La régulation des cryptomonnaies est un sujet brûlant qui soulève de nombreux débats au sein de l’écosystème. Alors que l’objectif affiché est de protéger les utilisateurs et d’assurer un marché sain, force est de constater que les règles imposées semblent parfois manquer leur cible. C’est en tout cas l’avis tranché de Vitalik Buterin, le célèbre cofondateur d’Ethereum, qui n’hésite pas à qualifier la situation actuelle d’anarcho-tyrannie.
Une régulation à deux vitesses
Le problème soulevé par Buterin est que la réglementation crypto, en particulier aux États-Unis, semble plus sévère envers les projets sérieux et transparents qu’envers ceux aux promesses floues et douteuses. Comme il l’explique :
Si vous faites quelque chose d’inutile ou demandez de l’argent contre de vagues promesses, vous êtes tranquille. Mais si vous donnez à vos clients une histoire claire sur les retours et leurs droits, alors vous êtes fichu car considéré comme une ‘security’.
Un paradoxe qui crée selon lui un gradient d’incitation pervers, où les comportements les plus risqués pour les utilisateurs sont finalement les moins sanctionnés. Une situation qualifiée d’anarcho-tyrannie, pire à ses yeux que l’anarchie ou la tyrannie pure.
Vers une approche plus juste et efficace
Face à ce constat, Vitalik Buterin appelle de ses vœux une régulation inversée, qui ciblerait en priorité les projets opaques émettant des jetons sans explication claire sur leur valorisation à long terme. À l’inverse, les initiatives vertueuses appliquant les meilleures pratiques devraient pouvoir opérer en toute sérénité.
Pour y arriver, Buterin identifie plusieurs pistes :
- Mettre des limites sur les effets de levier
- Accroître la transparence sur les audits des protocoles DeFi
- Conditionner l’utilisation à des tests de connaissances plutôt qu’à des seuils de richesse
Des idées déjà évoquées en 2022 lors des débats houleux autour de l’affaire FTX, et qui restent plus que jamais d’actualité au vu des attaques récentes de la SEC contre des acteurs majeurs comme Consensys.
La nécessité d’un engagement commun
Mais pour en arriver là, le cofondateur d’Ethereum sait qu’il faudra un engagement de bonne foi des régulateurs comme de l’industrie. Un défi de taille vu les positions souvent antagonistes, mais crucial pour permettre à l’écosystème de se développer sereinement.
Car au-delà de la question de la protection des investisseurs, c’est bien l’avenir même des cryptomonnaies qui se joue. Selon Buterin, maintenir une régulation déséquilibrée et court-termiste ne ferait que freiner l’innovation et favoriser les acteurs malveillants, au détriment de tout le potentiel de transformation de la blockchain.
Un signal d’alarme fort, qui espérons-le sera entendu par les décideurs. Car s’il est indispensable d’encadrer ce secteur en plein essor, cela ne doit pas se faire au prix de l’étouffement des initiatives les plus prometteuses. L’équilibre est subtil, mais il en va de la maturité de cette industrie nouvelle, qui a plus que jamais besoin d’un terreau réglementaire sain et équitable pour déployer tout son potentiel.
