Imaginez un monde où votre créativité pourrait être bridée à tout moment, où vos transactions pourraient être gelées sur un coup de tête. C’est le cauchemar que semble promettre Soneium, la blockchain de Sony qui vient de faire son entrée fracassante dans l’univers des cryptomonnaies. Alors que le géant japonais vante les mérites de sa solution layer 2 bâtie sur Ethereum, censée révolutionner l’engagement des fans et démocratiser le web3, la communauté crypto, elle, crie au scandale. Au cœur de la polémique : les fonctionnalités de censure de Soneium, jugées liberticides et contraires à l’esprit de décentralisation qui anime l’écosystème des cryptomonnaies.

Soneium, le cheval de Troie de Sony dans la crypto ?

Soneium se présente comme une plateforme blockchain révolutionnaire, conçue pour “libérer de nouvelles possibilités, améliorer l’engagement des fans et exploiter le potentiel transformateur de la technologie web3”, dixit l’annonce de lancement de son mainnet le 14 janvier. S’appuyant sur la stack OP de la Fondation Optimism, ce réseau de seconde couche promet de faciliter l’accès au web3 pour le grand public, tout en offrant aux créateurs de nouveaux outils pour interagir avec leurs communautés.

Sony compte notamment intégrer ses divisions de divertissement (Sony Pictures, Sony Music, Sony Music Publishing) pour proposer aux fans des expériences inédites autour de NFTs et de contenus exclusifs. Le but affiché : renforcer les liens entre artistes et audiences, tout en promouvant un partage plus équitable des revenus. Un horizon alléchant, en apparence.

La communauté crypto voit rouge

Mais derrière les promesses, c’est un véritable tollé qui a éclaté au sein de la communauté crypto. De nombreux développeurs, utilisateurs et observateurs ont exprimé leurs vives inquiétudes quant à l’approche de Soneium en matière de protection de la propriété intellectuelle et de restrictions d’activités sur la blockchain.

Ignas, cofondateur du studio DeFi Pink Brains, a ainsi souligné dans un tweet que “les incitations des L2 corporatives actuelles diffèrent de celles d’Ethereum et ne s’aligneront probablement jamais sur les valeurs d’équité et de décentralisation de la blockchain principale.” Une critique frontale des velléités de contrôle de Sony sur Soneium.

L’indignation se cristallise autour de plusieurs points :

  • Soneium peut blacklister des adresses suspectées d’enfreindre des droits de propriété intellectuelle
  • Les contrats concernés se retrouvent fortement limités (accès RPC coupé, invisibilité sur les explorateurs)
  • Ces mesures, bien que réversibles, sont jugées anti-décentralisation
  • Sony est accusé de vouloir garder la main sur les contenus et transactions, au mépris des valeurs cryptos

Sony tente de calmer le jeu

Face à la bronca, les équipes de Soneium se sont fendu d’un message sur Twitter pour tenter d’apaiser les esprits et réaffirmer leur “engagement à protéger les IPs des créateurs et leurs droits on-chain, tout en maintenant l’esprit décentralisateur”. Un argument qui n’a visiblement pas convaincu, à en juger par les innombrables réponses négatives.

Sota Watanabe, le directeur de Soneium, a pour sa part suggéré que “les L2 sont la réponse pour protéger les droits des créateurs contre les infractions IP tout en conservant la résistance à la censure d’Ethereum”, sans toutefois apporter plus de détails sur comment cet équilibre serait assuré.

Sony peut bien essayer de censurer au niveau RPC, mais il ne peut pas empêcher les utilisateurs de forcer les transactions via L1.

Gautham Santhosh, Polynomial

L’inévitable contournement des restrictions ?

D’autres observateurs ont souligné que malgré les limitations introduites par Soneium, il existait toujours des options pour contourner la censure, notamment en interagissant directement avec le mainnet d’Ethereum. Gautham Santhosh, fondateur du réseau de dérivés Polynomial, a ainsi noté que “le design de la stack OP force chaque L2 à hériter des garanties de sécurité d’Ethereum”, rendant caduque toute tentative de contrôle par Sony.

Vers une blockchain à deux vitesses ?

Au-delà des débats techniques, c’est bien la philosophie même des blockchains publiques qui est questionnée par l’arrivée de géants comme Sony. Entre la nécessité de protéger la propriété intellectuelle des créateurs et le désir d’un cyberespace totalement libre et décentralisé, le fossé semble se creuser inexorablement.

D’un côté, des acteurs mainstream soucieux de préserver leurs intérêts et leur mainmise sur les contenus au risque de dénaturer l’esprit originel de la crypto. De l’autre, une communauté attachée à l’idéal cypherpunk, réfractaire à toute forme de contrôle centralisé. Entre les deux, un gouffre que même les meilleures intentions de Soneium auront du mal à combler.

Le lancement chaotique de Soneium soulève ainsi des questions cruciales sur la direction que prendra le web3 à l’avenir. Entre ouverture et fermeture, liberté et régulation, le chemin s’annonce semé d’embuches. Mais une chose est sûre : la communauté crypto veillera au grain pour préserver l’essence décentralisatrice qui fait sa force et son attrait. Quitte à livrer une bataille sans merci contre les velléités hégémoniques des géants de la tech.

À suivre, donc, car cette affaire est loin d’avoir livré tous ses rebondissements. Une chose est certaine, cependant : avec Soneium, Sony a peut-être ouvert la boîte de Pandore d’une blockchain à deux vitesses, où le contrôle l’emporterait sur la liberté. Un scénario cauchemardesque pour tous les défenseurs de la décentralisation.

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