Et si la Banque d’Angleterre, l’une des institutions financières les plus influentes au monde, décidait de mettre fin à son projet de monnaie numérique ? Cette question, qui aurait semblé improbable il y a quelques années, est aujourd’hui au cœur des débats. Alors que les stablecoins gagnent du terrain dans l’écosystème financier mondial, le projet de central bank digital currency (CBDC) britannique, souvent appelée la livre numérique, semble perdre de son éclat. Dans cet article, nous explorons pourquoi ce virage pourrait redéfinir l’avenir de la finance, les raisons derrière cette hésitation, et ce que cela signifie pour les utilisateurs et les investisseurs.

Stablecoins : Une Menace pour les Monnaies Numériques Centralisées ?

Les stablecoins, ces cryptomonnaies indexées sur des actifs stables comme le dollar ou l’euro, dominent aujourd’hui le paysage des actifs numériques. Leur promesse ? Offrir la stabilité des monnaies traditionnelles tout en bénéficiant de la rapidité et de la flexibilité de la blockchain. Mais ce succès fulgurant soulève des questions : les stablecoins rendent-ils les CBDC obsolètes ? La Banque d’Angleterre (BOE) semble le penser, au point de reconsidérer ses ambitions pour une livre numérique.

Pourquoi les stablecoins séduisent-ils autant ?

  • Stabilité : Leur valeur est ancrée à des actifs réels, réduisant la volatilité.
  • Accessibilité : Utilisables sur de nombreuses plateformes blockchain, ils facilitent les transactions transfrontalières.
  • Innovation : Ils permettent de nouvelles applications dans la finance décentralisée (DeFi).

Un Projet de Livre Numérique en Suspens

Il y a encore quelques années, la BOE voyait dans la livre numérique une opportunité de moderniser le système financier. Mais aujourd’hui, des sources internes suggèrent que l’institution pourrait mettre ce projet en pause. Pourquoi ce changement de cap ? La réponse réside dans l’évolution rapide du marché des cryptomonnaies et l’ascension des stablecoins, qui offrent des avantages similaires sans nécessiter une infrastructure centralisée coûteuse.

Je ne suis pas convaincu que nous ayons besoin de créer de nouvelles formes de monnaie.

Andrew Bailey, Gouverneur de la Banque d’Angleterre

Le gouverneur Andrew Bailey a exprimé publiquement ses doutes sur l’utilité d’une CBDC destinée aux particuliers. Selon lui, les efforts devraient plutôt se concentrer sur les tokenized deposits, des dépôts bancaires numérisés sur blockchain, qui pourraient combler le fossé entre finance traditionnelle et décentralisée. Cette approche, moins ambitieuse qu’une CBDC grand public, semble plus pragmatique pour la BOE.

Stablecoins : Une Opportunité et un Risque

Si les stablecoins séduisent par leur efficacité, ils ne sont pas sans risques. Andrew Bailey a récemment mis en garde contre leur domination potentielle, soulignant leur manque de garanties comparées aux dépôts bancaires traditionnels. Sans une régulation stricte, ces actifs pourraient déstabiliser l’économie mondiale, en particulier s’ils venaient à supplanter les monnaies fiat.

Les risques des stablecoins selon la BOE

  • Stabilité financière : Une adoption massive pourrait fragiliser les systèmes bancaires.
  • Régulation insuffisante : Les stablecoins échappent souvent aux cadres légaux traditionnels.
  • Concurrence avec le fiat : Ils pourraient menacer la souveraineté monétaire des États.

Pourtant, la BOE n’est pas prête à rejeter complètement les stablecoins. Elle explore des moyens de les intégrer dans un cadre régulé, tout en restant prudente face à leur adoption massive. Cette approche contraste avec celle d’autres pays, comme les États-Unis, où l’administration a stoppé net les travaux sur une CBDC, ou la Corée du Sud, qui privilégie désormais les stablecoins adossés à sa monnaie nationale.

Pourquoi les CBDC Perdent du Terrain

Les CBDC, bien qu’attrayantes sur le papier, se heurtent à plusieurs obstacles. Leur développement exige des investissements massifs, une coordination internationale, et une acceptation par le public, souvent réticent à l’idée d’une monnaie centralisée surveillée par l’État. En comparaison, les stablecoins, portés par des entreprises privées, évoluent plus rapidement et s’intègrent déjà dans des écosystèmes comme la DeFi.

Les stablecoins pourraient menacer la nature même de la monnaie si elles ne sont pas régulées.

Andrew Bailey

La recherche interne de la BOE montre que les avantages d’une CBDC s’amenuisent face à l’innovation rapide du secteur privé. De plus, les priorités des hauts responsables semblent avoir changé, avec moins d’engagement dans les comités dédiés à la livre numérique. Ce désintérêt reflète une prise de conscience : les stablecoins, bien que risqués, répondent déjà à de nombreux besoins que les CBDC ambitionnaient de couvrir.

Un Avenir Hybride pour la Finance ?

Face à ce constat, la BOE explore des solutions hybrides, comme les tokenized deposits. Ces derniers permettent aux banques de numériser leurs dépôts sur une blockchain, offrant ainsi une alternative aux CBDC tout en préservant le contrôle des institutions financières. Cette approche pourrait séduire les investisseurs et les entreprises, tout en évitant les écueils d’une CBDC grand public.

Avantages des tokenized deposits

  • Intégration avec la finance traditionnelle.
  • Utilisation de la blockchain pour plus d’efficacité.
  • Moins de risques systémiques que les stablecoins non régulés.

Cette stratégie illustre une volonté de s’adapter à l’évolution rapide du marché. Plutôt que de lancer une CBDC coûteuse et incertaine, la BOE semble préférer soutenir des innovations qui s’appuient sur les infrastructures existantes tout en intégrant les avantages de la blockchain.

Un Tournant Mondial

La décision de la BOE n’est pas un cas isolé. D’autres pays, comme les États-Unis et la Corée du Sud, ont également freiné leurs projets de CBDC. Aux États-Unis, des préoccupations similaires à celles de la BOE, notamment sur la stabilité financière, ont conduit à un arrêt des travaux. En Corée du Sud, les régulateurs misent sur des stablecoins adossés au won, une approche qui pourrait inspirer d’autres nations.

Le monde de la finance évolue plus vite que les projets des banques centrales.

Un analyste anonyme

Ce virage mondial suggère que les stablecoins, malgré leurs risques, pourraient devenir un pilier de la finance numérique. Leur adoption massive par les entreprises et les particuliers force les institutions à repenser leurs stratégies. La question n’est plus de savoir si les stablecoins s’imposeront, mais comment les intégrer de manière sûre et efficace.

Que Retenir de ce Changement ?

La possible suspension du projet de livre numérique par la BOE marque un tournant dans la course aux monnaies numériques. Voici les points clés à retenir :

Récapitulatif des enjeux

  • Les stablecoins dominent grâce à leur stabilité et leur flexibilité.
  • La BOE doute de l’utilité d’une CBDC grand public.
  • Les tokenized deposits pourraient être une alternative viable.
  • Une régulation stricte des stablecoins est nécessaire pour éviter les risques systémiques.

En conclusion, l’avenir de la finance numérique semble s’orienter vers un équilibre entre innovation privée et contrôle étatique. Les stablecoins, bien que prometteurs, devront être encadrés pour éviter de déstabiliser l’économie. Quant à la livre numérique, son abandon potentiel pourrait marquer la fin d’une ère et le début d’une nouvelle approche, plus pragmatique et collaborative, pour intégrer la blockchain dans la finance mondiale.

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