Le monde de la finance traditionnelle et celui des crypto-monnaies sont sur le point de converger en Australie. En effet, la bourse australienne (ASX) s’apprête à lister son tout premier ETF (exchange-traded fund) Bitcoin au comptant. Une première historique qui suscite des réactions mitigées, oscillant entre prudence et enthousiasme.

Un pas de géant pour les crypto-monnaies en Australie

L’arrivée d’un ETF Bitcoin sur l’ASX représente indéniablement une étape majeure pour l’adoption des crypto-monnaies en Australie. Cela permettra aux investisseurs institutionnels et particuliers d’obtenir une exposition au Bitcoin de façon simple et régulée, sans avoir à gérer directement des wallets et plateformes d’échange crypto.

Concrètement, l’ETF en question sera géré par Monochrome Asset Management et répliquera directement le cours du Bitcoin. Chaque part sera adossée à une certaine quantité de BTC, détenus par un dépositaire tiers. C’est donc un produit financier à part entière, côté en bourse comme n’importe quelle action.

Un accès facilité pour démocratiser le Bitcoin

Pour beaucoup, le lancement de cet ETF Bitcoin est vu comme une formidable opportunité de démocratiser l’accès aux crypto-monnaies. Finis les procédures d’enregistrement sur des exchanges crypto, les seed phrases à sécuriser ou encore l’imposition des plus-values à calculer soi-même. Avec un ETF, investir dans le Bitcoin devient aussi simple qu’acheter une action en bourse.

Les ETF permettent d’obtenir une exposition au Bitcoin de façon simple et régulée, sans gérer directement des wallets crypto.

C’est d’ailleurs tout l’objectif affiché par les émetteurs d’ETF comme Monochrome ou Digital X, qui prévoient de lister prochainement leurs produits sur l’ASX. Selon Lisa Wade, CEO de Digital X :

Nous sommes très avancés dans le processus de cotation de notre ETF Bitcoin, en collaboration étroite avec l’ASX pour obtenir les approbations nécessaires.

Digital X envisage même de lancer par la suite un ETF répliquant l’Ethereum, sur le modèle de ce qui se fait déjà aux États-Unis. L’engouement des émetteurs est donc palpable.

Des risques pointés du doigt par les régulateurs

Du côté des régulateurs en revanche, on appelle à la plus grande prudence. Pour l’Australian Securities and Investments Commission (ASIC), les crypto-monnaies restent des actifs risqués et spéculatifs, qui n’ont pas leur place dans le portefeuille de la plupart des gens. Un porte-parole de l’ASIC a déclaré :

L’ASIC a averti à maintes reprises les investisseurs que les crypto-monnaies sont risquées, intrinsèquement volatiles et complexes.

Selon le gendarme boursier australien, les particuliers ne devraient investir dans les crypto-monnaies que les sommes qu’ils sont prêts à perdre. Un conseil valable même avec des produits régulés comme les ETF.

Ce que pensent les analystes des ETF Bitcoin :

  • La demande devrait monter progressivement, sans déferlement initial
  • La volatilité extrême du Bitcoin reste un frein pour beaucoup
  • Peu de conseillers financiers sont à l’aise avec les crypto-monnaies

Un accueil en demi-teinte de la part du secteur financier

Du côté des professionnels de la finance, les avis sont également partagés. Si certains y voient une formidable opportunité de diversification, d’autres pointent les dangers d’un actif aussi volatile et spéculatif que le Bitcoin.

Pour Megan Stals, analyste de marché, le lancement d’ETF Bitcoin en Australie s’accompagne de beaucoup d’incertitudes. Elle s’attend à une demande progressive plutôt qu’à un raz-de-marée, d’autant que les investisseurs australiens avaient déjà accès à ce type de produits sur des bourses étrangères.

Simon Barnett, conseiller financier chez Morgan Financial, appelle quant à lui ses clients à la plus grande prudence. Il souligne que la volatilité du Bitcoin est sans commune mesure avec celle des actifs traditionnels, et que toute exposition doit être mûrement réfléchie.

Investir dans les crypto-monnaies ne devrait concerner que les sommes que l’on est prêt à perdre.

Un porte-parole de l’ASIC

Un son de cloche similaire du côté de Sharon Goodwin, conseillère chez 123 Financial Group. Les crypto-monnaies ne figurent pas sur la liste des produits approuvés par son cabinet, qui interdit à ses équipes d’aborder le sujet avec les clients. Goodwin reconnaît que certains clients amènent le sujet sur la table, mais cela reste anecdotique et considéré comme de “l’argent factice”.

Vers une démocratisation progressive et raisonnée

Malgré ces réticences, force est de constater que les crypto-monnaies font peu à peu leur entrée dans la finance traditionnelle. Le lancement d’ETF Bitcoin sur des places boursières majeures comme l’ASX est un signal fort, qui devrait contribuer à “normaliser” cette classe d’actifs aux yeux du grand public et des investisseurs institutionnels.

Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une ruée vers l’or numérique du jour au lendemain. La démocratisation des crypto-monnaies via des produits financiers régulés sera progressive et, espérons-le, raisonnée.

Les régulateurs comme l’ASIC ont un rôle crucial à jouer pour encadrer cette transition et protéger les épargnants. Des mises en garde comme celles émises en amont du lancement du premier ETF Bitcoin australien sont plus que jamais nécessaires pour sensibiliser le public aux risques inhérents à ces actifs novateurs mais volatiles.

L’avenir nous dira si les ETF crypto réussiront à trouver leur public en Australie et ailleurs. Une chose est sûre : ils marquent une nouvelle étape dans la convergence entre la finance traditionnelle et décentralisée. À nous d’en tirer le meilleur en gardant raison.

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