Imaginez un monde où devenir actionnaire d’une entreprise suisse prendrait moins de cinq minutes, sans notaire, sans paperasse interminable, et avec une sécurité garantie par la loi helvétique et la blockchain. Ce monde n’est plus une utopie : il vient de voir le jour à Genève.
SwissChain Holding SA, une holding discrète mais ambitieuse, vient d’annoncer une petite révolution : la tokenisation complète de ses bons de participation selon le cadre légal suisse sur la technologie des registres distribués (DLT). En clair ? Les traditionnels « bons de participation » suisses, ces titres qui permettent de détenir une partie du capital sans droit de vote, deviennent des actifs numériques natifs, transférables instantanément et traçables à 100 %.
Tokenisation des bons de participation : la Suisse passe à la vitesse supérieure
Depuis l’entrée en vigueur de la loi DLT en 2021, la Suisse s’est positionnée comme le laboratoire mondial de la finance blockchain. Mais jusqu’à présent, la plupart des projets concernaient des obligations, des parts de fonds ou des œuvres d’art. Tokeniser directement le capital d’une holding opérationnelle ? C’est une grande première.
SwissChain Holding ne s’est pas contentée d’un simple « proof of concept ». L’entreprise a inscrit l’ensemble de ses bons de participation sur une blockchain conforme à la législation suisse, rendant chaque titre divisible, transférable 24 h/24 et 7 j/7, tout en conservant la protection juridique du droit des sociétés helvétique.
« Notre approche est simple : rendre la finance transparente, structurée et accessible — à la manière suisse. »
Porte-parole de SwissChain Holding SA
Pourquoi tokeniser des bons de participation précisément ?
Les bons de participation suisses sont des instruments hybrides très appréciés des holdings familiales et des startups. Ils permettent de lever des fonds sans diluer les droits de vote, tout en offrant aux investisseurs une exposition économique directe. Problème : leur transfert est lent, coûteux et nécessite souvent un notaire.
En les tokenisant, SwissChain supprime ces frottements. Un investisseur basé à Singapour peut désormais acquérir une fraction de la holding en quelques clics, avec une certitude absolue sur l’authenticité du titre et sans attendre trois semaines l’inscription au registre du commerce.
Les avantages concrets de cette tokenisation
- Transfert instantané entre wallets compatibles
- Fractionnement possible (jusqu’à 8 décimales)
- Traçabilité complète et irrévocable
- Réduction drastique des coûts administratifs
- Accès mondial sans restriction géographique (hors restrictions réglementaires)
- Conservation de tous les droits économiques (dividendes, boni de liquidation, etc.)
Un écosystème « One-Stop Shop » pensé pour demain
SwissChain Holding n’est pas une simple coquille vide. Derrière la structure mère se cache un réseau de filiales spécialisées qui forment un véritable écosystème intégré :
- Une branche dédiée à la gestion de trésorerie en actifs numériques (Digital Assets Treasury)
- Une plateforme d’émission et de gestion de titres tokenisés
- Des services d’onboarding réglementé pour investisseurs qualifiés
- Un pont vers les marchés traditionnels et DeFi
L’objectif affiché ? Devenir le guichet unique suisse pour toute entreprise ou investisseur souhaitant passer à la finance digitale sans sacrifier la sécurité juridique.
La trésorerie d’actifs numériques : un modèle hybride gagnant
Un des points les plus intéressants du projet SwissChain est sa stratégie de trésorerie. La holding conserve une partie de ses liquidités en actifs traditionnels (CHF, obligations suisses) et une partie croissante en actifs numériques sélectionnés avec rigueur.
Ce modèle « DAT » (Digital Assets Treasury) permet de bénéficier de la stabilité du franc suisse tout en captant la croissance du secteur crypto. Une approche prudente qui rappelle celle adoptée par MicroStrategy ou Tesla, mais avec la rigueur réglementaire suisse en plus.
Qu’est-ce que cela change pour l’investisseur particulier ?
À ce stade, la communication de SwissChain reste prudente : aucun prospectus n’est publié et l’opération ne constitue pas une offre publique. Seuls les investisseurs déjà en contact avec la holding peuvent participer.
Cependant, plusieurs indices laissent penser que l’entreprise prépare une ouverture plus large dans les prochains mois :
- Mise en place d’un portail actionnaires sécurisé
- Partenariats annoncés avec des dépositaires suisses
- Préparation d’un marché secondaire réglementé
Si ces étapes se confirment, nous pourrions assister à la naissance du premier « Security Token » suisse grand public adossé à une holding opérationnelle diversifiée.
La Suisse, toujours leader de la finance blockchain
Cette annonce s’inscrit dans une série de premières mondiales réalisées par la Confédération :
- 2018 : première ICO régulée (Seba Bank)
- 2020 : première obligation tokenisée sur SIX Digital Exchange
- 2021 : entrée en vigueur de la loi DLT
- 2024 : première banque 100 % crypto avec licence FINMA (Amina Bank)
- 2025 : première holding à tokeniser son propre capital ?
Avec Zoug, Zurich et maintenant Genève, la Suisse continue de tracer la voie d’une finance hybride où tradition et innovation se complètent plutôt que s’opposent.
« Built from Legacy, Empowered for Tomorrow. »
Slogan officiel de SwissChain Holding
Et la concurrence dans tout ça ?
D’autres juridictions comme le Liechtenstein (avec sa loi TVTG) ou Singapour ont également des cadres favorables. Mais la Suisse conserve plusieurs atouts décisifs :
- Une réputation inégalée en matière de stabilité
- Un régulateur (FINMA) pragmatique et rapide
- Un écosystème bancaire prêt à intégrer la blockchain
- Une neutralité géopolitique précieuse en période d’incertitude
Résultat : même les projets les plus ambitieux (comme Libra/Diem à l’époque) ont souvent choisi la Suisse comme base arrière.
Vers une démocratisation de l’investissement tokenisé ?
La tokenisation des bons de participation par SwissChain pourrait faire office de catalyseur. Si l’expérience est concluante, d’autres holdings suisses pourraient suivre le mouvement, créant peu à peu un marché secondaire liquide pour les titres d’entreprises non cotées.
On pourrait alors imaginer un futur où n’importe quel particulier pourrait détenir une fraction d’une PME zurichoise, d’une startup genevoise ou d’une holding familiale grisonne, avec la même facilité qu’il achète du Bitcoin aujourd’hui.
Un futur où la finance privée devient enfin accessible, transparente et réellement mondiale — tout en restant ancrée dans le roc de la tradition suisse.
À suivre de très près.

