Au cœur de la crypto-sphère, une étrange rumeur enfle depuis quelques jours : la CIA serait à l’origine de la création de Solana, l’une des blockchains les plus en vue du moment. Après les spéculations sur l’implication de l’agence dans la naissance de Bitcoin, c’est au tour de Solana d’être au centre des théories complotistes. Mais qu’en est-il vraiment ?
Les origines officielles de Solana remises en question
Officiellement, Solana a été fondée en 2017 par Anatoly Yakovenko, ancien ingénieur de Qualcomm, et Raj Gokal, un entrepreneur de la Silicon Valley. Le projet visait à créer une blockchain ultra-rapide et évolutive, capable de rivaliser avec les géants du secteur comme Ethereum. Mais pour certains, cette histoire ne serait qu’une façade.
Les arguments avancés par les partisans de la théorie CIA
Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, plusieurs internautes ont partagé leur conviction que la CIA serait derrière Solana. Leurs arguments ?
- Solana aurait une philosophie opposée au cyberpunk, mouvement prônant la décentralisation et la protection de la vie privée.
- Le lancement du projet aurait été entaché d’injustices, rappelant les méthodes opaques des services secrets.
- L’implication de Sam Bankman-Fried, figure controversée de la crypto, serait un indice supplémentaire.
- La CIA est connue pour avoir soutenu des projets technologiques comme TOR ou Signal, et aurait confirmé posséder des cryptomonnaies.
Des arguments qui ne tiennent pas la route
Pourtant, en y regardant de plus près, cette théorie complotiste semble bien fragile. La plupart des “preuves” avancées reposent sur des raccourcis hasardeux et des généralités sur les liens entre la CIA et le secteur technologique. Le fait que des agents rejoignent ensuite des entreprises de la Silicon Valley ne suffit pas à faire de chaque projet une création des services secrets.
Un raisonnement fallacieux
Les arguments des complotistes sur Solana rappellent un sophisme classique :
- Socrate aime les pommes
- Les chevaux aiment les pommes
- Donc Socrate est un cheval
Un raisonnement en apparence logique, mais grossier et sans fondement, malheureusement courant dans les théories du complot.
Aucune preuve tangible d’un lien Solana-CIA
En réalité, rien ne vient étayer concrètement la thèse d’une création de Solana par la CIA. Les partisans de cette théorie se basent sur des coïncidences, des suppositions et des généralités sur l’influence de l’agence dans le milieu technologique. Mais ils sont incapables de fournir des preuves directes et indiscutables d’un lien entre Solana et les services secrets américains.
Bien sûr, il est impossible d’écarter totalement la possibilité d’une implication de la CIA, par nature experte en opérations secrètes. Mais en l’absence d’éléments tangibles, cette théorie relève davantage du fantasme complotiste que de l’enquête sérieuse. Elle illustre surtout la fascination et la méfiance qu’exercent les services de renseignement sur une partie de la communauté crypto, prompte à voir leur main invisible derrière chaque projet.
La CIA, un acteur intrigant de l’écosystème crypto
S’il est peu probable que la CIA soit directement à l’origine de Solana, son intérêt pour les cryptomonnaies n’en est pas moins réel et source de nombreuses interrogations. L’agence a confirmé détenir des actifs numériques et suit de près l’évolution de ce secteur, y voyant à la fois des opportunités et des risques.
Certains projets soutenus officieusement par la CIA, comme le réseau d’anonymisation TOR, ont d’ailleurs joué un rôle important dans le développement de l’écosystème crypto. Et les liens étroits entre le monde du renseignement et celui de la technologie, avec de fréquents allers-retours de personnels, alimentent les spéculations sur une potentielle influence des services secrets.
Mais de là à imaginer un vaste complot où la CIA créerait en secret les principales cryptomonnaies, il y a un pas que la raison ne saurait franchir sans preuves solides. La théorie faisant de Solana une invention de Langley semble pour l’heure relever davantage du mythe que de la réalité. Elle illustre néanmoins l’aura sulfureuse de la CIA et la propension d’une partie de la communauté crypto à la voir agir dans l’ombre de chaque projet. Une façon paradoxale de reconnaître l’importance prise par les cryptos, désormais considérées comme un enjeu géostratégique majeur, jusque dans les arcanes du renseignement.