Imaginez un token qui perd près de la moitié de sa valeur en quelques mois, touche le fond, puis remonte brutalement de plus d’un tiers en une semaine. C’est exactement ce qui arrive à WLFI, le projet crypto porté par la famille Trump. Et derrière ce rebond spectaculaire se cachent des opérations financières XXL qui interrogent autant qu’elles fascinent.
WLFI : le phénix crypto de la famille Trump est-il en train de renaître ?
Depuis plusieurs jours, World Liberty Financial rachète ses propres tokens à tour de bras. Des millions de dollars dépensés, des dizaines de millions de WLFI retirés du marché. Le cours réagit immédiatement : +10 % en quelques heures, puis +36 % depuis le point bas du 21 novembre. Un mouvement qui tranche dans un marché crypto encore groggy après le grand krach d’octobre.
Mais derrière les chiffres se pose une question brutale : est-ce une stratégie visionnaire ou une opération de la dernière chance pour sauver un actif en perdition ?
Des rachats à un rythme jamais vu
En l’espace de quelques heures seulement, le projet a englouti près de 10 millions de dollars pour racheter environ 59 millions de WLFI. Ce n’est pas un one-shot : c’est la troisième vague massive en deux mois.
Chronologie des rachats WLFI (2025) :
- Fin septembre : ~1 million de dollars
- Début octobre : 7,7 millions de dollars (prix moyen ~0,16 $)
- Mi-novembre : près de 10 millions de dollars en quelques heures
- Mécanisme permanent validé par la gouvernance : 100 % des frais de liquidité → rachats + burns
Cette stratégie rappelle les programmes de rachat d’actions des grandes entreprises cotées, mais en version crypto et à la puissance dix. Chaque token racheté est retiré de la circulation ou brûlé, ce qui réduit mécaniquement l’offre disponible.
Résultat ? Le marché, ultra-sensible à ces opérations, réagit au quart de tour. Le volume explose, les acheteurs reviennent, et le prix rebondit violemment.
Un rebond de 36 % qui ne raconte pas toute l’histoire
Oui, WLFI a repris 36 % depuis son plus bas à 0,11 dollar. Oui, c’est impressionnant dans un marché encore hésitant. Mais remettons les choses en perspective : le token s’échange toujours à moins 48 % par rapport à son prix de lancement de janvier 2025.
« Un rebond technique ne fait pas une tendance. Tant que le prix reste sous les anciens supports, la pression vendeuse domine encore. »
Analyste on-chain anonyme très suivi sur CT
Le graphique parle de lui-même : après une phase de distribution massive post-lancement, le token a connu une descente continue, accélérée par le krach du 10 octobre qui a effacé 19 milliards de dollars de capitalisation sur l’ensemble du marché en une seule journée.
Aujourd’hui, chaque rachat agit comme un électrochoc temporaire. Mais pour transformer l’essai, il faudra bien plus que des opérations de trésorerie.
La fortune crypto des Trump en jeu
On parle souvent de WLFI comme d’un simple altcoin parmi d’autres. Grave erreur. Ce token représente le cœur battant de l’empire crypto construit par la famille Trump en 2025.
Chiffres officieux mais largement repris : les différentes activités crypto du clan (WLFI, memecoin TRUMP, stablecoin USD1) auraient généré plus de 800 millions de dollars de revenus sur les six premiers mois de l’année. À son pic début septembre, la valeur théorique des avoirs en WLFI atteignait près de 5 milliards de dollars.
Évolution estimée de la fortune crypto Trump (2025) :
- Début septembre : ~7,7 milliards de dollars
- Fin novembre : ~6,7 milliards de dollars
- Perte : plus d’1 milliard de dollars en moins de 3 mois
Un wallet lié au projet détient encore des quantités astronomiques de tokens non déverrouillés. Chaque cent de baisse du cours représente des dizaines de millions de dollars en moins sur le papier. Dans ce contexte, les rachats ne sont pas seulement une stratégie marketing : ils sont une nécessité vitale pour protéger la valeur de ces réserves.
Le précédent des burns : une arme à double tranchant
La communauté WLFI a voté une proposition radicale : tous les frais générés par la liquidité du protocole sont désormais utilisés pour racheter et brûler des tokens. Une mécanique deflationniste pure et dure.
Sur le papier, c’est génial : moins de tokens en circulation = rareté accrue = valeur théoriquement plus élevée. On a vu ce mécanisme fonctionner à merveille sur certains projets (BNB de Binance en tête).
Mais il y a un hic majeur : pour que ça marche durablement, il faut du volume et de l’activité réelle. Si personne n’utilise le protocole, les frais restent proches de zéro, et le mécanisme de burn devient symbolique.
World Liberty Financial : au-delà du token, un écosystème à construire
Car WLFI n’est pas qu’un simple token spéculatif. Derrière, il y a tout un écosystème DeFi avec lending, borrowing, et surtout le stablecoin USD1 qui commence à se faire une place dans certains cercles.
Le pari des Trump ? Transformer le nom et l’aura politique en une marque financière crypto crédible. Un défi colossal quand on connaît la volatilité du secteur et la méfiance de certains puristes crypto envers tout ce qui touche à la politique traditionnelle.
Pour l’instant, le récit tient surtout grâce à trois piliers :
- Le nom Trump (effet réseau immédiat)
- Les rachats massifs (soutien artificiel du prix)
- Le storytelling “liberté financière” face aux banques traditionnelles
Mais à moyen terme, il faudra des utilisateurs réels, des volumes de prêt/emprunt significatifs, et une adoption du stablecoin USD1 pour que le projet passe du statut de “Trump coin” à celui de protocole DeFi sérieux.
Ce que nous disent les données on-chain
Les chiffres bruts sont sans appel. Malgré les rachats, les grandes baleines continuent de distribuer doucement leurs tokens. Le nombre d’adresses détenant plus de 1 million de WLFI a légèrement baissé depuis octobre.
En parallèle, on observe une augmentation notable des petites adresses (moins de 100 000 tokens). Signe que le FOMO commence à toucher le grand public ? Possible. Mais cela ressemble aussi au schéma classique des pumps artificiels suivis de distributions discrètes.
Et maintenant ? Trois scénarios possibles
Scénario 1 : Le cercle vertueux (probabilité 25 %)
Les rachats attirent de nouveaux capitaux → volume réel augmente → frais de protocole explosent → plus de burns → rareté accrue → prix monte durablement → effet boule de neige. Le projet devient un vrai acteur DeFi.
Scénario 2 : Le sursis temporaire (probabilité 50 %)
Les rachats continuent de soutenir le prix tant que la trésorerie le permet. Le cours oscille dans une fourchette large mais ne retrouve jamais ses sommets. WLFI reste un token “politique” suivi par curiosité plus que par conviction.
Scénario 3 : L’effondrement différé (probabilité 25 %)
La trésorerie s’épuise, les rachats ralentissent, les vendeurs reviennent en force. Le token replonge vers de nouveaux bas, entraînant avec lui une partie de la crédibilité crypto de la famille Trump.
Conclusion : un pari fou qui pourrait payer… ou coûter très cher
En injectant des dizaines de millions pour soutenir WLFI, la famille Trump joue gros. Elle protège sa fortune papier, certes, mais elle mise aussi sur sa capacité à transformer un nom en marque financière durable dans l’univers crypto.
Pour l’instant, la stratégie fonctionne : le token rebondit, les médias en parlent, de nouveaux acheteurs arrivent. Mais le chemin reste semé d’embûches. Dans ce secteur, la mémoire est courte et la concurrence féroce.
Une chose est sûre : rarement un projet crypto n’aura été aussi scruté, aussi polarisant, et aussi révélateur des nouvelles dynamiques entre politique, finance et blockchain. WLFI n’est pas qu’un token. C’est un test grandeur nature de ce que peut devenir la crypto quand elle s’invite au plus haut niveau du pouvoir et de la célébrité.
À suivre. De très près.

