains
Pendant que le Montana freine des quatre fers, d’autres États avancent à grands pas dans leur adoption du Bitcoin. L’Utah, par exemple, a récemment franchi une étape cruciale en approuvant un projet similaire via son comité des revenus et de la fiscalité. Ailleurs, des États comme le Texas, l’Arizona ou encore le Kentucky explorent activement des initiatives pour intégrer le BTC dans leurs stratégies financières. Cette mosaïque d’approches illustre à quel point le débat autour du Bitcoin divise encore les États-Unis.
Le cas de l’Utah est particulièrement intéressant. Contrairement au Montana, cet État a su rallier une majorité autour de l’idée qu’une réserve en Bitcoin pourrait être un atout à long terme. Cette divergence montre que l’adoption du BTC dépend autant de la culture locale que des arguments économiques avancés par ses défenseurs.
Les arguments pour et contre une réserve en BTC
Le débat autour d’une réserve publique en Bitcoin ne date pas d’aujourd’hui, mais il a pris une ampleur nouvelle avec la montée en puissance de cette cryptomonnaie. Pour mieux comprendre les enjeux, penchons-nous sur les principaux arguments des deux camps.
Arguments en faveur :
- Diversification : Le BTC offre une alternative aux actifs traditionnels comme l’or ou les obligations.
- Potentiel de croissance : Sa valeur a explosé ces dernières années, attirant les investisseurs visionnaires.
- Décentralisation : Une protection contre les politiques monétaires centralisées.
Arguments contre :
- Volatilité : Les fluctuations imprévisibles effraient les gestionnaires publics.
- Régulation floue : Le cadre juridique reste incertain aux États-Unis.
- Risque systémique : Un krach pourrait affecter les finances de l’État.
Ces arguments, bien que solides des deux côtés, ne suffisent pas à trancher la question. Le Montana a choisi la prudence, mais d’autres pourraient voir dans le Bitcoin une opportunité à saisir avant qu’il ne soit trop tard.
L’impact sur l’avenir du Bitcoin aux États-Unis
Le refus du Montana pourrait-il ralentir la course à l’adoption institutionnelle du Bitcoin ? Pas nécessairement. Si cet échec marque un coup dur pour les partisans locaux, il ne remet pas en cause la dynamique générale. Les initiatives se multiplient, portées par des figures influentes comme Michael Saylor ou des entreprises comme Strategy, qui continuent d’accumuler des BTC à un rythme effréné.
À l’échelle nationale, le discours pro-crypto de Donald Trump, qui rêve de faire des États-Unis la « capitale mondiale des cryptomonnaies », maintient la pression. Le Montana pourrait bien revoir sa position dans les mois à venir, surtout si ses voisins démontrent que le Bitcoin peut être un pari gagnant.
Et après ? Perspectives pour le Montana et au-delà
Pour l’instant, le projet HB 429 est au point mort, mais rien n’indique qu’il soit enterré pour de bon. Les défenseurs du Bitcoin au Montana pourraient revenir à la charge lors d’une prochaine session législative, armés de nouveaux arguments ou d’exemples concrets tirés des succès d’autres États. En attendant, le débat reste ouvert, tant au niveau local qu’international.
Chaque rejet est une leçon. Le Bitcoin a encore des batailles à gagner avant de convaincre tout le monde.
Un analyste crypto
À plus grande échelle, le sort du Bitcoin comme actif de réserve dépendra de sa capacité à prouver sa stabilité et sa fiabilité. Les États-Unis, avec leur mosaïque d’approches étatiques, offrent un terrain d’expérimentation unique. Le Montana a peut-être dit non aujourd’hui, mais demain pourrait raconter une tout autre histoire.