Les cryptomonnaies fascinent autant qu’elles divisent. Leur avenir, intimement lié au contexte politique, suscite toujours plus d’interrogations à l’aube d’une nouvelle ère présidentielle aux États-Unis. Entre promesses de régulation et opportunités d’innovation, quel sera l’impact du prochain locataire de la Maison Blanche sur cet écosystème en constante évolution ?
Trump, Nixon et la crypto : des destins croisés ?
Alors que certains établissent des parallèles entre Donald Trump et Richard Nixon, Brian L. Frye, professeur de droit spécialisé dans la blockchain à l’Université du Kentucky, apporte un éclairage singulier. Selon lui, si les deux présidents partagent un goût certain pour la controverse, leur approche des monnaies numériques diffère radicalement.
Nixon, en mettant fin aux accords de Bretton Woods en 1971, a en quelque sorte ouvert la voie à l’émergence du Bitcoin et des cryptomonnaies en sabordant l’étalon-or. Trump, lui, s’est montré nettement plus circonspect, qualifiant le Bitcoin d’escroquerie et menaçant de réguler sévèrement le secteur.
La SEC, arbitre ou trouble-fête ?
L’élection présidentielle pourrait bien rebattre les cartes au sein de la Securities and Exchange Commission (SEC), gendarme des marchés financiers américains. Son président, Gary Gensler, nommé par Joe Biden, s’est illustré par une approche musclée envers les cryptoactifs, multipliant les enquêtes et les sanctions.
Mais un changement d’administration pourrait porter à la tête de l’institution un partisan d’une ligne plus souple et business-friendly. De quoi raviver les espoirs d’assouplissement réglementaire des acteurs du secteur, lassés des coups de menton de Gensler.
NFT : l’art de la controverse politique
Autre sujet brûlant : les NFT, ces jetons non fongibles qui ont révolutionné le marché de l’art numérique. Pour Brian L. Frye, grand collectionneur devant l’éternel, les NFT sont bien plus que de simples objets de spéculation. Ils peuvent aussi servir de support à des statements politiques, comme l’ont montré les « Nixon Tapes » qu’il a lui-même créés et vendus.
Une démarche qui ne fait pas l’unanimité au sein de la cryptosphère, certains puristes considérant les NFT comme une distraction par rapport aux véritables enjeux de décentralisation et d’innovation technologique. Le débat promet d’être animé dans les mois à venir.
Pump, dump et autres joyeusetés
Impossible, enfin, d’évoquer l’avenir des cryptos sans mentionner les dérives qui gangrènent cet écosystème encore largement dérégulé. Manipulations de marché, pyramides de Ponzi, pénurie d’ingénieurs compétents : les défis sont légion pour assainir un secteur qui peine parfois à rompre avec ses vieux démons.
Ces derniers mois, plusieurs scandales ont terni l’image des cryptomonnaies :
- L’effondrement du stablecoin TerraUSD et de sa cryptomonnaie associée Luna, faisant perdre des milliards aux investisseurs.
- La faillite de la plateforme de prêts en cryptomonnaies Celsius, suite à des prises de risque inconsidérées.
- Les démêlés judiciaires de la plateforme d’échanges Binance, numéro un mondial, accusée de contourner les réglementations.
Autant de signaux préoccupants qui pourraient inciter le prochain président à sévir pour responsabiliser l’industrie. À moins qu’il ne préfère jouer la carte de l’innovation en pariant sur les acteurs les plus vertueux pour démocratiser la technologie.
Quelle crypto pour la Maison Blanche ?
En guise de clin d’oeil, Brian L. Frye, qui arbore fièrement le titre de « professeur Dogecoin de droit et d’escroquerie », imagine déjà la cryptomonnaie préférée du prochain commandant en chef. Et de miser, avec une ironie assumée, sur le Dogecoin, ce memecoin adoré d’Elon Musk qui a connu des heures de gloire au printemps 2021.
Plaisanterie mise à part, une chose est sûre : de Washington à Wall Street en passant par la Silicon Valley, les cryptomonnaies s’invitent dans le débat public américain. Enjeu électoral, vecteur d’influence géopolitique, catalyseur d’innovations : elles sont désormais au cœur des grandes transformations qui façonnent notre époque. Au prochain président d’en prendre la mesure et de tracer une feuille de route ambitieuse pour en exploiter tout le potentiel, sans en occulter les risques. Le futur de la finance décentralisée se joue aussi dans les urnes.