Le monde de la crypto-monnaie a été secoué récemment par un échange houleux entre deux de ses figures les plus emblématiques. Vitalik Buterin, le charismatique co-fondateur d’Ethereum, s’est farouchement élevé contre les déclarations de Michael Saylor, président de MicroStrategy, concernant la régulation et la garde de Bitcoin (BTC).

Le cœur de la discorde : les propos controversés de Saylor

Tout a commencé lorsque Michael Saylor, connu pour son soutien indéfectible à Bitcoin, a tenu des propos pour le moins surprenants lors d’une interview avec Madison Reidy. Il y a en effet défendu l’idée que les détenteurs de Bitcoin devraient confier leurs actifs à de grandes institutions bancaires, celles considérées comme “too big to fail“.

Saylor a même été jusqu’à suggérer qu’une telle approche de “regulatory capture” permettrait de protéger Bitcoin et d’inciter les régulateurs à investir dans ces institutions. Un raisonnement qui n’a pas manqué de faire bondir Vitalik Buterin.

La réponse cinglante de Buterin

Dans un message au vitriol publié sur Twitter, le prodige canadien n’y est pas allé par quatre chemins. Qualifiant les commentaires de Saylor de “batshit insane” (complètement fous), il a exprimé son profond désaccord, s’insurgeant contre une approche qui lui semble aller à l’encontre de l’esprit même des crypto-monnaies.

He seems to be explicitly arguing for a regulatory capture approach to protecting crypto.

Vitalik Buterin

Buterin n’est pas le seul à avoir réagi. Des figures emblématiques comme Jameson Lopp, responsable sécurité chez Casa, ou Erik Voorhees, fondateur de ShapeShift, ont abondé dans son sens. Tous ont souligné les risques d’une telle stratégie et son incompatibilité avec la nature décentralisée de la crypto.

Saylor, champion de la garde autonome devenu partisan des banques ?

Ce qui rend les propos de Saylor d’autant plus déroutants, c’est qu’ils semblent en totale contradiction avec ses positions passées. Lui qui avait toujours défendu bec et ongles la garde autonome des Bitcoins, permettant à chacun de contrôler ses propres actifs, voilà qu’il préconise maintenant de les confier aux institutions bancaires traditionnelles.

Principes clés mis à mal par la proposition de Saylor :

  • Décentralisation : pilier fondateur des cryptomonnaies
  • Autonomie : contrôle total sur ses propres actifs
  • Résilience : ne pas dépendre d’entités centralisées

Dans une interview donnée en 2022 à Blockware, après l’effondrement retentissant de FTX, Saylor affirmait pourtant que la grande majorité des individus et entreprises préféraient détenir leurs propres clés privées plutôt que de confier leurs fonds à de grandes institutions bancaires. Un changement de cap à 180 degrés qui interroge.

I don’t think it’s a problem, I think that everybody will have the ability to take custody of their own Bitcoin.

Michael Saylor en 2022

MicroStrategy, plus gros détenteur de Bitcoin parmi les entreprises

Rappelons que MicroStrategy, l’entreprise dirigée par Michael Saylor, est connue pour avoir massivement investi dans Bitcoin. Avec pas moins de 252 220 BTC dans ses coffres, soit l’équivalent de plus de 5 milliards de dollars, elle détient la plus grande réserve de Bitcoin parmi les entreprises cotées en bourse.

Quant à Saylor lui-même, il a révélé posséder personnellement plus d’un milliard de dollars en Bitcoin depuis août 2024. Autant dire que ses déclarations ont un poids considérable dans l’écosystème crypto.

Le spectre de la “regulatory capture

Au cœur du débat soulevé par Saylor, on retrouve la notion de “regulatory capture“. Ce concept décrit une situation où les institutions censées réguler un secteur finissent par être “capturées” par les acteurs dominants de ce même secteur, au détriment de l’intérêt général.

C’est précisément ce que redoute Vitalik Buterin. Selon lui, encourager les détenteurs de Bitcoin à recourir aux grandes banques reviendrait à ouvrir la voie à une mainmise de ces institutions sur la crypto-monnaie phare. Un scénario aux antipodes de la philosophie originelle de Bitcoin, pensé comme un système décentralisé et résilient.

Les critiques de Buterin en résumé :

  • L’approche de Saylor favoriserait la “regulatory capture
  • Confier ses Bitcoins aux banques va à l’encontre de l’esprit crypto
  • Cela augmenterait les risques de prise de contrôle par les institutions
  • Il existe de nombreux précédents d’échec d’une telle stratégie

Le casse-tête de la régulation crypto

Cette passe d’armes entre Buterin et Saylor illustre à quel point la question de la régulation des crypto-monnaies reste épineuse. Alors que certains, comme Saylor, semblent prêts à faire des concessions pour obtenir les faveurs des régulateurs, d’autres, à l’instar de Buterin, défendent une ligne dure en phase avec les principes fondateurs de la crypto.

Une chose est sûre : dans un secteur en constante évolution et soumis à une pression réglementaire croissante, le débat est loin d’être clos. Les prochains mois et années s’annoncent cruciaux pour déterminer quelle direction prendra l’industrie des crypto-monnaies.

Face aux défis à venir, la communauté crypto devra faire preuve d’unité et de détermination pour préserver l’essence décentralisatrice et émancipatrice qui a fait le succès de Bitcoin et des autres crypto-monnaies. Un combat dans lequel les voix influentes comme celles de Vitalik Buterin et Michael Saylor continueront assurément de se faire entendre.

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