Le 13 décembre dernier, Mohammed Azharuddin Chhipa, un habitant de Springfield, a été reconnu coupable par un jury fédéral de plusieurs chefs d’accusation liés à l’État islamique d’Irak et du Levant (Daesh), une organisation terroriste étrangère. Selon le communiqué de presse du procureur des États-Unis, les preuves présentées lors du procès ont démontré que Chhipa a orchestré un stratagème s’étalant sur plusieurs années, d’au moins octobre 2019 à 2022, visant à acheminer des fonds à des partisanes féminines de Daesh en Syrie.
Ces fonds auraient contribué à financer un éventail d’activités terroristes, notamment en permettant l’évasion de personnes ayant des liens avec Daesh depuis des camps de prisonniers, ainsi qu’en finançant directement les combattants de l’organisation. Les procureurs ont même dépeint l’utilisation de cryptomonnaies par l’accusé comme un élément central de son mode opératoire, lui permettant de dissimuler l’origine et la destination des fonds transférés.
Un réseau de financement terroriste démantelé
Le principal contact de Chhipa était une djihadiste britannique basée en Syrie qui avait financé des évasions de prison et des attentats terroristes, en plus d’apporter un soutien direct aux combattants de Daesh. Au total, tout au long du complot, Chhipa a transféré l’équivalent de plus de 185 000 dollars en cryptomonnaies, convertissant l’argent qu’il collectait en ligne et en personne. Il recevait des contributions en monnaie fiduciaire par le biais de transferts électroniques et d’espèces, puis les convertissait en crypto avant de les envoyer à des intermédiaires en Turquie.
Les chefs d’accusation retenus comprennent :
- Complot en vue de fournir un soutien financier ou des ressources à une organisation terroriste étrangère désignée
- Quatre chefs d’accusation pour avoir fourni ou tenté de fournir un tel soutien
Chhipa risque jusqu’à 20 ans de prison fédérale pour chaque chef d’accusation, et une date de condamnation a été fixée au 5 mai 2025. Étant donné que les peines peuvent être inférieures au maximum prévu par la loi, la peine dans cette affaire sera déterminée par le tribunal de district fédéral après examen des directives et des facteurs applicables.
L’utilisation croissante des cryptomonnaies à des fins illicites inquiète
Cette affaire, portée par le bureau du procureur des États-Unis pour le district est de Virginie et la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice, met en lumière un problème de longue date dans l’industrie des cryptomonnaies. Selon Chainalysis, les volumes de transactions en cryptomonnaies illicites ont atteint un niveau record de 20,1 milliards de dollars en 2022, contre 14 milliards de dollars en 2021.
Les régulateurs et les forces de l’ordre s’inquiètent de plus en plus de l’utilisation des cryptomonnaies pour financer des activités illégales, notamment le terrorisme, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue. L’anonymat relatif offert par ces monnaies digitales et la difficulté à tracer les transactions les rendent attrayantes pour les criminels.
Vers une régulation plus stricte du secteur des cryptomonnaies ?
Face à ces défis, de nombreux pays envisagent de renforcer la réglementation sur les cryptomonnaies. Les plateformes d’échange et les fournisseurs de services liés aux actifs virtuels pourraient être soumis à des obligations accrues en matière de vérification d’identité des clients (KYC) et de lutte contre le blanchiment d’argent (AML).
Certains experts estiment cependant qu’une régulation trop stricte risquerait d’étouffer l’innovation dans ce secteur en pleine expansion. Un équilibre doit être trouvé entre la protection des citoyens et la préservation des opportunités offertes par cette nouvelle classe d’actifs.
En attendant, l’affaire Mohammed Azharuddin Chhipa rappelle les risques liés à l’utilisation malveillante des cryptomonnaies et la nécessité pour les autorités de rester vigilantes face à ces nouvelles menaces. La condamnation de cet Américain envoie un message fort : le financement du terrorisme, même via des monnaies digitales, ne restera pas impuni.