Lors d’une récente conférence, Vibhu Norby, PDG de la startup DRiP, a avancé un argument surprenant : selon lui, la technologie blockchain, de par sa transparence et sa rapidité de circulation de l’information, aurait tendance à réduire la spéculation sur les marchés des cryptomonnaies. Une affirmation à contre-courant qui mérite qu’on s’y attarde.
La transparence comme rempart à la spéculation
Pour illustrer son propos, Norby a eu recours à une simple métaphore. Imaginons un sac contenant une perruque violette. Tant qu’on ne sait pas ce qu’il y a dans le sac, on peut spéculer à l’infini sur son contenu. Mais dès lors qu’on l’ouvre et que l’information est révélée à tous, la spéculation n’a plus lieu d’être. C’est exactement le même principe qui s’applique avec la blockchain, argue-t-il.
En effet, une blockchain est un système où tous les participants ont accès aux mêmes informations, en temps réel. Chaque transaction est enregistrée de manière immuable et consultable par tous dans un grand livre ouvert. Difficile dans ces conditions de maintenir longtemps une quelconque spéculation.
Les prêts on-chain, moins spéculatifs
Norby prend l’exemple des prêts décentralisés (ou prêts “on-chain”) pour étayer sa thèse. Sur les marchés traditionnels, les prêts reposent souvent sur des notations de crédit opaques et des valorisations d’actifs invérifiables. Autant de zones d’ombre propices aux paris spéculatifs.
À l’inverse, les prêts on-chain exigent une collatéralisation complète. Autrement dit, chaque prêt doit être intégralement couvert par la valeur de l’actif sous-jacent, elle-même publiquement vérifiable sur la blockchain. Ce système bien plus transparent laisse donc beaucoup moins de place à la spéculation, selon Norby.
Des variations de prix révélatrices
Alors comment expliquer les brutales variations de cours qu’on observe régulièrement sur le marché des cryptomonnaies ? Pour le PDG de DRiP, il ne s’agirait pas tant de spéculation que d’un processus ultra-rapide de découverte des prix.
Grâce à la vitesse de circulation de l’information permise par les blockchains, le marché serait capable de déterminer très vite la valeur réelle d’un actif. Si de nombreux tokens voient leur cours s’effondrer peu après leur lancement, c’est tout simplement que le marché leur attribue une valeur fondamentale quasi-nulle.
En somme, en réduisant les asymétries d’information et en accélérant la découverte des prix, la technologie blockchain limiterait structurellement la spéculation. Une théorie audacieuse, qui bouscule nombre d’idées reçues. Le débat est lancé.