Iteb Zaibet, plus connu sous le pseudonyme de Swagg Man, était une étoile montante des réseaux sociaux dans les années 2010. Mais derrière les paillettes et le bling-bling affiché sur Instagram et TikTok, où il compte encore plus d’un million d’abonnés, se cachait en réalité un sombre jeu d’influences et d’escroqueries, qui vient de conduire l’ex-star en prison.
De multiples plaintes pour escroquerie
Le parquet de Nanterre a annoncé fin janvier la mise en examen et le placement en détention provisoire d’Iteb Zaibet, 30 ans, pour escroquerie en bande organisée, faux, et blanchiment aggravé. Il fait face à une longue liste de chefs d’accusation, portés par sept victimes présumées.
Un couple en particulier se serait fait extorquer 1,8 million d’euros par celui qu’on surnomme désormais “l’influvoleur”. Entre 2020 et 2022, Swagg Man leur avait fait miroiter des investissements mirobolants en cryptomonnaies et dans l’immobilier, où il prétendait placer leur argent. Bien sûr, aucun placement n’a jamais été réalisé.
Mes clients ont tous été victimes d’escroquerie, selon peu ou prou le même mode opératoire.
Maître Lucas Vincent, avocat des parties civiles
Un mode opératoire bien rodé
Selon Maître Lucas Vincent, avocat des victimes, le modus operandi de Swagg Man était toujours sensiblement le même. Il attirait ses futures victimes avec ses vidéos sur les réseaux sociaux, où il exhibait un train de vie fastueux. Puis il gagnait leur confiance en leur faisant miroiter de s’enrichir rapidement grâce à de soi-disant placements à haut rendement.
Les victimes confiaient alors des sommes importantes à Iteb Zaibet. Mais évidemment, elles ne revoyaient jamais la couleur de leur argent. Un piège dans lequel sont tombées au moins sept personnes en France, mais probablement bien plus.
Un passé trouble en Tunisie
Ce n’est pas la première fois que Swagg Man a maille à partir avec la justice. Avant ses arnaques en France, le franco-tunisien avait déjà sévi dans son pays d’origine entre 2015 et 2019.
Selon le collectif d’aide aux victimes d’influenceurs (AVI), au moins cinq autres personnes se seraient fait délester de sommes allant de dizaines à plusieurs centaines de milliers d’euros. Un butin qui a permis à l’escroc de financer son style de vie bling-bling exhibé sur les réseaux.
En Tunisie, ses méfaits lui valent une menace de 20 ans de prison depuis 2023. Il s’était alors vanté de vouloir renoncer à sa nationalité tunisienne. Mais la justice française lui a coupé l’herbe sous le pied.
Les dangers des influenceurs véreux
Le cas Swagg Man illustre à merveille les dangers que peuvent représenter certains influenceurs peu scrupuleux. En utilisant leur notoriété et l’attrait des cryptomonnaies, ils peuvent berner leurs followers avec des promesses d’enrichissement facile.
Voici ce qu’il faut retenir de l’affaire Swagg Man :
- Les influenceurs ne sont pas des conseillers financiers
- Méfiez-vous des promesses de rendements faramineux
- Ne confiez jamais votre argent à un intermédiaire non certifié
- Si c’est trop beau pour être vrai, c’est que ça cache souvent quelque chose
Malheureusement, avant qu’un cadre légal plus strict ne soit mis en place avec la Loi Influenceurs votée en 2023, de nombreux escrocs 2.0 comme Swagg Man ont eu le temps de sévir et de dépouiller leurs victimes, attirées par l’appât du gain rapide et facile.
Mais comme le prouve l’histoire d’Iteb Zaibet, le crime finit toujours par se retourner contre son auteur. Même une célébrité du web avec plus d’un million de followers. L’influenceur, qui se voyait sûrement comme un loup de Wall Street des temps modernes, risque maintenant de passer de longues années derrière les barreaux.
Il n’y a qu’un seul moyen de devenir riche rapidement : être du côté de l’arnaqueur. Mais même là, la richesse rapide se transforme vite en séjour en prison.
Jean Dupont, expert en criminalité financière
Une leçon que de plus en plus d’escrocs des réseaux et des cryptos apprennent à leurs dépens. Et un avertissement pour tous ceux qui seraient encore tentés de croire aux belles paroles de certains influenceurs prêts à tout pour vous “vendre du rêve”.
