Un vent glacial souffle sur le monde des marchés prédictifs cryptos. Après avoir essuyé les foudres des autorités françaises en novembre dernier, puis celles de Singapour tout récemment, c’est désormais au tour de la Thaïlande de menacer Polymarket d’un bannissement pur et simple. La raison invoquée ? La plateforme serait considérée comme un « site illégal de jeux de hasard ». Une accusation lourde de conséquences pour l’avenir de ce type de plateforme, qui semble de plus en plus compromis.
Polymarket, cible numéro 1 des autorités
Polymarket n’en finit plus de tirer la courte paille. À peine remis de son bannissement de Singapour ce 12 janvier, voilà que la Thaïlande s’apprête elle aussi à lui fermer ses portes virtuelles. C’est en tout cas ce qu’a annoncé ce 14 janvier Trairong Phiwpean, commandant de la Division de la répression de la criminalité technologique (TCSD).
En bref – Les points clés à retenir :
- La cyberpolice thaïlandaise veut bloquer l’accès à Polymarket, jugé comme un site de paris illégal
- Cette fermeture forcée viserait à « prévenir l’utilisation illégale des cryptomonnaies »
- C’est le 3ème pays à bannir Polymarket après la France et Singapour
Dans son communiqué, le commandant explique sans équivoque que « Polymarket, un site web mondial qui fournit une variété de services de prédiction sur la politique, le sport, le divertissement et l’économie, a été jugé comme étant un site de jeux de hasard en ligne illégal en Thaïlande, car l’utilisation de cryptomonnaies pour les échanges et les paris est contraire à la loi. »
Une fermeture aux contours flous
Bien que les forces de la cyberpolice thaïlandaise précisent que cet arrêt soudain de Polymarket est « important pour éviter que des personnes ne tombent victimes des jeux d’argent en ligne, et pour empêcher l’utilisation de cryptomonnaies dans le cadre d’activités illégales », aucun calendrier précis n’a été communiqué pour ce bannissement. Seule certitude, la plateforme de paris cryptos, basée sur le réseau blockchain Polygon, devra tirer sa révérence du pays d’ici peu.
L’opacité des cryptomonnaies pointée du doigt
Dans son communiqué, la TCSD souligne également que l’utilisation des cryptomonnaies comme support de transactions sur Polymarket « accroît la complexité et la difficulté de la surveillance et du traçage » par les forces de l’ordre. Un argument récurrent dans la bouche des autorités pour justifier leur méfiance, voire leur hostilité, envers les plateformes cryptos.
Une situation qui n’est pas sans rappeler celle des États-Unis, où Polymarket est également censé être interdit aux résidents. Mais l’utilisation de VPN par ces derniers pour contourner cette restriction met régulièrement la cryptobourse Coinbase dans l’embarras, ses clients US n’étant pas censé avoir le droit de transférer des cryptomonnaies vers les marchés prédictifs depuis leur compte Coinbase.
Une tendance de fond inquiétante pour les marchés prédictifs
Au-delà du cas Polymarket, c’est toute l’industrie des marchés prédictifs cryptos qui semble aujourd’hui sur la sellette. En l’espace de quelques mois, trois pays ont déjà décidé de bannir purement et simplement ce type de plateforme, invoquant tour à tour des arguments de lutte contre le blanchiment, les jeux d’argent illégaux ou encore l’opacité des transactions en cryptomonnaies.
Une situation qui ne manque pas d’inquiéter les acteurs du secteur, qui craignent de voir leur activité de plus en plus menacée par un durcissement général de la régulation. D’autant que les bannissements de Polymarket pourraient n’être que la partie émergée de l’iceberg, d’autres plateformes similaires étant elles aussi dans le viseur des autorités.
Face à cette pression croissante, certains n’hésitent plus à jouer la carte de la discrétion, quand d’autres tentent au contraire de se rapprocher des régulateurs pour trouver un terrain d’entente. Mais tous s’accordent sur un point : l’avenir des marchés prédictifs cryptos est aujourd’hui plus incertain que jamais, et il faudra redoubler d’efforts et d’imagination pour continuer à exister dans un environnement de plus en plus hostile.
Reste à savoir si ce bras de fer réglementaire finira par trouver une issue favorable, ou si au contraire il marquera le début de la fin pour ces plateformes innovantes mais controversées. Une chose est sûre en tout cas : le bannissement de Polymarket par la Thaïlande est un nouveau coup dur pour l’écosystème, et il faudra suivre de près les prochains développements de cette saga à rebondissements.