C’est une décision qui a pris tout le monde de court. Le 22 janvier, le président américain Donald Trump a annoncé sur Truth Social, son propre réseau social, avoir accordé une grâce totale à Ross Ulbricht, le créateur du tristement célèbre marché noir en ligne Silk Road. Une libération que le milliardaire républicain a justifiée par le soutien apporté par le “Mouvement Libertarien” lors de sa victoire à la 47ème élection présidentielle américaine.
Une “peine ridicule” pour les “lunatiques” de la justice
Mais au-delà de ce clin d’œil politique, Donald Trump n’a pas manqué de critiquer vertement le système judiciaire américain. Le 45ème président des États-Unis a qualifié de “lunatiques” ceux qui ont condamné Ross Ulbricht, fustigeant la peine de prison à vie plus 40 ans infligée au créateur de Silk Road, qu’il a jugée “ridicule”.
Pour mémoire, Ross Ulbricht avait été condamné en février 2015 à la réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle, pour son rôle dans la création et l’exploitation de Silk Road. Lancée en 2011, cette plateforme de vente en ligne de produits illicites, principalement de la drogue, a fonctionné jusqu’en 2013, devenant tristement connue comme “l’eBay de la drogue”.
Silk Road, pionnier des transactions anonymes en Bitcoin
Basé sur le darknet, Silk Road permettait à ses utilisateurs de réaliser des transactions anonymes, essentiellement pour acheter de la drogue, mais aussi d’autres biens et services illégaux, le tout en utilisant le Bitcoin (BTC) comme moyen de paiement. À l’époque, cette cryptomonnaie était encore relativement confidentielle en dehors des cercles de passionnés d’informatique. Silk Road a d’ailleurs joué un rôle clé dans la démocratisation du Bitcoin auprès du grand public.
Le FBI met fin au règne du “Dread Pirate Roberts”
Mais en octobre 2013, après une enquête complexe mobilisant experts en cybercriminalité et agents infiltrés, le FBI est parvenu à mettre un terme aux activités de Silk Road. La clé du succès pour les autorités a été l’identification de Ross Ulbricht, qui opérait sous le pseudonyme de “Dread Pirate Roberts”, en référence au personnage du film “Princess Bride”.
Ce sont finalement les traces numériques laissées par Ulbricht lui-même qui ont causé sa perte. Les enquêteurs ont pu remonter jusqu’à lui grâce à son activité en ligne, notamment des erreurs commises dans des fils de discussion évoquant Silk Road, ainsi que l’utilisation d’une adresse e-mail liée à son identité réelle.
Des serveurs recelant un trésor de preuves accablantes
Mais le coup de grâce est venu lorsque les autorités ont réussi à accéder aux serveurs de Silk Road. Ces derniers regorgeaient de preuves accablantes, notamment des registres de transactions et des messages privés impliquant directement Ulbricht. Celui-ci a finalement été arrêté dans une bibliothèque publique de San Francisco, où des agents du FBI l’ont surpris en train d’accéder au panneau d’administration de la plateforme.
Bien qu’ayant reconnu être à l’origine de Silk Road, Ross Ulbricht a affirmé lors de son procès avoir passé le flambeau à d’autres personnes bien avant son arrestation. Selon lui, il n’aurait été qu’un “bouc-émissaire” ayant endossé toute la responsabilité une fois démasqué.
Un recours en grâce maintes fois rejeté
Condamné en 2015, Ross Ulbricht avait fait appel de sa condamnation, sans succès. Ses multiples recours en grâce auprès des présidents Barack Obama puis Donald Trump lors de son premier mandat étaient également restés lettre morte. Jusqu’à ce rebondissement totalement inattendu.
Une libération aux lourdes conséquences
Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour saluer ce geste ou au contraire le condamner, une question brûle toutes les lèvres : quelles seront les conséquences de la libération de Ross Ulbricht ? Va-t-on assister à une résurgence des marchés noirs en ligne façon Silk Road ? Le fondateur de Silk Road en profitera-t-il pour se relancer dans les cryptomonnaies, lui dont la plateforme a grandement contribué à populariser le Bitcoin ? Les paris sont ouverts.
Une chose est sûre, cette grâce présidentielle marque un nouveau chapitre dans la saga Silk Road, qui n’a décidément pas fini de faire parler d’elle, plus de 10 ans après les faits. Affaire à suivre, donc…