La chute de l’échange décentralisé Mango Markets depuis le piratage rocambolesque de décembre 2022 semble ne connaître aucun répit. Malgré la restitution d’une grande partie des 110 millions de dollars dérobés par le hacker Avraham Eisenberg, les conséquences de cet incident retentissant n’en finissent pas de s’abattre sur la plateforme opérant sur la blockchain Solana.
Au cours des derniers mois, la Securities and Exchange Commission (SEC), le Département de la Justice américain (DoJ) ainsi que la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) ont tous ouvert des enquêtes sur les pratiques de Mango Markets. Au-delà de la perte massive de fonds, c’est la réputation même de l’échange qui a été sévèrement écornée. Sans surprise, les résultats financiers ont également souffert de cette très mauvaise publicité.
Un nouveau litige à 500 000 dollars avec la CFTC
Aujourd’hui, c’est au tour du régulateur des matières premières, la CFTC, de venir ajouter son nom à la liste des poursuites contre Mango Markets. L’instance reproche à la plateforme plusieurs manquements réglementaires :
- L’absence d’enregistrement en tant qu’opérateur d’échange de marchandises
- La fourniture illégale de services à des clients basés aux États-Unis
- La mise en place insuffisante de mesures de contrôle d’identité des utilisateurs
Face à ces allégations, les représentants légaux de Mango Markets ont proposé à la communauté de leur DAO de voter sur le paiement de 500 000 dollars à la CFTC. L’objectif ? Éviter une coûteuse procédure judiciaire à l’issue plus qu’incertaine.
Il semblerait que les détenteurs de tokens MNGO aient massivement approuvé cette proposition, avec plus de 123 millions de voix pour et aucune contre. Le montant du règlement sera donc prélevé sur la trésorerie de la DAO.
Un précédent avec la SEC en août dernier
Ce type d’arrangement financier pour mettre fin à des poursuites n’est pas une première pour Mango Markets. En août 2023, la plateforme avait déjà dû verser 670 000 dollars à la SEC concernant la vente de son jeton natif, le MNGO.
Deux entités collaborant avec Mango Markets, Mango Labs et Blockworks Foundation, avaient également été visées par la procédure. L’accord avait permis de clore le dossier, du moins avec la SEC.
Un hacker qui aura fait date
Impossible d’évoquer les déboires de Mango Markets sans revenir sur l’incroyable procès de son pirate, Avraham Eisenberg, qui s’est tenu au printemps dernier. Pour rappel, ce trader professionnel était parvenu à détourner près de 110 millions de dollars des coffres de la plateforme en manipulant le cours de ses cryptomonnaies.
Lors de son audience, Eisenberg avait tenté une défense pour le moins originale, soutenant qu’il s’agissait en réalité d’un “simple emprunt” ou d’un “trading efficace”. Sans surprise, le tribunal n’a pas été convaincu par ces arguments créatifs et a reconnu l’évidence du piratage.
Un avenir semé d’embûches pour les exchanges décentralisés
Au-delà du cas spécifique de Mango Markets, cette succession d’affaires judiciaires met en lumière les défis majeurs auxquels font face les plateformes d’échanges décentralisées. Entre piratages à répétition et pression croissante des régulateurs, leur modèle économique et juridique semble de plus en plus remis en question.
Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’industrie des DEX en général et pour Mango Markets en particulier. Il apparaît de plus en plus clairement que leur survie dépendra de leur capacité à se mettre en conformité avec les exigences réglementaires, tout en renforçant drastiquement leur sécurité. Un défi de taille qui pourrait bien décider du visage de la finance décentralisée de demain.