Imaginez un instant : et si votre banque centrale nationale décidait d’investir dans le Bitcoin ? C’est ce que la Banque centrale de République tchèque (CNB) envisage sérieusement, malgré les réticences de la Banque Centrale Européenne (BCE). Une petite révolution qui pourrait faire des émules.
La CNB veut étudier le Bitcoin comme réserve
Le gouverneur de la CNB, Aleš Michl, n’a pas froid aux yeux. Le 19 février 2025, il a affirmé sur les réseaux sociaux que son institution devait étudier attentivement le Bitcoin ainsi que la blockchain qui le sous-tend. L’objectif ? Mieux comprendre cette crypto-monnaie et explorer son potentiel comme actif de réserve.
Aleš Michl est convaincu : il ne faut pas avoir peur du Bitcoin, mais au contraire chercher à le connaître. Selon lui, cette étude ne pourra qu’être bénéfique pour la banque centrale tchèque :
« L’étude de Bitcoin ne nous fera pas de mal, au contraire, elle nous renforcera. »
Aleš Michl, gouverneur de la CNB
Un “test d’investissement” en BTC ?
Mais le gouverneur ne compte pas en rester là. Lors d’un Conseil bancaire fin janvier, il a carrément proposé de créer « un portefeuille test en bitcoins » pour la CNB. Une façon pour l’institution de se familiariser avec cet actif si particulier, tout en évaluant les risques.
Il s’agirait d’une « phase initiale » d’analyse et de discussion. La décision finale d’intégrer le Bitcoin aux réserves stratégiques n’est pas pour demain. Mais le simple fait d’envisager cette possibilité est déjà une petite victoire pour la crypto-monnaie numéro un.
Le précédent salvadorien
Si la CNB franchit le pas, elle emboîterait le pas au Salvador. Ce petit pays d’Amérique centrale a fait sensation en 2021 en devenant le premier État au monde à adopter le Bitcoin comme monnaie légale. Depuis, le Trésor salvadorien accumule des BTC, malgré une forte volatilité.
Cependant, le contexte tchèque est bien différent. Il ne s’agit pas ici de remplacer la monnaie nationale, mais d’ajouter le Bitcoin au panier d’actifs de réserve de la banque centrale, aux côtés de l’or et des devises étrangères. Une approche plus prudente, mais potentiellement tout aussi révolutionnaire.
L’opposition de la BCE
Évidemment, cette idée ne plaît pas à tout le monde. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a exprimé son scepticisme face aux velléités tchèques. Pour l’ancienne ministre française, le Bitcoin reste un actif spéculatif, bien trop volatil pour être une réserve de valeur fiable.
Mais Aleš Michl n’en a cure. Pour lui, il faut justement dépasser les a priori et étudier sérieusement le potentiel du Bitcoin. Quitte à bousculer un peu les conservatismes des banquiers centraux européens.
Vers une adoption progressive ?
Si la CNB passe de la parole aux actes, elle pourrait créer un précédent important en Europe. D’autres banques centrales nationales, intriguées, pourraient être tentées de suivre l’exemple tchèque. On imagine déjà les gros titres : « La Banque de France se met au Bitcoin ! »
Bien sûr, le chemin sera long avant une éventuelle adoption généralisée du BTC par les institutions monétaires. Les réticences restent fortes et les obstacles techniques et réglementaires nombreux. Mais l’initiative tchèque montre que les mentalités évoluent, même au sommet de la finance traditionnelle.
Le Bitcoin, réserve des banques centrales de demain ? L’idée fait doucement son chemin. Et si la petite République tchèque était en train d’écrire une page d’histoire ? Réponse dans les mois et années à venir, en suivant de près les travaux pionniers de la CNB.