Le mastodonte des stablecoins Tether est une nouvelle fois dans la tourmente. Avec une capitalisation dépassant les 100 milliards de dollars, l’USDT règne en maître sur ce marché. Mais ce succès s’accompagne de questionnements récurrents sur son modèle et sa solvabilité. Les dernières accusations en date émanent de l’association de consommateurs américaine Consumer Research.
Consumer Research part en croisade contre Tether
Fondée en 1929, Consumer Research se veut le défenseur des intérêts des consommateurs outre-Atlantique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’association n’y est pas allée de main morte contre Tether. Spot TV, affichage, site web dédié…une campagne à plusieurs millions de dollars pour tirer la sonnette d’alarme sur les pratiques de l’entreprise.
Un spot choc assimilant Tether à FTX
Le spot télévisé réalisé par Consumer Research est particulièrement virulent. Ciblant directement Tether, il affirme sans détour : « Tether sera-t-il le prochain FTX ? » Une référence claire à l’exchange crypto qui a fait faillite en 2022 suite aux malversations de son fondateur Sam Bankman-Fried. L’analogie est lourde de sens.
Un manque de transparence pointé du doigt
Ce que reproche principalement Consumer Research à Tether, c’est son opacité. Will Hild, responsable de l’association, enfonce le clou :
Nous mettons en lumière les pratiques commerciales suspectes de Tether, notamment le refus d’effectuer un audit pendant une décennie et l’utilisation systématique du produit par des terroristes et des trafiquants de drogue et d’êtres humains.
Will Hild, Consumer Research
La crainte d’une réserve fractionnaire
Le nerf de la guerre, ce sont les réserves détenues par Tether pour garantir chaque USDT émis. Depuis des années, beaucoup soupçonnent l’entreprise de pratiquer une réserve fractionnaire, c’est-à-dire de ne pas détenir suffisamment d’actifs pour couvrir l’ensemble des jetons en circulation. Un scénario catastrophe en cas de retraits massifs.
Tether dans le viseur des régulateurs
Les ennuis judiciaires ne datent pas d’hier pour Tether. Dès 2018, l’entreprise rompait les ponts avec son auditeur. En 2019, le procureur de New York l’accusait, avec son partenaire Bitfinex, d’un trou de 850 millions de dollars dans ses comptes. Des accusations balayées par Tether, qui affirme avoir toujours honoré les retraits.
Tether montre (un peu) patte blanche
Face à la pression, Tether a dû jouer la carte de la transparence ces derniers mois. L’entreprise a ainsi dévoilé la composition de ses réserves : du cash, des équivalents et même du Bitcoin. Une manière de rassurer sur sa solidité financière. Mais visiblement, cela n’a pas convaincu Consumer Research.
Une défiance qui dure malgré tout
Malgré ses efforts, Tether traîne comme un boulet les soupçons d’insolvabilité. Le FUD (Fear, Uncertainty and Doubt) a la dent dure. Il faut dire que dans un secteur aussi volatile et spéculatif que les cryptos, la réputation est cruciale. Et celle de Tether est durablement écornée par ces polémiques à répétition.
Alors, Tether est-il vraiment au bord du gouffre comme l’affirme Consumer Research ? Ou est-ce une entreprise attaquée de toute part qui peine à prouver sa bonne foi ? Une chose est sûre, être le leader incontesté d’un marché expose à un feu nourri de critiques. Tether en fait aujourd’hui les frais, au risque de déstabiliser toute l’industrie des cryptomonnaies.
