L’entrée fracassante de Donald Trump dans l’univers des cryptomonnaies a déclenché une vague sans précédent de tokens imitateurs, faisant craindre une déception généralisée des investisseurs. Dans les semaines qui ont suivi l’annonce officielle de son meme coin, l’ancien président américain a vu affluer dans son portefeuille numérique plus de 700 jetons non autorisés, selon une analyse du Financial Times.
Une prolifération express de copies
Le phénomène a démarré dans la demi-heure suivant le lancement initial du token Trump, des créateurs opportunistes exploitant les fonctionnalités de la blockchain Solana (SOL) permettant d’envoyer des dépôts non sollicités vers d’autres portefeuilles. Parmi cette marée de cryptomonnaies, 167 arborent des noms liés à la famille Trump, dont 67 utilisant le terme “officiel”, bien qu’elles n’aient aucun lien avéré avec le milliardaire.
Les enfants de l’ex-locataire de la Maison Blanche sont également pris pour cible, Barron étant mentionné dans 30 tokens, Ivanka dans 26 et Eric dans 10. Par ailleurs, 35 jetons tentent de s’associer à Elon Musk, allié notoire de Donald Trump.
Un terrain de jeu pour la tromperie
Eswar Prasad, chercheur principal à la Brookings Institution, estime auprès du FT que l’entrée de Trump dans l’arène des meme coins “a ouvert les vannes à la tromperie et à la spéculation effrénée“, exposant les investisseurs lambda à des risques substantiels. L’enquête révèle en effet des schémas de trading suspects :
- Un compte ayant acheté pour 100 000$ d’un faux token “Official Trump” avant de tout revendre 12 secondes plus tard à perte
- De nombreux jetons affichant une activité minime malgré des valorisations théoriques élevées
- L'”OFFICIAL BARRON TRUMP”, par exemple, totalisant 6 milliards de dollars sur la base de sa dernière transaction, mais inactif depuis le 21 janvier et avec un volume maximal de seulement 242$
Le casse-tête de la distinction
Pour Omid Malekan, professeur adjoint à la Columbia Business School, les investisseurs non avertis peinent à faire la différence entre projets légitimes et imitations. Une gageure qui submerge jusqu’aux exchanges, comme en témoigne le PDG de Coinbase :
Avec environ 1 million de nouveaux tokens créés chaque semaine, en constante augmentation, évaluer chacun d’entre eux individuellement n’est plus faisable.
Brian Armstrong
Il appelle à repenser le processus de listing, passant d’une liste blanche à une liste noire, en s’appuyant sur les avis des clients et l’analyse automatisée des données on-chain. Une adaptation indispensable face à l’explosion des tokens, qui dépasse les capacités des régulateurs à donner leur accord au cas par cas.
Le revers de la médaille trumpienne
Si l’arrivée tonitruante de Donald Trump dans les cryptos a dopé l’intérêt pour les meme coins, elle s’accompagne de dérives préoccupantes. Les copies non autorisées et autres arnaques profitant de sa notoriété menacent de ternir son nom et celui de sa famille. Surtout, elles exposent le grand public à des risques financiers élevés, sur un marché opaque et peu régulé.
L’ancien président, prompt à dénoncer les fake news, devra redoubler de vigilance face aux faux tokens. Un défi de taille dans l’univers foisonnant et anonyme des cryptomonnaies, où la frontière entre le vrai et le faux se brouille chaque jour un peu plus. L’histoire retiendra que le trumpisme, qui a bousculé la politique, bouscule désormais la finance décentralisée. Avec son lot de promesses… et de menaces.