Alors que la course à la présidentielle américaine de 2024 entre dans sa dernière ligne droite, les candidats Donald Trump et Kamala Harris intensifient leurs efforts pour courtiser un groupe d’électeurs en pleine croissance mais souvent négligé : les électeurs crypto. Mais leurs approches pour séduire cette communauté diffèrent grandement, oscillant entre promesses fracassantes et prudence assumée.
Trump mise gros sur les crypto-électeurs
Donald Trump a opéré une véritable transformation dans son positionnement sur les crypto-monnaies, dans un calcul évident pour capter une part de cet électorat montant. Lui qui avait exprimé son scepticisme par le passé multiplie désormais les signaux positifs en direction de la communauté crypto.
Tout a commencé en mai lorsque sa campagne s’est mise à accepter les dons en cryptomonnaies. En juin, il a publiquement apporté son soutien aux mineurs de Bitcoin, espérant voir la fin du minage “ici même en Amérique”. Mais c’est en juillet, lors de la Bitcoin Conference de Nashville, que Trump a marqué les esprits :
Des promesses en phase avec les attentes des crypto-enthousiastes, beaucoup voyant en Gensler un frein au développement du secteur. Au-delà des discours, Trump multiplie les gestes symboliques comme ce paiement très médiatisé en Bitcoin dans un bar de New York.
World Liberty Financial, le projet crypto de Trump
Lancée en septembre, la plateforme DeFi World Liberty Financial (WLF) est le projet phare de Trump dans le domaine. Présentée comme une “crypto-banque”, elle vise à lever 300 millions de dollars via son token WLFI. Mais des zones d’ombre persistent, Trump et sa famille étant pressentis pour recevoir 75% des revenus alors que seuls 12,9 millions ont été collectés à ce stade.
L’approche prudente de Harris
Face à l’activisme de Trump, Kamala Harris affiche une approche plus mesurée. Si le sujet n’est pas au coeur de sa campagne, des signaux montrent qu’elle a pris la mesure de l’enjeu crypto, notamment via son “Opportunity Agenda” visant à protéger les investisseurs, en particulier dans les communautés noires où plus de 20% possèdent des crypto-actifs.
Son équipe promet un cadre réglementaire permettant aux cryptos de se développer dans un environnement sûr. Mais sa relation avec la communauté crypto reste à construire, comme l’a montré l’accueil mitigé d’un récent événement en ligne jugé trop vertical par certaines figures du secteur.
Malgré ces couacs, Harris reçoit le soutien discret de grands noms comme Chris Larsen, cofondateur de Ripple, qui voit en elle la garante d’une “approche pragmatique” et de “règles claires”. Une vision à l’opposé de la SEC de Gensler dont Harris prend subtilement ses distances, sans pour autant faire de promesses fracassantes à la Trump.
Les crypto-électeurs feront-ils la différence ?
À quelques jours du scrutin, Trump semble en pole position avec 60,1% des intentions de vote sur les marchés prédictifs comme Polymarket, contre 39,8% pour Harris. Un écart qui s’est creusé ces derniers jours, porté par le regain d’optimisme sur le marché crypto où le Bitcoin frôle les 70 000$. Une dynamique favorable à Trump ?
Mais la donne pourrait encore changer d’ici le vote, au gré de l’évolution du marché et des dernières cartouches des candidats. Une chose est sûre : le vote des crypto-électeurs sera scruté de près dans ce sprint final. Car au-delà de l’élection, c’est l’avenir de la régulation crypto qui se joue.
Reste à savoir si les effets d’annonce de Trump se concrétiseront en cas de victoire ou si l’approche prudente de Harris est la plus adaptée pour accompagner le développement du secteur sur le long terme. Les électeurs crypto devront trancher entre ces deux visions. Un choix qui pourrait peser lourd pour les quatre prochaines années.