Imaginez un monde où vos paiements quotidiens ne laissent aucune trace exploitable par une banque, un gouvernement ou une grande entreprise. Un monde où l’inflation à trois chiffres ou les restrictions de change ne vous empêchent plus de protéger votre famille. Ce monde n’est pas une utopie libertarienne : il existe déjà en 2025, et il s’appelle Monero, Zcash ou Dash, et il bat surtout son plein là où on l’attendait le moins.
Le dernier rapport de MEXC Research vient de tomber comme une petite bombe : 81 % du volume mondial des privacy coins provient désormais du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), de la Communauté des États Indépendants (CEI) et de l’Asie du Sud-Est. Autrement dit, le Sud Global a décidé de reprendre la main sur sa vie financière.
2025, l’année où la privacy est devenue une nécessité vitale
Pendant que l’Occident débat encore de la « transparence obligatoire » et du FATF Travel Rule, des millions de personnes en Turquie, en Iran, en Russie, au Vietnam ou en Indonésie ont déjà tranché. Pour eux, la confidentialité n’est pas un luxe idéologique : c’est une question de survie.
Hyper-inflation, gels de comptes bancaires, sanctions internationales, contrôle des capitaux… Tous ces phénomènes ont un point commun : ils rendent les stablecoins « transparents » comme USDT ou USDC de plus en plus risqués. Résultat ? Un transfert massif vers les actifs qui garantissent l’anonymat réel.
« Les privacy tokens évoluent en une couche financière parallèle qui restaure la promesse originelle des cryptos : remettre la vie privée au centre. »
Vugar Usi, COO de MEXC
Les chiffres qui ne mentent pas
Le secteur des privacy coins a progressé de 335 % depuis janvier 2025, alors que le marché crypto global n’a gagné « que » 20 %. Sa capitalisation a dépassé les 34 milliards de dollars en novembre, le plaçant presque au niveau des memecoins ou des Real World Assets.
Les chiffres clés du rapport MEXC 2025 :
- 81 % du volume mondial vient du MENA, CEI et Asie du Sud-Est
- Monero (XMR) représente 93 % du volume total et 72 % des utilisateurs
- DASH : +2 621 % de volume au T4 2025
- ZEC : +4 205 % sur la même période
- 1 trader privacy sur 5 arrive directement depuis USDT/USDC
- Activité institutionnelle en privacy coins : +210 % au T4
- MENA = 11 % des transactions institutionnelles XMR/ZEC (contre 2 % en Asie du Sud-Est)
Monero, le roi incontesté (et incontestable)
Monero reste la référence absolue. Grâce à ses ring signatures, stealth addresses et RingCT, il offre un niveau d’anonymat que personne n’a réussi à égaler durablement. En 2025, XMR trust toujours 93 % du volume total des privacy coins. C’est plus qu’une domination : c’est une hégémonie.
Mais ce qui impressionne encore plus, c’est la croissance des « petits » : DASH et Zcash ont littéralement explosé au dernier trimestre. Des hausses à quatre chiffres qui rappellent les grandes heures de 2017, mais cette fois-ci portées par des besoins réels et non par la spéculation pure.
Pourquoi le Sud Global dit non à la transparence forcée
En Turquie, l’inflation dépasse encore les 60 % par an. En Argentine, elle frôle les 300 %. Au Nigeria, le naira a perdu 70 % de sa valeur en deux ans. Dans ces conditions, garder ses économies en stablecoins traçables devient un jeu dangereux : un simple gel de compte sur une plateforme centralisée et tout disparaît.
Les privacy coins offrent une alternative radicale : vous contrôlez vos clés, personne ne peut geler vos fonds, et personne ne sait combien vous possédez. C’est la définition même de la liberté financière que Satoshi promettait en 2009.
La fuite des stablecoins vers la privacy
Le phénomène le plus fascinant du rapport : 20 % des acheteurs de privacy coins arrivent directement depuis USDT ou USDC. Ils convertissent leurs dollars numériques « propres » en actifs intraçables. Pourquoi ? Parce que les régulateurs resserrent l’étau.
Le FATF Travel Rule s’étend, les exchanges américains et européens exigent de plus en plus de KYC, et même Tether commence à bloquer certaines adresses sous pression gouvernementale. Face à cela, la réponse est simple : passer à Monero avant qu’il ne soit trop tard.
Les institutions entrent discrètement dans la danse
On pourrait croire que les privacy coins restent l’apanage des particuliers. Erreur. L’activité institutionnelle a bondi de 210 % au quatrième trimestre. Et devinez quelle région mène la charge ? Le MENA, avec 11 % des gros transfers XMR/ZEC institutionnels.
Des family offices émiratis, des fonds souverains du Golfe, des entreprises russes contournant les sanctions… Tous cherchent la même chose : protéger leurs capitaux sans laisser de trace exploitable par Washington ou Bruxelles.
Et l’Occident dans tout ça ?
L’Europe et les États-Unis ne représentent plus que 19 % du volume mondial. Les exchanges comme Kraken ou Coinbase ont delisté Monero sous pression réglementaire. Résultat : les utilisateurs occidentaux qui veulent de la vraie privacy doivent passer par des plateformes non-KYC ou des DEX, ce qui freine l’adoption de masse.
Pendant ce temps, MEXC, Bybit, KuCoin ou Gate.io (tous très présents dans les régions concernées) trust des volumes records. La géographie de la privacy s’est inversée en quelques années seulement.
Vers une dé-dollarisation silencieuse ?
Le rapport MEXC mentionne également l’écosystème TON (Telegram Open Network) comme catalyseur. Des millions d’utilisateurs en Russie, en Iran ou en Asie du Sud-Est utilisent déjà des bots Telegram pour échanger directement en XMR ou DASH sans passer par un exchange centralisé.
Cette combinaison privacy + messagerie chiffrée + paiement instantané crée un réseau financier parallèle qui échappe totalement au système SWIFT et aux sanctions. On est très loin du simple « darknet money » que certains veulent encore y voir.
Que nous réserve 2026 ?
Tout porte à croire que la tendance va s’accélérer. Les nouvelles versions de Monero (avec Full-Chain Membership Proofs en test) promettent encore plus de légèreté et d’anonymat. Zcash prépare le passage à Proof-of-Stake tout en gardant ses zero-knowledge proofs. Même Dash, souvent oublié, revient en force avec son évolution vers les masternodes privacy.
Et surtout, tant que l’inflation, les sanctions et les contrôles de capitaux existeront, la demande pour des actifs vraiment intraçables ne fera qu’augmenter.
« Ce n’est pas un cycle de marché. C’est une réalité macro-économique. »
MEXC Research, décembre 2025
En résumé, 2025 n’est pas seulement l’année du retour des privacy coins. C’est l’année où une grande partie de l’humanité a repris le contrôle de son argent, loin des regards indiscrets et des bureaucraties oppressives. Et quelque chose nous dit que ce n’est que le début.
Le futur de la finance ne sera pas forcément transparent. Il sera peut-être juste… privé.
