Il n’y a pas d’âge pour basculer du côté obscur. David Kagel, 85 ans, vient de nous le prouver. Cet ancien avocat californien a plaidé coupable pour son rôle clé dans un schéma de Ponzi crypto ayant floué les investisseurs de 9,5 millions de dollars. Une affaire qui illustre une fois de plus les dérives auxquelles peuvent mener l’appât du gain et le manque de régulation du secteur.
De la justice au crime en col blanc
Ironie du sort, c’est en abusant de son statut d’homme de loi que David Kagel a pu orchestrer cette vaste escroquerie. Admis au barreau de Californie en 1974, il n’en était pourtant pas à son coup d’essai en matière de dérive éthique :
- En 1988, il avait déjà été suspendu pour fausses déclarations à la SEC
- En 2009, il était accusé de mauvaise gestion des fonds clients et d’émission de chèques sans provision
- En avril 2023, ces infractions répétées lui ont valu d’être radié du barreau
C’est donc en toute impunité que Kagel, épaulé d’un complice, a pu mettre au point son stratagème frauduleux. Son arme fatale ? La promesse de rendements mirobolants grâce à un bot de trading dopé à l’Intelligence Artificielle. Un leurre imparable pour appâter les investisseurs naïfs, à l’heure où l’IA fascine et où la quête du profit facile fait rage.
Un habile tour de passe-passe
Le modus operandi de David Kagel était aussi efficace que malhonnête. Il a utilisé son titre d’avocat comme gage de confiance pour faire miroiter des placements crypto très lucratifs et sans risque. Pour donner plus de crédibilité à son offre, il a même prétendu détenir 11 millions de dollars en bitcoins, ce qui aurait permis de garantir les mises de ses clients. Une allégation totalement fausse, accréditée par des documents factices à l’en-tête de son ancien cabinet.
Résultat, l’argent récolté auprès des investisseurs n’a jamais été réellement placé sur les marchés. Il a simplement servi à financer le train de vie fastueux de Kagel et de son acolyte. Un tour de bonneteau que n’aurait pas renié Charles Ponzi lui-même, dont la combine pyramidale reste tristement célèbre un siècle après les faits.
La chute inéluctable
Comme tous les schémas de Ponzi, celui imaginé par l’octogénaire californien était voué à s’effondrer. En reconnaissant les faits, Kagel risque désormais jusqu’à 5 ans derrière les barreaux. Une peine justifiée selon le procureur adjoint Nicole M. Argentieri :
David Kagel a abusé de sa position d’avocat pour gagner la confiance des investisseurs et endosser des déclarations fausses. Kagel et ses complices ont escroqué leurs victimes à hauteur de millions de dollars et ont utilisé l’argent pour remplir leurs propres poches.
D’autres protagonistes de cette sombre affaire, notamment des commerciaux ayant participé au recrutement des pigeons, devront aussi répondre de leurs actes prochainement devant la justice.
Méfiance et diligence, maîtres mots des investisseurs crypto
Au-delà du caractère rocambolesque de cette affaire, l’escroquerie montée par David Kagel est symptomatique des dangers qui guettent les investisseurs en cryptomonnaies. Dans un écosystème encore peu mature et insuffisamment régulé, les escrocs de tout poil ont le champ libre pour sévir, abusant de la crédulité et de l’avidité de leurs victimes.
Face à ce fléau, la clé reste la vigilance. Plutôt que de céder aux sirènes des rendements irréalistes sans risque, mieux vaut prendre le temps de la réflexion. Quelques réflexes simples permettent de se prémunir de bien des déboires :
- Vérifier les antécédents et la crédibilité des porteurs de projet
- Fuir les promesses de gains mirobolants et garantis
- Diversifier son portefeuille pour limiter les risques
- Privilégier les plateformes régulées et auditées
En appliquant ces principes de bon sens, les investisseurs crypto pourront naviguer plus sereinement dans cet écosystème foisonnant et prometteur, sans crainte de voir leurs économies englouties par un énième Ponzi. Car n’en déplaise aux avocats marrons et aux aigrefins de la finance décentralisée, la meilleure stratégie reste encore celle de l’information et de la prudence. À bon entendeur…
