Et si une monnaie digitale, vantée comme l’avenir de la finance, n’était qu’un mirage coûteux ? C’est la question qui brûle les lèvres après les déclarations explosives d’un ancien économiste de la Banque d’Angleterre (BoE). Dans une tribune cinglante, Neil Record, ex-membre de cette institution prestigieuse, n’a pas mâché ses mots : la livre numérique, ce projet ambitieux porté par la BoE, serait une aberration économique, un gouffre financier sans réel intérêt pour le public. Alors que les cryptomonnaies décentralisées comme Bitcoin ou Ethereum captivent les foules, ce projet centralisé soulève des doutes. Plongeons dans cette polémique qui secoue le monde de la finance.

La Livre Numérique : Une Idée en Perdition ?

Depuis son annonce en 2021 par la Banque d’Angleterre et le Trésor britannique, la livre numérique – ou **CBDC** (Central Bank Digital Currency) – promettait une révolution. Une monnaie digitale contrôlée par l’État, sécurisée, pensée pour les transactions quotidiennes. Mais Neil Record, dans son réquisitoire publié dans *The Telegraph*, met le feu aux poudres : selon lui, ce projet n’a aucune légitimité. Alors, pourquoi cette levée de boucliers ?

Un Projet Sans Demande Réelle

Imaginez un produit que personne ne réclame, mais que l’on vous impose quand même. C’est ainsi que Record décrit la livre numérique. « Il n’y a aucune demande des consommateurs », assène-t-il. En effet, les Britanniques disposent déjà de systèmes de paiement numériques performants : applications bancaires, cartes sans contact, plateformes comme PayPal. Pourquoi alors créer une monnaie digitale d’État qui, de surcroît, n’offre aucun intérêt sur les soldes ?

Les chiffres qui interrogent :

  • 24 millions de livres sterling (plus de 30 millions de dollars) déjà dépensés dans le projet.
  • 80 % des Britanniques utilisent des paiements numériques au quotidien, selon une étude récente.
  • 0 % d’intérêt prévu sur la livre numérique, contrairement à certains comptes bancaires classiques.

Cette absence de valeur ajoutée est un argument choc. Si les citoyens ont déjà des outils efficaces, pourquoi encombrer le paysage financier avec une solution redondante ? Record va plus loin : il voit dans cette initiative une tentative désespérée de la BoE pour rester pertinente dans un monde où l’usage de l’argent liquide s’effondre.

Une Banque d’Angleterre en Panique ?

Neil Record pointe du doigt une motivation cachée : la survie économique de la Banque d’Angleterre elle-même. Avec la chute vertigineuse de l’utilisation des billets et des pièces, la BoE perd une source de revenus cruciale : les intérêts non perçus par les détenteurs d’argent physique. Cette manne finance en grande partie son indépendance. Un monde sans cash ? Un cauchemar pour l’institution.

« Un monde où le cash devient rare et peu détenu mettrait en péril le modèle économique de la Banque d’Angleterre, et donc son existence sous sa forme actuelle. »

Neil Record

Ce constat est troublant. La livre numérique ne serait-elle qu’un outil pour préserver le statu quo, plutôt qu’une réponse aux besoins modernes ? Record suggère que la BoE, inquiète de voir son influence diminuer face aux cryptomonnaies décentralisées, cherche à reprendre le contrôle. Mais à quel prix ?

La Confidentialité en Danger

Un autre écueil majeur soulevé par l’économiste : la question de la **confidentialité**. Dans un monde où les scandales de surveillance font les gros titres, l’idée d’une monnaie digitale gérée par une banque centrale fait frémir. Record argue que les Britanniques pourraient rechigner à confier leurs données financières à la BoE, perçue comme intrusive. À l’inverse, les systèmes bancaires privés actuels offrent déjà une certaine distance par rapport à l’État.

Et si la livre numérique devenait un outil de contrôle ? Cette crainte n’est pas nouvelle dans les débats autour des CBDC. Contrairement à Bitcoin, où l’anonymat relatif est possible, une monnaie d’État centralisée pourrait permettre un suivi précis des dépenses. Un scénario qui hérisse les défenseurs des libertés individuelles.

Un Gâchis Financier Monumental

Parlons argent. Avec plus de 30 millions de dollars déjà engloutis dans les études et consultations, la facture de la livre numérique commence à peser lourd. Pour Record, cet investissement est injustifiable. « Aucun des arguments avancés par la BoE ne justifie un projet financier d’une telle ampleur », écrit-il. Il appelle la banque à recentrer ses efforts sur ses missions essentielles, comme la maîtrise de l’inflation.

Pourquoi tant de dépenses ?

  • Consultations publiques menées depuis 2021.
  • Tests technologiques, dont des expérimentations sur les ZK-proofs pour la confidentialité.
  • Création des « Digital Pound Labs » pour tester le concept.

Face à ce constat, une question se pose : ces fonds n’auraient-ils pas été mieux utilisés ailleurs ? Dans un contexte économique tendu, où l’inflation galope et les cryptomonnaies privées explosent, la BoE semble s’entêter dans une voie sans issue.

Comparaison avec les Cryptomonnaies Privées

Mettons les choses en perspective. Pendant que la BoE planche sur sa livre numérique, Bitcoin atteint des sommets à 91 865 $ et Solana grimpe de 10 % en une giornata. Ces monnaies décentralisées séduisent par leur flexibilité et leur indépendance. La livre numérique, elle, semble pâle en comparaison : pas d’intérêt, pas de décentralisation, et une bureaucratie pesante en toile de fond.

Record le souligne : les comptes bancaires traditionnels britanniques offrent déjà des intérêts sur les soldes, un avantage que la CBDC ne propose pas. Pourquoi un consommateur lambda troquerait-il son compte Revolut ou Barclays pour une monnaie d’État sans attrait ? La réponse semble évidente.

Un Projet International Contesté

La livre numérique n’est pas un cas isolé. Partout dans le monde, les CBDC font débat. En Russie, le lancement d’un rouble numérique est retardé pour peaufiner son modèle économique. Aux États-Unis, certains plaident pour leur interdiction pure et simple, arguant qu’elles menacent les libertés. Record s’inscrit dans cette mouvance critique, voyant dans ces initiatives une dérive technocratique.

« Une offre de la Banque centrale qui ressemble à un compte courant classique aurait du mal à séduire. »

Neil Record

Et pourtant, la BoE persiste. Des avancées techniques, comme l’intégration des *ZK-proofs* pour protéger la vie privée, montrent une volonté d’innover. Mais ces efforts suffiront-ils à convaincre un public sceptique ? Rien n’est moins sûr.

Que Faire Alors ?

Neil Record ne se contente pas de critiquer : il propose une alternative. Pour lui, la BoE devrait abandonner ce projet pharaonique et se concentrer sur ses priorités. Contrôler l’inflation, soutenir l’économie réelle, laisser les innovations financières au secteur privé. Un retour aux fondamentaux, en somme.

Mais la Banque d’Angleterre écoutera-t-elle cet avertissement ? Avec des consultations toujours en cours et aucune décision finale prise, l’avenir de la livre numérique reste incertain. Une chose est sûre : la polémique est loin d’être terminée.

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