Qui aurait cru que Telegram, l’application de messagerie lancée en 2013 par les frères Durov, deviendrait un jour un acteur incontournable de l’écosystème crypto ? C’est pourtant le chemin étonnant qu’a emprunté la plateforme ces dernières années, passant de simple outil de communication à véritable géant de la blockchain. Retour sur cette transformation hors du commun.
Telegram : des débuts axés sur la confidentialité
Lorsque Pavel et Nikolai Durov fondent Telegram en 2013, leur objectif est clair : proposer une messagerie rapide, sécurisée et respectueuse de la vie privée. Le succès est rapidement au rendez-vous, porté par des fonctionnalités novatrices comme les chats chiffrés et les groupes pouvant accueillir jusqu’à 200 000 membres.
Au fil des années, Telegram enrichit son offre avec l’arrivée des appels vocaux en 2017, de la vidéo en 2020, ou encore des chaînes permettant de diffuser des messages à large échelle. Mais en coulisses, les frères Durov ont une vision bien plus ambitieuse pour leur création : bâtir une plateforme décentralisée révolutionnant les échanges numériques.
Le projet TON, ou les grandes ambitions blockchain de Telegram
Cette ambition prend forme en 2018 avec la publication d’un livre blanc détaillant le fonctionnement du futur TON (Telegram Open Network), une blockchain ultra-performante intégrée à l’application. Telegram lève alors 1,7 milliard de dollars auprès de 175 investisseurs via une vente privée de sa cryptomonnaie, le Gram.
Mais c’était sans compter sur la SEC, le gendarme boursier américain, qui voit d’un mauvais œil cette opération. S’ensuit une longue bataille judiciaire qui contraint Telegram à abandonner le développement de TON en mai 2020 et à rembourser ses investisseurs. Un revers cuisant, mais pas suffisant pour faire dérailler le virage crypto de la messagerie.
Un écosystème florissant autour de TON malgré tout
Car même sans Telegram aux commandes, le réseau TON a continué son bonhomme de chemin, repris par une communauté de développeurs indépendants. Rebaptisé The Open Network, il est depuis 2021 chapeauté par la TON Foundation, une organisation à but non lucratif.
De son côté, Telegram n’a jamais cessé de soutenir l’écosystème en intégrant notamment le wallet TON en septembre 2023 et en faisant du Toncoin sa cryptomonnaie officielle. Cette confiance renouvelée a dynamisé tout le réseau, dont la valeur totale verrouillée a franchi la barre des 300 millions de dollars en mai 2024.
Mini-apps et tap-to-play : Telegram mise sur les usages blockchain
Mais surtout, Telegram a su tirer parti de sa large base d’utilisateurs (950 millions en 2024 !) pour favoriser l’adoption des mini-apps décentralisées. Les jeux « tap-to-play » comme Hamster Kombat ou Catizen connaissent un succès fulgurant avec des dizaines de millions de joueurs.
En juillet 2024, Telegram a même inauguré son propre mini-app store, où les utilisateurs peuvent retrouver toutes ces applications décentralisées. Et avec 500 millions d’entre eux interagissant chaque mois avec ces mini-apps, le potentiel est énorme.
Et maintenant ? Telegram regarde vers l’avenir (et la bourse ?)
Après ce virage à 180 degrés réussi, quelles sont les prochaines étapes pour Telegram ? La messagerie vise la rentabilité d’ici 2025 et envisage même une possible introduction en bourse. Une perspective alléchante pour les obligataires qui ont prêté 2 milliards de dollars à l’entreprise depuis 2021.
Une chose est sûre : de messagerie confidentielle à géant blockchain incontournable, le parcours de Telegram ces dix dernières années force le respect. Et au vu des récents développements, gageons que l’aventure est loin d’être terminée ! L’application semble déterminée à jouer un rôle majeur dans la démocratisation de la crypto et de la finance décentralisée. Un défi de taille, mais que Telegram semble armé pour relever haut la main.
