Imaginez ouvrir votre application bancaire un matin et découvrir que votre compte professionnel, celui qui fait vivre votre entreprise crypto, a purement et simplement disparu. Plus d’accès, plus de fonds, plus de paiements fournisseurs, plus de salaires. C’est exactement ce qu’ont vécu des centaines d’entrepreneurs américains entre 2020 et 2023. Et ce n’était pas un bug.

Le scandale du « debanking » crypto enfin reconnu par Washington

Le 10 décembre 2025, le Bureau du Contrôleur de la Monnaie (OCC) a publié les résultats préliminaires d’une enquête ordonnée par Donald Trump dès son retour au pouvoir. Verdict sans appel : neuf des plus grandes banques américaines ont sciemment restreint l’accès aux services financiers à toute une série de secteurs jugés « à risque » ou « controversés ». Et devinez qui figurait en bonne place sur la liste noire ? Le secteur des cryptomonnaies.

Cette pratique, baptisée debanking, consiste à fermer ou refuser d’ouvrir des comptes bancaires à des clients en raison de leur activité, sans justification valable ni procédure transparente. Elle était devenue endémique sous l’administration Biden.

« Il est regrettable que les plus grandes banques du pays aient pensé que ces politiques de débancarisation préjudiciables étaient un usage approprié de leur charte accordée par le gouvernement et de leur pouvoir de marché. »

Jonathan Gould, Contrôleur de la Monnaie par intérim – Décembre 2025

Quelles banques sont concernées ?

L’OCC n’a pas encore publié la liste officielle des neuf établissements, mais les noms circulent déjà avec insistance dans les couloirs de Washington et sur Crypto Twitter : JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citibank, U.S. Bank, PNC, Truist, TD Bank et Capital One seraient dans le viseur. Des géants qui contrôlent plus de 60 % des dépôts aux États-Unis.

Ces banques appliquaient des politiques internes ultra-restrictives : examens supplémentaires interminables, refus systématiques de comptes professionnels, clôtures brutales sans préavis. Certaines allaient jusqu’à exiger des clients crypto qu’ils prouvent que moins de 5 % de leur activité était liée aux cryptomonnaies pour espérer conserver leur compte.

Une discrimination qui ne touchait pas que la crypto

Le rapport OCC révèle que les mêmes banques appliquaient le même traitement à d’autres secteurs jugés « politiquement sensibles » :

  • Exploration pétrolière et gazière
  • Exploitation minière du charbon
  • Fabricants d’armes à feu
  • Prisons privées
  • Industrie du tabac et cigarettes électroniques
  • Divertissement pour adultes

On reconnaît là la patte des mouvements ESG (Environnement, Social, Gouvernance) poussés à l’extrême par certaines directions de conformité sous pression d’ONG et d’investisseurs activistes.

L’héritage toxique de l’Opération Choke Point 2.0

Beaucoup dans l’industrie crypto parlent d’une Opération Choke Point 2.0. La première version, sous Obama entre 2013 et 2017, visait officiellement les commerces à haut risque (prêteurs sur salaire, casinos…). Elle avait été arrêtée après un scandale. Mais dès 2020, les mêmes mécanismes sont réapparus, en plus discret et sans nom officiel.

Des documents internes fuités (notamment ceux de la FDIC) montraient que les régulateurs demandaient aux banques de « gérer le risque réputationnel » lié aux clients crypto. Traduction : fermez-leur la porte, et vite.

Les grandes dates du debanking crypto aux USA

  • Janvier 2023 – La FDIC, la Fed et l’OCC publient une déclaration commune mettant en garde contre les « risques » des cryptomonnaies
  • Mars 2023 – Fermeture brutale de Silvergate Bank puis Signature Bank, deux des rares banques réellement crypto-friendly
  • Été 2023 – Custodia Bank (ex-Avanti) voit son application pour un master account refusée par la Fed malgré l’accord de la Fed de Kansas City
  • 2024 – Kraken, Coinbase et une dizaine d’entreprises attaquent la SEC et la FDIC en justice pour coordination illégale
  • Août 2025 – Donald Trump signe le décret ordonnant l’enquête OCC
  • 10 décembre 2025 – Publication des premiers résultats accablants

Les voix qui estiment que le rapport OCC ne va pas assez loin

Si la communauté crypto salue la reconnaissance officielle du debanking, nombreux sont ceux qui trouvent le rapport trop timide.

Caitlin Long, fondatrice de Custodia Bank et l’une des figures les plus respectées du Bitcoin banking, a été particulièrement virulente sur X :

« Le vrai scandale n’est pas venu des grandes banques (elles ont suivi les ordres), mais de la FDIC et de la Fed qui ont littéralement forcé les petites et moyennes banques à couper tout lien avec la crypto. L’OCC était le seul régulateur qui essayait de jouer selon règles. »

Caitlin Long – 10 décembre 2025

Nick Anthony, analyste au Cato Institute, abonde dans le même sens : le rapport oublie sciemment le rôle central des régulateurs dans l’orchestration de cette politique.

Conséquences concrètes pour l’industrie crypto américaine

Pendant trois ans, des startups ont dû :

  • Déplacer leurs fonds à l’étranger (Singapour, Suisse, Emirats)
  • Utiliser des comptes personnels pour faire tourner leur société (risque énorme)
  • Payer des frais exorbitants à des néo-banques ou fintech souvent peu fiables
  • Reporter ou annuler leur levée de fonds faute de compte bancaire crédible

Le coût total pour l’écosystème crypto US est estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars en croissance perdue.

Le vent tourne enfin à Washington

Depuis le retour de Donald Trump, les signaux sont au vert :

  • Nomination de régulateurs pro-crypto (Paul Atkins à la SEC, etc.)
  • Retrait des directives anti-crypto de la FDIC
  • Projet de loi pour clarifier le statut des banques crypto
  • Création annoncée d’une « Strategic Bitcoin Reserve » nationale

Les grandes banques, elles, commencent à faire machine arrière. JPMorgan et Goldman Sachs ont discrètement repris l’ouverture de comptes institutionnels crypto dès l’automne 2025.

Et maintenant ? Sanctions ou simple rappel à l’ordre ?

L’OCC peut infliger des amendes, imposer des changements de gouvernance, voire retirer la licence bancaire en cas extrême. Mais la tradition veut que les grandes banques trop grosses pour faire faillite s’en sortent avec des accords amiables et des dons à des associations.

Certaines voix, comme celle du sénateur Cynthia Lummis, appellent à des sanctions exemplaires et à la publication immédiate des noms. D’autres, plus modérés, préfèrent une sortie de crise rapide pour ne pas fragiliser le système bancaire.

Une chose est sûre : l’industrie crypto américaine retient son souffle. Ce rapport n’est qu’un début. Les vraies responsabilités – celles des régulateurs qui ont donné les ordres – restent à établir.

Et vous, pensez-vous que les banques vont payer pour ces années de discrimination ? Ou que, comme d’habitude, tout finira par un accord confidentiel et quelques millions d’amende dérisoires ?

Une chose est certaine : le secteur crypto n’oubliera pas. Et il a désormais le vent en poupe.

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